La décision ultime concernant le dossier du voile intégral (burqa) en France revient au président et au gouvernement, a souligné samedi le Premier ministre français François Fillon, qui a sollicité la veille l'avis de la plus haute juridiction administrative du pays, le Conseil de l'Etat, sur l'aspect juridique d'une loi interdisant le port de la burqa dans les services publics. S'exprimant devant le Conseil national de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP/majorité) à Paris, M. Fillon a indiqué que l'initiative de saisir le Conseil d'Etat est motivée par le souci de disposer du "maximum de garanties juridiques" pour une décision, une fois définis le périmètre et les modalités d'application de l'interdiction du voile intégral. Cette initiative intervient après qu'une mission parlementaire pluraliste ait préconisé mardi une loi l'interdisant dans les services publics, transports compris, une recommandation très controversée dans les milieux politiques et religieux en France. M. Fillon plaide pour une interdiction "la plus large et la plus effective possible", partant de la conviction du gouvernement français que le port du voile intégral, "signe d'un repli communautariste", n'est pas acceptable dans le pays. Si le principe d'une résolution était acquis, l'idée d'une loi ne faisait pas consensus au sein de la mission qui planchait sur ce dossier depuis six mois, aussi bien chez les membres du Parti socialiste (PS) qui se sont retirés des discussions que chez la majorité. Les socialistes craignent une stigmatisation des musulmans sur une pratique "marginale" qui ne concerne que près de 2.000 femmes dans l'ensemble de la France. De même, ils estiment que le débat sur le port de la burqa a été "pollué par celui sur l'identité nationale", lancé en fin 2009 par le ministre de l'immigration, Eric Besson. Chez les députés UMP dont le président du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, avait déposé une proposition de loi fin 2009 alors que la mission d'information planchait toujours sur cette question, on redoute qu'une telle loi soit censurée par le Conseil constitutionnel. Le chef du gouvernement a déploré "les tiraillements inacceptables" au sein de la majorité, critiquant implicitement l'attitude de Jean-François Copé. Les représentants des trois religions monothéistes sont unanimes contre l'idée d'une loi générale interdisant le voile intégral. Le débat sur ce sujet avait été lancé en 2009 par André Gerin, député du Parti communiste français (PCF) et maire de Vénissieux, une banlieue de Lyon (Centre) réputée pour être "terre d'expansion de la burqa". Ce même André Gerin devient plus tard président de la mission parlementaire où siègent 32 députés de gauche et de droite.