Le ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, Ahmed Reda Chami, a plaidé à La Baule (ouest) pour la "collocalisation" des entreprises européennes dans les pays du sud de la Méditerranée, "véritable illustration du principe du codéveloppement". Propos recueillis par Nour Eddine Hassani Lors de sa participation à la 9è World Investment Conference (WIC) qui se tient du 25 au 27 mai, avec le Maroc comme invité d'honneur, M. Chami a développé ce concept gagnant-gagnant et créateur d'emplois et de richesses pour les deux parties. Intervenant devant plus de 500 dirigeants d'entreprise et de responsables politiques de 30 pays participants à cet événement, le ministre a défendu cette approche de "collocalisation", qui contraste avec celle de la "délocalisation", un concept synonyme pour l'Europe de pertes d'emplois. Selon lui, la collocalisation constitue une des solutions au problème de manque de compétitivité des entreprises en Europe en ce sens qu'elle est fondée sur une nouvelle redistribution internationale du travail. "Au lieu de fermer une usine en France ou ailleurs en Europe, sous l'effet du manque de compétitivité, on peut garder une partie de la production et développer d'autres parties au Maroc ou ailleurs", a-t-il expliqué dans un entretien à la MAP. "Indépendamment de la qualification des compétences pour faire telle ou telle partie du produit, de la spécialisation des machines et du coût de la main d'oeuvre", la réussite de l'opération repose largement sur "l'intelligence de l'entrepreneurs pour collocaliser les parties, là où il faut, qui vont lui donner le produit le plus compétitif", a-t-il estimé. Il a cité l'exemple d'un équipementier aéronautique français qui se voyait exclu de certains marchés parce qu'il n'arrivait pas à réaliser une partie du produit à un coût moins chère. Après avoir collocalisé cette partie de la production au Maroc, l'entreprise a fini par élargir son marché et à créer de nouveaux emplois à la fois en France et au Maroc, s'est félicité M. Chami. Mais la collocalisation suppose aussi l'existence d'un environnement propice dans le pays d'accueil, a relevé le ministre, citant notamment des ressources humaines formées, des salaires compétitifs sans atteinte au pouvoir d'achat, ainsi qu'une bonne politique de logement, de santé et de transport. A ces facteurs essentiels, s'ajoute une politique incitative à l'égard de l'investissement étranger, a-t-il dit, en évoquant les efforts déployés par l'Etat dans les domaines du foncier, des infrastructures, à travers la création de plateformes industrielles intégrées (P2I) dotées de guichets uniques et des solutions innovantes d'accès aux terrains proposant notamment la location du foncier. M. Chami a cité également les aides à l'investissement que propose l'Etat (jusqu'à 10 pc du coût de l'investissement à travers le Fonds Hassan II), les Fonds d'aide à la formation, ainsi que les incitations fiscales accordées aux opérateurs implantés dans les zones franches qui leur permettent de ne payer que 7 pc de l'impôt sur les sociétés (IS) sur 25 ans. Tous ces facteurs rendent "très attractive" l'offre Maroc pour les investisseurs étrangers et concourent à faire du Maroc un partenaire "véritable" pour l'Europe, a-t-il souligné. Dans le cadre de la participation marocaine à cette 9ème WIC, pilotée par l'Agence marocaine pour le développement de l'investissement (AMDI), M. Chami a eu des entretiens avec plusieurs hauts dirigeants d'entreprise étrangères participant à cette manifestation. Selon le ministre, ces rencontres lui ont permis d'avoir un feed-back sur les expériences de celles parmi ces entreprises qui sont déjà implantées au Maroc qui ont confirmé, a-t-il souligné, leur "satisfaction" et annoncé leur intention d'"étendre leur capacité sur le Maroc". Ces entretiens ont été l'occasion pour rencontrer de nouveaux prospects et les inciter à s'installer au Maroc et certains d'entre eux ont accepté l'invitation de venir voir les perspectives que pourrait leur offrir le pays, a-t-il indiqué. M. Chami conduit la délégation marocaine aux travaux de la WIC 2011, placé sous le thème "Stimuler la croissance européenne : Les leviers pour dynamiser les investissements internationaux". Les débats de cette rencontre s'articulent autour de trois grandes problématiques clés pour l'avenir de l'Europe : le financement de la croissance et de l'innovation, l'inter-connectivité des infrastructures et la transformation des secteurs de l'industrie et des services. En tant qu'invité d'honneur aux côtés de l'Inde, le Maroc a été largement présent dans les différents travaux de cette manifestation de haut niveau, à la fois dans les débats, mais aussi à travers un stand de l'AMDI exposant les opportunités d'investissement et le climat des affaires au Maroc. L'art culinaire marocain n'a pas été oublié. Un dîner, offert mercredi soir par l'AMDI, a permis aux participants de déguster de plats gastronomiques concoctés par un chef marocain établi dans l'ouest de la France.