D'une grande richesse naturelle, les zones humides ont des fonctions écologiques fondamentales et sont d'une grande valeur économique, culturelle et scientifique. Au Maroc, connu pour son extrême diversité écologique, au niveau du bioclimat, de la végétation et de la faune, les régions humides, dont la journée mondiale est célébrée, mardi, sous le thème "Prendre soin des zones humides - une réponse au changement climatique", sont considérées comme vitales tant pour leurs ressources que pour leur valeurs écologiques et leur biodiversité. Ces écosystèmes sont relativement riches en espèces endémiques dans la mesure où ils constituent un lieu d'escale, d'hivernage et de reproduction de centaines de milliers d'oiseaux d'eau dont certains sont parmi les plus rares, voire globalement menacés tels le Goéland d'Audouin, la Sarcelle marbrée, le Tadorne casarca, le Fuligule nyroca, le Hibou du Cap, la Foulque à crête, etc... Carrefour des voies migratoires, les zones humides marocaines jouent un rôle prépondérant dans la migration des oiseaux du paléarctique occidental. Ainsi, le Détroit de Gibraltar constitue, au nord, un raccourci marin emprunté par la plupart des populations ouest-européennes continentales, d'une part, et d'autre part, la marge océanique ouest-saharienne, riche en zones humides et au climat adouci par l'Atlantique correspond à l'un des rares couloirs de migration transsaharienne. Comparé aux autres pays maghrébins, le Maroc est le plus riche en zones humides, ses systèmes lacustres et lagunaires couvrent actuellement une superficie totale de plus de 200.000 ha, soit presque 0.3 pc de la superficie du pays. A ces systèmes, s'ajoutent près de 3.500 km de côte marine, sans compter le réseau fluvial qui se mesure en dizaines de milliers de kilomètres. Le Royaume compte, en effet, plus de 150 sites d'intérêt biologique et écologique (SIBE) dont 84 zones humides qui prennent la forme de plages sableuses, baies, îlots, systèmes estuariens, lagunes, lacs naturels permanents et temporaires, de marécages, d'eaux stagnantes et temporaires, lacs de barrages, eaux courantes, canaux de drainage et d'irrigation. Il s'agit notamment du site d'Aguelmam Sidi Ali - Tifounassine (Khénifra), de la Baie de Dakhla (Dakhla)et celle de Khnifiss (Tan Tan), du Cap des Trois Fourches (Nador), du complexe de Sidi Moussa-Walidia (Al-Jadida), du complexe du bas Loukkos (Larache), du Lac d'Afennourir (Ifrane), des Lacs Isly-Tislite (Errachidia), de Merjat Sidi Boughaba (Kénitra), Merja Zerga (Kénitra), Sebkha Bou Areg (Nador), Sebkha Zima (Safi). Depuis sa signature de la convention Ramsar sur les zones humides, le Maroc s'est doté d'un cadre institutionnel fort en créant un Comité national Ramsar qui regroupe tous les départements ministériels concernés, les instituts de recherche et les ONG reconnues dans le domaine et en mettant en place l'Unité focale nationale du Réseau Nord-africain des zones humides. Le pays a, également, engagé des actions concernant la conservation de la biodiversité des zones humides à travers la création du Centre Marocain pour les zones humides et la réalisation d'un inventaire qui vérifiera les critères d'inscription dans la liste Ramsar d'une vingtaine de zones humides qui s'étendent sur une superficie de 500.000 ha. Dans le cadre de la mise en oeuvre des plans stratégiques de la convention Ramsar, le Haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification a lancé plusieurs projets visant le renforcement des efforts de conservation de la biodiversité des zones humides et la promotion du développement durable local et participatif. Le Haut commissariat a veillé aussi à l'exécution du projet régional Medwet/Coast relatif à la conservation des écosystèmes littoraux et des zones humides qui englobe 5 zones humides méditerranéennes, à l'élaboration des plans d'aménagement de la zone humide de Larache et à l'actualisation de celui de Merja Zerga. Aujourd'hui, l'aboutissement de ces actions passe inévitablement par une adhésion des populations et l'implication effective et matérielle des différents partenaires, en particulier les collectivités locales. La sauvegarde et la préservation de cette richesse inestimable imposent, plus que jamais, l'adoption de mesures d'urgence basées sur une vision de développement durable permettant l'exploitation rationnelle des ressources forestières et la préservation des sites aux multiples fonctions écologiques et socio-économiques.