Les travaux du congrès annuel des personnels d'encadrement de la Mission laïque française (Mlf) et de l'Office scolaire et universitaire international (Osui) se sont ouverts, lundi à Marrakech, sous le thème "un humanisme aux couleurs de la diversité", avec la participation d'un aréopage de politologues, sociologues, académiciens et chercheurs dans les domaines de l'éducation et de la pédagogie. S'exprimant à l'ouverture de ce congrès (18 au 21 avril), Yves Aubin de La Messuzière, président de la MLF, association d'utilité publique destinée à la diffusion de la langue et de la culture dans le monde par un enseignement laïque, plurilingue et interculturel, a fait observer que dans un environnement mondial de plus en plus concurrentiel, et dans un souci d'assurer la compétitivité de l'enseignement français à l'étranger, la MLF fait de l'apprentissage renforcé des langues et des cultures nationales, un impératif. "Notre modèle doit être fondée sur le partage, puisque avec le Maroc et les autres pays de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), nous avons en partage la langue française. Partager ce qu'il y a d'universel dans nos valeurs, en respectant les différentes cultures et sensibilités, tel est bien l'esprit qui anime notre association", a-t-il dit. Après avoir rappelé que le concept laïcité peut parfois prétendre à confusion à l'étranger et dans le monde arabe, M. de La Messuzière a fait remarquer que les établissements relevant de la MLF et de l'OSUI qui accueillent des enfants de toutes origines et de toutes cultures, ont pour vocation au-delà de la réussite scolaire, l'exercice du libre jugement, le respect de l'autre, la compréhension des héritages de l'histoire, et l'ouverture du monde dans la diversité, grâce à la maîtrise de plusieurs langues. Pour sa part, le président du Conseil national des droits de l'homme (CNDH), Driss El Yazami, qui intervenait lors d'une table ronde sur le thème "Dans un monde en mutation", a mis en avant l'émergence de la jeunesse sur la scène publique arabe, faisant observer que le Monde arabe connaît un pic de ce qu'on peut appeler "le baby boom arabe" avec des enjeux énormes en termes d'attentes socioéconomiques, d'insertion professionnelle et de formation. Pour M. El Yazami, le deuxième élément commun à tous les pays arabes c'est aussi l'émergence de la gent féminine sur la scène publique, chose qui a permis la réalisation d'une sorte de décollage culturel au niveau de la région, grâce à la scolarisation massive. Il a également cité parmi les autres points communs à tous les pays arabes, l'affirmation de l'individu en tant qu'acteur qui s'organise et qui pense de manière autonome, sans se référer obligatoirement à des anciens schémas de pensée ou d'organisations comme les partis, les syndicats et les associations. Au sujet du Maroc, M. El Yazami a fait remarquer que la particularité du Royaume réside dans l'existence, depuis des années déjà, d'un vaste processus de réformes notamment avec la réforme de la Moudawana, la mise en place de l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), ou encore l'expérience de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), relevant que ce processus connaît actuellement une accélération certaine. Et d'ajouter que ce processus s'est consolidé également avec, entre autres, l'installation du Conseil Economique et Social, l'élargissement des prérogatives du Conseil National des Droits de l'Homme et le renforcement de son indépendance, ou encore avec le discours royal du 9 mars concernant la révision de la Constitution. L'autre particularité du Maroc réside dans l'existence d'un vaste débat "pluraliste, démocratique et serein" sur nombre de questions d'ordre socio économiques et politiques, parallèlement aux auditions et au travail de la commission consultative de la révision de la Constitution, a-t-il ajouté. De son côté, Hubert Védrine, ancien ministre français des affaires étrangères s'est félicité des grands chantiers de réformes engagés, depuis des années, par le Maroc sur les plans politique, économique et social, soulignant l'interaction positive entre la monarchie et la société. M. Védrine a donné également un aperçu sur la situation dans le monde arabe tout en mettant l'accent sur les mutations qui s'opèrent à l'échelle internationale et sur le rôle que pourraient jouer la France et l'Europe dans un monde en mouvement. La séance d'ouverture de ce congrès s'est déroulée en présence notamment du wali de la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz, Mohamed Mhidia, de l'ambassadeur de France à Rabat, Bruno Joubert et de Jean- Michèle Blanquier, directeur général de l'enseignement scolaire au ministère français de l'éducation nationale. Reconnue d'utilité publique en 1907, la MLF comprend quelque 115 établissements, répartis dans une quarantaine de pays et accueillant quelque 46.000 élèves. Le réseau marocain qui complète ce dispositif est composé de 9 établissements et est connu sous l'appellation "Office scolaire et universitaire international" (OSUI). L'Osui, qui compte 6.500 élèves en grande majorité marocaine, est le second plus important réseau dans le monde arabe après celui du Liban.