Le transport aérien régional a un rôle essentiel à jouer en tant que facteur d'intégration et de développement des échanges interafricains et représente un levier important dans la dynamisation de l'économie locale, a souligné jeudi à Marrakech, M. Driss Benhima, président directeur général de la Royal Air Maroc (RAM). S'exprimant à l'ouverture des travaux d'un séminaire sur "le transport aérien régional", initié par la RAM en partenariat avec le ministère de l'Equipement et des Transport, M. Benhima a ajouté que "les services aériens au sein du continent demeurent faibles", soulignant la nécessité aujourd'hui d'intensifier les réseaux intérieurs et de multiplier les liaisons aériennes régionales. "L'Afrique a besoin d'un transport aérien fort, efficient et compétitif, à un moment où le continent affronte des difficultés importantes pour aider l'Afrique à mieux utiliser ses atouts", a-t-il dit, faisant savoir que le transport aérien régional en tant que vecteur de développement économique et social, est aussi un facteur d'intégration nationale et régionale et un outil fondamental de l'aménagement du territoire à travers des connexions vitales. Le transport aérien régional "joue également un rôle primordial dans la concrétisation des objectifs et des choix de développement arrêtés par les Etats", a-t-il ajouté, rappelant que depuis quelques années, des efforts importants ont été engagés par les pouvoirs publics en Afrique et ont permis la réalisation de progrès significatifs dans le secteur, même s'ils restent parfois insuffisants notamment dans les domaines de la sécurité et la sûreté. M. Benhima a, par ailleurs, déploré le fait que malgré les efforts entrepris pour l'amélioration des services aériens dans la sous région, ceux-ci continuent de présenter encore des insuffisances et ne répondent pas de manière satisfaisante aux aspirations des pays du continent en matière d'échanges interafricains ni aux besoins de mobilité des populations.
Les connexions entre plusieurs capitales africaines, a-t-il poursuivi, ne sont possibles qu'après de longs délais de transit de près de 48 heures et un passage par l'Europe. "Il est extrêmement difficile aujourd'hui de se déplacer dans certaines régions d'Afrique. Voyager entre deux pays limitrophes peut prendre facilement trois jours et cette situation est très pénalisante pour les économies des Etats et constitue, en outre, une véritable entrave au développement de l'intégration régionale en Afrique", a dit M. Benhima. Il a, dans ce contexte, tenu à indiquer que le transport aérien régional en Afrique affronte plusieurs contraintes, notamment des infrastructures et des installations parfois mal adaptées ou insuffisantes, la faiblesse des ressources publiques, les réseaux domestiques structurellement déficitaires, ou encore la faiblesse du pouvoir d'achat des populations et du budget transport des entreprises et administrations clientes. Dans ce cadre, M. Benhima a mis l'accent sur certains défis que le continent africain doit relever notamment d'ordre politique, écologique, économique et démographique, relevant que parmi ces défis qui demeurent considérables figurent l'impératif de relever le niveau de vie des populations, d'asseoir une gouvernance selon les principes universels et de bâtir des infrastructures pérennes. Après avoir souligné la nécessité pour le continent de prendre toute sa place dans la mondialisation pour devenir un pôle de paix et de prospérité, M. Benhima s'est dit convaincu que la mise en commun des ressources et les économies d'échelle permettraient aux pays africains de participer plus efficacement à l'économie mondiale et d'en faire bénéficier leurs populations. Selon M. Benhima, il est important aujourd'hui de développer les routes intra-africaines et les connexions à l'intérieur du continent ce qui revient pour l'Afrique à relever le défi de la compétitivité de son système de transport aérien régional. Réunissant une palette de ministres africains, de responsables ainsi que de professionnels des secteurs de l'aviation civile et du transport aérien du Maroc, de l'Afrique et de l'Europe, ce séminaire est l'occasion de mettre en avant le rôle du transport aérien régional dans l'appui aux politiques de désenclavement, de développement des échanges interafricains et de dynamisation des économies locales menées par les Etats. L'activité intra-régionale en Afrique, rappelle-t-on, ne représente que 1 pc du marché mondial pour une population de 900 millions d'habitants, soit 12 pc de la population mondiale. Même en y intégrant le trafic international, l'activité demeure marginale avec 4 pc des parts du marché mondial.