Le mouvement du "20 février" est un prolongement du dynamisme de la société marocaine vers le changement, ont souligné les participants à une conférence organisée, jeudi à Rabat, par "la revue marocaine des politiques publiques" en présence d'une pléiade d'acteurs et de chercheurs marocains. Les participants à cette conférence, organisée avec le soutien de la Fondation Friedrick Neumann sous le thème "20 février un horizon de réflexion", se sont attardés sur le rôle actif joué par les jeunes dans cette dynamique, ainsi que sa forte présence et sa contribution dans l'enclenchement d'un nouveau débat sur les revendications de réformes. Le mouvement du "20 février" semble être une étape porteuse d'une nouvelle équation de la réforme politique et constitutionnelle, ont-ils fait remarquer, estimant que cette équation va au-delà du dialogue bilatérale qui a toujours marqué le dossier des réformes institutionnelles, entre les partis politiques nationales et démocratiques et l'Etat. Mettant l'accent sur le retour du débat politique et son transfert des institutions à la rue et des médias publics à l'espace virtuel, les participants ont fait remarquer que le "20 février est une mise à profit des capacités offertes par les réseaux de communication sociale". Cette rencontre se veut une occasion pour mener une réflexion sur l'événement du 20 février et pour débattre des fondements social, politique et économique de ce mouvement, a souligné M. Hassan Tarek, professeur de science politique à la faculté de droit de Settat. Le mouvement du 20 février constitue-t-il "un prolongement ou une exception", s'est-il interrogé, mettant en exergue la participation des jeunes à cet événement en tant que catégorie agissante avec des revendications à caractère politique. De son côté, M. Driss Bensaid, chercheur en sociologie, a relevé l'importance d'une prise en considération des facteurs influents dans les mutations sociales afin d'analyser et de mieux comprendre le phénomène du mouvement des jeunes, s'interrogeant s'il s'agit d'un nouveau facteur avec des revendications anciennes, ou le prélude à des changements profondes dans le tissu social. Ce mouvement, qui n'est pas quelque chose de nouveau dans l'histoire du Maroc mais le résultat d'une accumulation de la vie sociale et culturelle depuis les années 60 et 70 du siècle dernier, a engendré des transformations profondes d'ordre social, a-t-il dit, notant dans ce sens que la catégorie des jeunes "souffre de l'exclusion au niveau des politiques publiques". Le chercheur a fait la distinction entre deux catégories, à savoir les jeunes qui font de la rue un espace pour exprimer leurs revendications de manière civilisée, et les jeunes qui se livrent à des actes de vandalisme. Pour sa part, le journaliste Abdessamad Benshrif a indiqué que ce mouvement qui "a brisé le mur du silence et de la peur", s'inscrit dans le sillage des mutations qu'a connues la société et des débats au sein des universités marocaines. Ajoutant que les réseaux de communication sociale ont contribué à rendre le contact plus facile et rapide entre les jeunes de ce mouvement pour exprimer leurs aspirations et leurs points de vue, il a critiqué la manière dont les médias publics ont traité les manifestations du 20 février. De son côté, M. Abdelali Hami Eddine, professeur de sciences politique et de droit international, a mis l'accent sur le rôle joué par les moyens d'information et de communication pour faciliter la rencontre entre les membres de ce mouvement pour revendiquer des réformes, faisant remarquer que les jeunes du 20 février ont contribué à libérer les élites politiques et le débat au sein des partis politiques sur les réformes escomptés. Les jeunes du mouvement du "20 février" ont enclenché un débat responsable et empreint de maturité, a-t-il encore ajouté, affirmant que les slogans scandés par les manifestants le 20 février expriment des revendications communes. Prenant la parole, Mounir Bensaleh, un jeune du mouvement du 20 février, s'est attardé sur les étapes franchies par le mouvement qui a fait du réseau de communication sociale un moyen pour revendiquer des réformes. Le mouvement est un "appel pour le changement, un prolongement du débat public et un moment d'expression de revendications sociales et constitutionnelles", a-t-il souligné.