La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et à la coopération, Latifa Akharbach, a souligné, vendredi à Palerme (Sicile), la nécessité pour la Méditerranée de proposer une "vision nouvelle de la mondialisation" génératrice de bienfaits tant pour la rive nord que pour la rive sud du bassin méditerranéen. "Le Maroc est convaincu qu'en imaginant une gouvernance régionale rénovée, la Méditerranée proposera une vision nouvelle de la mondialisation qui privilégiera les valeurs de la régulation régionale, les vertus de la proximité géographique et qui saura, surtout, placer l'homme au centre des schémas de partenariat et de coopération", a affirmé Mme Akharbach lors d'une conférence internationale sur les financements des PME dans l'espace euro-méditerranéen organisée par le ministère italien des affaires étrangères. La responsable marocaine, qui a relevé la pertinence du thème de cette conférence au moment où tous les intervenants se mobilisent pour trouver des réponses appropriées aux nombreux questionnements et défis auxquels se trouve confrontée la Méditerranée, a mis l'accent sur le début du retour en force du commerce régional comme l'un des enseignements à tirer de l'impact de la crise économique et financière sur les flux commerciaux internationaux. "A mi-chemin entre un protectionnisme frileux et une libéralisation débridée, le commerce régional basé sur la proximité et la réactivité commence à revenir avec force", a-t-elle observé. Et la secrétaire d'Etat d'expliquer qu'en optimisant les grandes opportunités qu'offrirait un plus grand maillage entre les PME des deux rives, une zone euro-méditerranéenne intégrée représente un formidable relais de croissance pour plusieurs secteurs d'activités de la rive nord en quête de relance et de redéploiement. Elle constitue en échange, a-t-elle ajouté, la voie idoine pour les entreprises émergentes du sud de s'intégrer pleinement dans les courants commerciaux internationaux. Mme Akharbach a relevé, dans ce même cadre, la "bonne résilience" dont ont fait montre les pays qui ont basé leur économie sur le tissu des PME, avant de mettre l'accent sur l'impératif d'appréhender le commerce euro-méditerranéen comme se rapportant non pas à deux "régions séparées" mais plutôt à une "région unique" dont les normes et les règles sont de plus en plus convergentes". Pour la responsable marocaine, le renforcement de la dimension régionale apparait assurément comme une réponse appropriée à la présente situation où des desseins ambitieux s'esquissent qui impliquent la mobilisation de synergies et de ressources financières conséquentes, mises au service de la consolidation d'un espace commun de stabilité et de prospérité. Elle a souligné, à cet égard, l'accueil favorable réservé par le Maroc à l'initiative italienne d'un projet de fonds pour le Partenariat en tant que "pas de plus dans notre coopération régionale" et "gage de création de valeur et d'emplois pour une jeunesse suspendue à de multiples attentes". S'agissant du Maroc, la secrétaire d'Etat a souligné que la promotion des PME constitue un "thème central" de l'action gouvernementale et une "orientation stratégique de premier plan" dans le développement socio-économique du Royaume. Les PME représentent une part prépondérante dans le tissu économique marocain avec plus de 95 pc des entreprises, a-t-elle précisé en rappelant par la même que leur compétitivité a été déclarée chantier majeur du pacte national pour l'émergence industrielle. Mme Akharbach a indiqué notamment, dans ce cadre, que la promotion de fonds de capital développement a été inscrite au rang des priorités afin de lever les contraintes liées à la sous-capitalisation qui pénalisent de nombreuses PME. La responsable marocaine a souligné, par ailleurs, l'attachement du Maroc à la mise en oeuvre de la charte euro-méditerranéenne de l'entreprise. Cela est manifeste dans la convergence entre les domaines d'action que cette charte promeut et la politique d'entreprise au Maroc, notamment en ce qui concerne l'amélioration de l'environnement juridique, la résolution des litiges commerciaux ou encore l'innovation, a-t-elle expliqué. La secrétaire d'Etat a évoqué, dans ce contexte, les instruments mis en place pour le financement de l'innovation ainsi que l'intérêt accordé au développement du capital humain dont elle a souligné le caractère primordial dans la stratégie industrielle nationale et le renforcement du potentiel compétitif et attractif du Maroc. Evoquant l'Union pour la Méditerranée (UpM), la responsable marocaine a estimé que celle-ci "doit être volontaire et courageuse pour passer outre la fracture économique entre les deux rives". "Dans cette perspective, le contexte régional qui est en train d'émerger au sein de la Méditerranée, plaide en faveur d'une nouvelle approche partenariale davantage visionnaire, davantage ambitieuse et davantage solidaire", a-t-elle fait remarquer. Cette approche, a-t-elle estimé, "saura apporter des réponses lucides et pragmatiques, à même de transformer les défis en opportunités, de tracer la voie pour une gouvernance euro-méditerranéenne rénovée et d'enclencher une dynamique partenariale vertueuse". Dans une déclaration à la MAP, Mme Akharbach a rappelé que le Maroc a entamé une transition économique depuis plusieurs années et engagé un processus de consolidation et de réforme. Elle a également souligné l'appel du Royaume à "saisir le moment actuel dans la région méditerranéenne pour refonder la vision commune de tous les partenaires au nord et au sud de la Méditerranée en matière de partenariat et de coopération pour la création commune d'une postérité partagée. "En tant qu'acteurs économiques dynamiques, porteurs d'innovation et prometteurs en matière d'emploi des jeunes, les PME sont un bon exemple pour servir et illustrer cette approche solidaire et ambitieuse dans la région euro-méditerranéenne", a-t-elle insisté. La conférence de Palerme, qui a été l'occasion de la présentation de l'initiative italienne d'un projet de fonds pour le Partenariat, a réuni autour de la sous-secrétaire d'Etat italienne aux affaires étrangères, Stefania Craxi, qui en a présidé les travaux, des délégués des pays de la rive sud du bassin méditerranéen et du Moyen Orient. La rencontre, qui a permis d'engager un débat sur le rôle des PME dans le processus euro-méditerranéen et les scénarios de nouveaux financements, s'est déroulée également avec la participation de représentants de pays avancés et émergents ainsi que d'organisations internationales et institutions économiques, financières et commerciales (Banque mondiale, OCDE, BID, BEI).