La Médersa de Cherratine, l'un des joyaux du patrimoine culturel et architectural marocain, a rouvert récemment ses portes aux étudiants de l'école nationale d'Architecture (ENA) de Fès après des travaux de restauration qui ont mobilisé une enveloppe de 5 millions de dirhams. -Par Mohamed El Kansouri- Les étudiants de l'ENA revisiteront, dans un pavillon qui leur est réservé, les techniques de construction utilisées jadis par les maitres artisans et s'y initieront aux arts et métiers qui font la fierté du Maroc authentique. Edifiée sous le règne des Sultans Moulay Rachid et Moulay Ismail, la médersa Cherratine est devenue après sa dernière restauration un haut lieu de la culture et de la promotion du patrimoine architectural marocain, a indiqué à la MAP Mme Naima Lahbil Tajmouati, responsable d'«Euromed-héritage» au Maroc, un programme de l'Union européenne (UE) qui vise à mettre en valeur le patrimoine culturel dans les pays de voisinage de l'UE. Située au cœur de la médina, la médersa a été baptisée du nom de l'espace où officient les fabricants de cordage "Cherrite". Première réalisation à caractère culturel et scientifique sous la dynastie alaouite, la medersa était autrefois un centre d'hébergement pour les étudiants venus des contrées lointaines en quête des sciences et du savoir. La décoration intérieure du site est d'une splendeur inédite où plâtre, zellige et bois sculpté rivalisent de beauté. A l'intérieur de ce joyau architectural, il y a deux types d'inscriptions épigraphiques à la gloire des Sultans Moulay Rachid et Moulay Ismail. Avec ses 125 cellules réparties sur trois niveaux le long des galeries protégées des regards par des "moucharabieh", les dispositions architecturales de la medersa, notamment l'agencement des chambres autour de cours aux quatre coins de l'édifice rappellent certaines anciennes écoles du Caire. Son portail à deux battants recouverts de bronze ciselé donne accès, par un couloir couvert d'un plafond en bois sculpté et peint, à la cour centrale, entourée de galeries au rez-de-chaussée et à tous les étages. "Le style de ce patrimoine national se distingue par sa sobriété. Les spécialistes du patrimoine soulignent cette tempérance dans la décoration et le style des ornementations. Elle est différente des autres médersas notamment celles de la dynastie Mérinide au 14ème siècle", a expliqué Mme Tajmouati. Rouverte au public après sa restauration, la médersa Cherratine a également abrité une exposition inédite pour revaloriser le "Hammam" et sensibiliser au patrimoine culturel de cet espace historique. Organisée sous le thème "Porte cachée, trésor vivant", cette exposition s'inscrit dans le cadre du projet "Hammamed-Euromed Heritage", financé par l'Union Européenne (UE), avec le soutien de l'Agence de Dédensification et de Réaménagement (ADER-Fès) et l'ENA. L'exposition a remis au goût du jour les trésors cachés de la ville de Fès et a réconcilié le public avec le concept du hammam en tant que patrimoine culturel. Elle a également ravivé sa passion pour les monuments historiques qui font la richesse de la cité Idrisside.