Le mouvement du 15 mai qui réclame des changements politiques et sociaux en Espagne et l'instauration d'une "réelle démocratie" a annoncé, jeudi, son intention de poursuivre "indéfiniment" ses protestations. Le mouvement du 15 mai, ainsi baptisé après les manifestations inédites de dimanche dernier dans plusieurs villes espagnoles en réponse à un appel lancé sur les réseaux sociaux par la plateforme "Démocratie réelle maintenant", a tenu "une assemblée", jeudi en milieu de journée à la place "Puerta del Sol" de Madrid, devenue l'épicentre de cette vague de contestation qui secoue l'ensemble du pays, au cours de laquelle il a annoncé pour la première fois ses principales revendications. Parmi ces revendications figurent la réforme de la loi électorale en Espagne qui façonne le paysage politique du pays le condamnant à une hégémonie du système bipartite qui a montré ses limites, accorder la priorité aux droits basiques des citoyens et l'abolition des lois discriminatoires. Les protestataires, dont le mouvement a chamboulé le déroulement d'une campagne électorale pour les municipales pour le moins anodine, répondent ainsi aux détracteurs du mouvement qui l'accusent de manquer d'idéologie et de véritables revendications. Le mouvement, qui est à sa cinquième journée de protestation, exige également la comptabilisation du vote blanc, la moralisation de la vie politique à travers l'adoption d'une loi sur la responsabilité politique, l'interdiction d'inscription sur les listes électorales des hommes politiques poursuivis en justice et la prohibition du financement privé des partis politiques. Les protestataires exigent également "le droit à un logement digne" à travers l'adoption de mesures concrètes comme l'instauration d'un loyer social universel. Ils demandent aussi une "société plus égalitaire" en proposant des "l'abolition des lois discriminatoires et injustes comme la Loi de l'immigration". Le mouvement du 15 mai fait tâche d'huile en Espagne et s'étend à quelque 40 villes du pays comme Barcelone, Zaragoza, Grenade et Valence. Des milliers de personnes ont pris possession des principales places emblématiques espagnoles en y installant des campements de protestation. A Madrid devenue l'épicentre de ce nouveau phénomène qui a pris de court les deux principales formations politiques en lice pour les municipales et les régionales de dimanche prochain, le mouvement a bravé, mercredi soir, l'interdiction de la commission électorale à Madrid en poursuivant ses protestions à la célèbre place "Puerta del Sol", devenue pour la circonstance un grand campement de tentes occupés par les protestataires majoritairement des jeunes. Une réunion est prévue jeudi en fin d'après midi de la commission électorale centrale, l'organe supérieur chargé du bon déroulement des élections, pour statuer sur la réponse à donner à ces concentrations qui selon elle affecte le bon déroulement de la campagne électorale. L'Espagne vit depuis cinq jours au rythme de mouvements de protestation sans précédent. Dimanche dernier, des milliers de personnes, majoritairement des jeunes mais également des retraités mécontents, des ouvriers, des chômeurs et de simples familles, sont descendues manifester dans plusieurs villes espagnoles pour réclamer une "renaissance démocratique" et exprimer leur colère de la situation économique et sociale que traverse le pays malmené par une crise financière sans précédent avec un niveau de chômage record de près de 5 millions de personnes. Les manifestations, plus d'une cinquantaine à travers l'ensemble du territoire espagnol, ont été convoquées par différents collectifs comme "Jeunes sans futur", l'ONG ATTAC ou encore "Ecologistes en action" regroupés au sein de la plateforme "Démocratie réelle maintenant".