Le modèle italien de la régionalisation a été placé, jeudi, sous les projecteurs à l'occasion d'un séminaire à Rome au cours duquel intervenants marocains et italiens se sont livrés à un échange fructueux sur un sujet qui représente pour le Maroc l'un des plus importants chantiers structurants des dernières années. La régionalisation telle qu'elle est pratiquée en Italie et telle que le Maroc, partant de ses spécificités, entend la concrétiser a ainsi meublé les débats au cours de ce séminaire tenu sous le thème: "Souveraineté et territoire: l'autonomie comme solution pacifique des différends". Les participants se sont également penchés, lors de ce séminaire d'une journée organisé par le Centre italien des études pour la conciliation internationale (CISCI), sur la conception italienne du fédéralisme fiscal, un sujet d'une grande actualité dans la Péninsule. L'intérêt de s'informer de près de l'expérience italienne en matière de régionalisation a été, dès l'ouverture du séminaire, souligné avec insistance par M. Hassan Abouyoub, ambassadeur du Maroc en Italie, qui a évoqué les traditions d'échanges enracinées par l'Italie, "l'un des pays les plus engagés envers ses partenaires méditerranéens". L'ambassadeur a analysé, ensuite, des évolutions enregistrées suite aux mutations politiques survenues notamment en Europe et à l'entrée en scène de nouveaux outils de communication (Internet) avec leur influence sur les processus de décision et sur les réalités géopolitiques. M. Abouyoub a mis l'accent, à cet égard, sur l'importance de la régionalisation en tant que mode de gouvernance évoluée répondant aux exigences d'une gestion adaptée à la conjoncture actuelle et aux impératifs du progrès et du développement. Le diplomate, qui s'est appesanti sur l'histoire séculaire du Royaume et sur l'attribut d'Etat-nation qui lui est reconnu depuis plusieurs siècles, a évoqué les similitudes existant entre le Maroc et l'Italie en la matière. Il a indiqué, à ce propos, que le Maroc dispose depuis 1983 d'une charte fiscale et que l'ambitieux projet de régionalisation qu'il entend mettre en Âœuvre trouve son fondement sur la démocratie et l'intégration des citoyens. De même, a-t-il affirmé, ce projet a une vocation économique en ce sens qu'il permettra d'asseoir une émulation constructive entre les régions et de lutter contre les inégalités régionales. Après avoir rappelé les remarquables réalisations accomplies, sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, durant les dix dernières années notamment en matière d'électrification rurale et d'approvisionnement en eau potable, l'ambassadeur a souligné la détermination du Maroc à aller de l'avant sur la voie de la consolidation des acquis et de la promotion des conditions de développement économique et social de l'ensemble de ses régions et de valorisation de leurs potentialités. M. Abouyoub a, sur un autre plan, réaffirmé l'attachement du Maroc à une solution pacifique du conflit autour du Sahara, exhortant l'Algérie à aider à cette solution et à contribuer à l'intégration régionale à laquelle le Royaume appelle de tous ses voeux. Intervenant à son tour, Mme Assia Bensaleh Alaoui, ambassadeur itinérant du Royaume, co-présidente du Groupe des Sages sur le dialogue entre personnes et cultures auprès de la Commission européenne, s'est réjouie également de l'occasion qu'offre ce séminaire d'engager la réflexion sur un sujet d'une aussi grande importance et de tirer profit de l'expérience de l'Italie en matière de régionalisation et de fédéralisme fiscal. La diplomate, qui analysait du thème "Les profils des autonomies pour la sécurité régionale et internationale", a souligné les nouvelles menaces qui posent la problématique de la sécurité individuelle et collective dans des termes tout à fait nouveaux. Elle a évoqué dans ce sens l'émergence d'"acteurs non territoriaux" qui utilisent tous les vecteurs des relations internationales, citant les réseaux transnationaux de criminalité existant dans plusieurs régions du monde, en particulier AQMI au Sahel. Le crime est devenu une marchandise, a-t-elle observé citant les trafics de drogue, d'êtres humains et d'armes, "ingrédients explosifs" réunis au Sahel et qui profitent de la déliquescence de certains Etats africains qui tentent, malgré tout, d'y faire face en dépit du manque des moyens. L'ambassadeur a fait état également de l'absence d'une coordination intereuropéenne et transatlantique pour contrecarrer ce phénomène, soulignant par ailleurs qu'au-delà de la dimension sécuritaire, il existe un problème d'ordre économique qui exige qu'une réflexion approfondie soit engagée dans la région. S'agissant du Maroc, Mme Bensaleh Alaoui a assuré que l'autonomie proposée par le Royaume aura des implications sur le développement économique de l'ensemble de ses régions et le bien-être de leurs populations. Elle a rappelé, à cet égard, l'intérêt particulier accordé par SM le Roi à la concrétisation, aux côtés des grands chantiers structurants, de projets de proximité bénéficiant directement aux populations. La diplomate a mis l'accent, dans ce même cadre, sur le rôle fédérateur du Souverain et sur la place centrale de la monarchie au Maroc en tant que bouclier contre l'extrémisme, SM le Roi étant également Commandeur des croyants. Elle a réaffirmé aussi l'engagement du Maroc, sous la conduite de Sa Majesté, sur la voie des réformes et du développement et sa détermination à Âœuvrer sans relâche pour réaliser les attentes de ses populations et relever les défis internes et externes auxquels il est confronté. La première session au programme du séminaire a été marquée aussi par les interventions de M. Luigi Vittorio Ferraris, président du CISCI, M. Enrico La Loggia, président de la commission parlementaire pour la mise en application du fédéralisme fiscal, M. Antonio Martino, parlementaire, commissaire à la défense à la Chambre des députés, M. Piergiorgio Cherubini, ambassadeur d'Italie à Rabat et Mme Emanuela Del Re, fondatrice et de EPOS (international mediating and negotiating operational agency), professeur à l'Université La Sapienza de Rome. M. Nacer Benjelloun Touimi , ancien ambassadeur, professeur à l'Université Mohammed V, devait, quant à lui, intervenir lors de la deuxième session consacrée au thème "Autonomie et régionalisation : l'exemple italien et le parcours du Maroc ". Au programme des interventions sur ce thème, figuraient aussi celles de professeurs universitaires italiens ainsi que de M. Lucio Malan, membre de la Commission des Affaires constitutionnelles du Sénat, et M. Pasquale De Lise, président du Conseil d'Etat.