Le Maroc prône la mise en œuvre d'une stratégie multidimensionnelle pour faire face aux risques qui menacent la sécurité dans le monde, a indiqué le secrétaire général du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, M. Youssef Amrani, insistant sur la nécessité de prendre en compte en particulier la dimension régionale. Intervenant lors d'un séminaire organisé par l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) lundi à Doha, M. Amrani a également souligné que le Maroc estime que la concertation politique demeure nécessaire pour l'émergence d'un nouveau consensus stratégique. "Il est temps de passer d'une logique de confrontation à une logique de coopération", a-t-il dit, préconisant une "approche globale, intégrée et coordonnée, à même d'aider à faire face collectivement aux menaces sécuritaires". Expliquant l'aspect multidimensionnel pour lequel il plaide, M. Amrani a évoqué non seulement les problèmes liés au terrorisme et aux conflits régionaux, mais aussi ceux relevant de la lutte anti-drogue, de la piraterie, de la sécurité alimentaire, de la protection de l'environnement ou encore de la cyber-criminalité. Quant à la dimension régionale, il en a fait ressortir l'importance en soulignant que si l'OTAN veut assurer la sécurité de l'espace euro-atlantique, il devrait aujourd'hui élargir sa zone d'influence. "Alors que cette sécurité passe par la sécurité en Méditerranée, et que cette dernière passe elle-même par la sécurité en Afrique du Nord, le cercle de solidarité devrait s'étendre jusqu'aux régions sahélo-saharienne et ouest-africaine", a plaidé M. Amrani. Il a ensuite souligné la spécificité de chaque région en s'appuyant notamment sur les exemples de l'Atlantique sud, du conflit du Proche Orient et du Dialogue Méditerranéen. Rappelant la première réunion ministérielle des Etats africains bordant l'Atlantique organisée par le Maroc en août 2009, M. Amrani a indiqué qu'elle a permis la mise en place d'une plate forme visant à formuler des solutions pour les nombreux problèmes socio-économiques, environnementaux et sécuritaires qui concernent cette zone. Dans ce contexte, les problèmes de narco-trafic et de piraterie menacent la stabilité et la souveraineté de certains pays d'Afrique et d'Amérique latine, a-t-il déploré. Parlant de la question du Proche Orient, M. Amrani a affirmé qu'elle demeure centrale pour la sécurité en Méditerranée. "Aussi est-il important que le partenaire manquant au Dialogue Méditerranéen, à savoir l'Autorité palestinienne, puisse enfin y être impliquée", a dit l'intervenant. La mobilisation internationale, a-t-il ajouté, est aujourd'hui plus que jamais nécessaire pour asseoir la légalité internationale au Proche Orient, en garantissant le droit du peuple palestinien à un Etat viable avec Al Qods comme capitale et le retrait d'Israël des territoires occupés en 1967. Quant au Dialogue Méditerranéen, M. Amrani est d'avis qu'il devrait être promu en un réel "Partenariat Méditerranéen" avec même une Déclaration politique qui en définit, avec un souci d'équilibre, les aspects politiques et opérationnels. L'OTAN devrait davantage impliquer le Dialogue Méditerranéen dans ses processus de décision, a-t-il ainsi proposé. Enfin le secrétaire général du ministère des Affaires Etrangères a appelé pour davantage de synergie entre les différents intervenants, insistant sur la nécessité de construire progressivement une vision commune entre l'OTAN, les principaux acteurs de la sécurité et les pays directement concernés par la mise en Âœuvre des stratégies établies. Ce séminaire, qui a réuni des responsables et des experts de l'OTAN et de la région du Moyen Orient et Afrique du Nord, a traité du thème de la coopération dans le cadre de l'"Initiative d'Istanbul" (ICI). Lancée lors du sommet que l'Alliance avait tenu en Turquie en juin 2004, l'ICI vise à "contribuer à la sécurité à long terme aux niveaux mondial et régional par une offre de coopération pratique bilatérale entre les pays du Moyen-Orient élargi et l'OTAN dans le domaine de la sécurité".