Le projet de nouvelle Constitution constitue un tournant dans le processus de la liberté d'expression, d'opinion et de pensée, à la faveur de la volonté affichée de renforcer les pratiques démocratiques, a estimé le président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), Ahmed Ghazali. (Propos recueillis par Ibrahim El Jemli)
Dans un entretien accordé à la MAP, M. Ghazali a précisé que les dispositions prévues en la matière sont à même d'encourager la déontologie et d'asseoir un climat de confiance entre les entreprises de presse et l'Administration. Les établissements publiques se doivent, ainsi, de développer leur capacité communicationnelle et mettre les données nécessaires à la disposition du public, en harmonie avec les usages démocratiques, a-t-il poursuivi. Le président de la HACA a cité à ce propos l'article 27 du projet qui stipule: "les citoyennes et les citoyens ont le droit d'accéder à l'information détenue par l'administration publique, les institutions élues et les organismes investis d'une mission de service public". C'est une précision fondamentale compte tenu du fait que le droit à l'information est un des principaux piliers de l'Etat de droit, s'est-il réjoui. Ce texte apporte aussi "une couverture constitutionnelle" à la question de protection des sources d'information, a souligné Ghazali, notant que ces acquis seront confortés par la création de la Cour constitutionnelle, qui a été instituée par l'article 129 et qui ouvrira la voie au recours en cas de transgression dans ce domaine. Par ailleurs, M. Ghazali a souligné que la constitutionnalisation de la HACA traduit l'intérêt porté à la législation en matière d'audiovisuel en vue de garantir la diversité et la pluralité linguistique et culturelle. En plus des prérogatives contenues dans le dahir de création de la HACA, le nouveau texte stipule dans son article 165 que la Haute autorité de la communication audiovisuelle est une institution chargée de veiller au respect de l'expression pluraliste des courants d'opinion et de pensée et du droit à l'information, dans le domaine de l'audiovisuel et ce, dans le respect des valeurs civilisationnelles fondamentales et des lois du Royaume. Cet article engage la HACA à fournir les conditions institutionnelles et procédurales nécessaires pour remplir cette mission constitutionnelle, a poursuivi M. Ghazali. Il a rappelé que le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) a recommandé récemment la garantie du pluralisme d'expression des courants de pensée et d'opinion dans les médias audiovisuels pendant la période de la consultation référendaire de 2011. Le CSCA a appelé ainsi à ouvrir les programmes audiovisuels, pendant la période de la consultation référendaire, à tous les courants de pensée et d'opinion, ainsi qu'à tous les acteurs politiques, syndicaux, économiques, académiques, culturels et sociaux concernés, a-t-il ajouté. M. Ghazali a noté en conclusion que la constitutionnalisation de la HACA est de nature à consacrer mais aussi à renforcer ses acquis, faisant toutefois remarquer qu'il subsiste encore des contraintes dues à la complexité du paysage médiatique national et au manque de moyens logistiques et des ressources humaines. Le processus sera mené à son terme par la création de nouvelles chaînes de TV privées pour accompagner le projet de régionalisation avancée et la dynamique que vit la société marocaine, une dynamique que consolide le projet de nouvelle constitution, a-t-il souligné.