Une fois passée l'euphorie de la victoire significative de la sélection marocaine sur son homologue algérienne (4-0), samedi soir à Marrakech en match d'éliminatoires de la CAN-2012 de football, il serait impératif de s'arrêter sur les enseignements d'un match mémorable qui a, peut-être, livré la recette idéale pour une vraie relance des Lions de l'Atlas. -Par Ali Refouh- La valeur réelle de ce résultat très important vu les spécificités de ce derby maghrébin et la rivalité footballistique de longue date qui l'anime, réside dans le fait qu'elle est l'oeuvre de tous les Marocains, joueurs, membres du staff, organisateurs, responsables ou supporters réunis. Elle est également le fruit d'un état d'esprit qui a régné dans les milieux sportifs nationaux, fait d'une volonté de fer et d'une rage de vaincre incomparables. Les leçons techniques de ce duel ne sont pas également à négliger, puisque l'équipe nationale a fait preuve d'une extraordinaire souplesse tactique qui a déstabilisé son adversaire. + UN MATCH DE FOOT SE JOUE A 12. Le fait marquant de ce derby a été incontestablement l'enthousiasme incomparable du public marocain qui a brillé tant sur les gradins que dans les rues de la ville ocre, poussant sans relâche les joueurs vers une victoire amplement méritée et méritant la qualité de joueur numéro 12 avec les mentions "bravo", "grandiose" et "époustouflant". Ce soutien inconditionnel a offert son plus beau tableau au moment du déploiement du tifo tant attendu et qui représentait la devise nationale: Dieu, la Patrie, le Roi et une banderole où a été écrit "35 millions de Marocains derrière vous, rugissez". Un phénomène nouveau et très positif dans les matches de l'équipe marocaine et qui a fait sortir les ultras de leurs appartenances propres à des clubs pour les unifier pour une cause unique, pour la gloire des Lions de l'Atlas. Mais faut-il qu'il y ai une volonté de prendre sa revanche sportive sur un rival historique pour entourer un match de tant de frénésie et réunir les Marocains autour de leur sélection et la couleur nationale, dont l'amour est une constante du vrai patriotisme ? Est-il convenable de montrer son soutien à l'équipe nationale quand elle gagne, pour la lâcher dans ses mauvais jours, au moment où elle a le plus besoin de support ? L'état d'esprit qui a régné avant, pendant et après le match de samedi doit prévaloir lors des deux matches restants, sur la pelouse des Centrafricains et à domicile devant les Tanzaniens, voire pour tous les matches à venir, car les Lions de l'Atlas sont encore loin du compte par rapport à l'histoire qu'ils doivent honorer.
Et ce n'est pas une "simple" victoire dans un parcours si long qui va satisfaire un public avide des gloires d'antan. Toutes les prochaines sorties doivent être un Maroc-Algérie et cela induit un changement radical dans le regard que porte le large public marocain à son équipe nationale. Combien d'équipes s'en sont sorties fortes après des moments désespérés grâce aux supporters, dont la présence pesante constitue un important facteur mental du succès qui défie, par sa magie, tous les calculs tactiques et techniques. Les techniciens les plus chevronnés ne font-ils pas appels aux supporters pour leurs matchs décisifs ? Le tifo a été une idée brillante appelée à devenir une tradition. UNE EQUIPE CAMELON, LA RECETTE MIRACLE ? Pendant plusieurs années, l'équipe nationale était un livre ouvert pour ses adversaires. Il suffisait de quelques vidéos pour mettre à nue son style de jeu basé sur un football technique et une construction des offensives par le milieu de terrain, et détecter, ainsi, ses points faibles. Contre l'Algérie, Eric Gerets a surpris tant l'équipe adverse que les observateurs par un jeu variable et des dispositions tactiques souples qui se métamorphosaient en fonction des exigences du moment. D'un jeu à l'anglaise, basé sur les passes longues au fond de la zone adverse afin d'inscrire tôt un but déstabilisateur, à un retour vers le schéma traditionnel, avec une variation des voies de pénétration (au lieu de se contenter des flanc) en passant par des réglages introduits en permanence pour pallier aux éventuelles anomalies, le onze national a donné du fil à retordre à des Fennecs, ne leur laissant que peu d'occasions de s'exprimer et de menacer. Cette méthode a été d'autant judicieuse qu'elle a privé l'équipe algérienne d'un de ses meilleurs atouts, à savoir le pressing dans le milieu de terrain, où se dressent des éléments imbattables dans les duels individuels, ce qui lui offrait l'opportunité de frapper par des offensives foudroyantes exécutées par des attaquants athlétiques et rapides. Est-ce juste un coup de géni passager de Gerets, déclenché par l'enjeu d'un match exceptionnel, ou le début d'une nouvelle ère où les Lions de l'Atlas jetteraient le doute dans le coeur de leurs challengers par leur imprévisibilité ? Si c'est le deuxième cas, les Lions de l'Atlas ont de beaux jours devant eux, surtout avec un groupe qui a gagné énormément en confiance et a été renforcé par de jeunes talents qui ont fait leur preuve et qui promettent de constituer, aux côtés des vétérans, l'ossature solide d'une équipe qui pourrait dire son mot dans l'avenir.