Des ressortissants marocains fuyant les violences en Libye continuent d'affluer sur la Tunisie, pays le plus proche, sur le chemin de retour vers la patrie. Un groupe de douze personnes est arrivé dimanche par voie maritime à Sfax, deuxième ville du pays située à 240 km au sud-est de la capitale. Elles ont embarqué sur un navire en provenance de Benghazi, point de départ de la contestation, avec 1.700 passagers à bord, majoritairement des Tunisiens. Le même jour, un groupe d'une quarantaine de personnes a franchi la frontière terrestre entre la Libye et la Tunisie, via le poste frontalier de Ras Jedir, à 520 km à l'est de Tunis. Le consul général du Maroc dans la capitale tunisienne, Khalid Naciri, a indiqué qu'il prévoit l'arrivée de nouvelles vagues de citoyens marocains par Ras Jedir, principal point passage pour de milliers de ressortissants de différentes nationalités. Une délégation consulaire marocaine s'est rendue sur les lieux pour venir en aide aux citoyens fuyant la Libye, en coordination avec les autorités tunisiennes, a-t-il dit, précisant que 89 Marocains ont pris, ce lundi, un vol de la RAM vers Casablanca, la priorité étant donnée aux familles accompagnées d'enfants. Jusque-là, quelque 450 Marocains ont réussi à gagner la Tunisie et la plupart d'entre eux ont pu s'envoler vers le Royaume. A l'aéroport de Carthage, dans la banlieue de Tunis, plusieurs citoyens marocains ont fait état, dans des déclarations à la MAP, de "dangers réels" sur la voie de retour de la Libye, confiant qu'il existe une ambiance "de peur et de terreur" particulièrement dans des villes comme Tripoli, Misrata et Zouyah. Ils ont raconté les grosses difficultés à trouver un moyen de transport pour la Tunisie, en contrepartie de sommes conséquentes, et les harcèlements aux points de contrôle montés par les services de sécurité et l'armée libyens qui leur confisquent leurs caméras et leurs téléphones portables. Dans les villes des Misrata et Zaouyah, tombées dans les mains des protestataires mais où la situation demeure très tendue, les citoyens marocains sont déchirés par le dilemme de rester sur place en espérant des jours meilleurs ou tenter l'aventure du départ, sur une route jonchée de risques.