Toutes deux chargées d'histoire séculaire et dépositaires d'un héritage culturel et civilisationnel millénaire, les villes italienne de Florence et marocaine de Fès ont exprimé, jeudi, leur volonté de donner une consistance nouvelle à leurs relations futures et de jeter de nouveaux ponts pour plus de rapprochement et d'échanges entre les deux cités, leurs régions et, par delà, les deux pays amis. Berceau de la renaissance italienne et capitale de la région de Toscane (centre), Florence et son alter ego Fès, la capitale spirituelle du Royaume, ont été ravies de se retrouver, et dont le jumelage remonte à 1963. Une page de l'histoire rappelée avec fierté lors d'entretiens fructueux à Florence entre responsables et élus toscans et membres d'une délégation marocaine composée de MM. Hassan Abouyoub, ambassadeur du Maroc en Italie, Hamid Chabat, maire de Fès et Mohamed Haddad, député, président de l'arrondissement mérinide. L'intention a été exprimée d'ailleurs, à l'occasion de ces retrouvailles, de réactiver cet accord de jumelage dont la conclusion avait été décidée lors d'une visite de feu SM Mohammed V en Italie au lendemain de l'accession du Maroc à l'indépendance. Une réactivation qui fait suite à son renouvellement en 2006 en vue d'en revigorer la portée et d'en fructifier les clauses. L'un des symboles de l'amitié scellée par cet accord a été la réalisation de la "Place de Florence" à Fès que les responsables de la capitale spirituelle veulent, aujourd'hui plus que jamais, ériger en site foisonnant d'expressions culturelles et artistiques. Pour ce faire, un appel d'offres a déjà été lancé, a indiqué M. Chabat en invitant le président du Conseil Régional de Toscane, M. Alberto Monaci, et le Maire de Florence, à participer par leurs idées et suggestions à l'enrichissement de ce projet. Au-delà du culturel, les entretiens, qui se sont étalés sur toute la journée, ont permis de faire un tour d'horizon de diverses questions intéressant les deux pays amis comme ils ont fourni l'occasion à la partie marocaine d'exposer les réalisations accomplies par le Royaume dans différents secteurs et de rappeler les attentes et ambitions du Royaume. Régionalisation, économie, investissements, immigration, une multitude de thèmes ont été ainsi abordés dans la perspective de favoriser plus d'échanges et de dialogue. La régionalisation, telle que pratiquée en Toscane, a suscité en particulier l'intérêt de la délégation marocaine qui, à travers un exposé présenté par un responsable régional, a pu s'informer sur sa marche et sur ses mécanismes de fonctionnement. L'évocation de ce thème a été également l'occasion pour M. Hassan Abouyoub, qui était accompagné de ses proches collaborateurs, de souligner que le chantier de la régionalisation constitue l'une des plus grandes réformes projetées par le Maroc. La commission de réflexion sur la régionalisation devrait d'ailleurs rendre bientôt son rapport, a-t-il indiqué en mettant l'accent, dans ce même cadre, sur les choix constitutionnellement consacrés par le Royaume en matière de liberté et de démocratie. Sur le plan économique, l'Italie constitue un modèle, ont affirmé les membres de la délégation, auxquels s'est joint le consul du Maroc à Bologne, M. Haddou Essaadi, mettant l'accent sur l'importance de l'instauration d'une coopération mutuellement avantageuse avec les pays de la rive sud de la Méditerranée. L'ambassadeur a souligné, à cet égard, l'intérêt de l'ouverture du Maroc sur la Toscane eu égard à son important potentiel économique et culturel ainsi que de l'ouverture du Royaume devant les investisseurs italiens au vu des énormes opportunités qui s'offrent devant eux. S'agissant de la question de l'immigration, M. Abouyoub a insisté sur la nécessité de percevoir le phénomène migratoire comme un facteur de croissance plutôt que comme un fardeau et de faire en sorte pour que davantage d'efforts soient déployés en vue de l'intégration des immigrés ayant vocation de former la "diaspora" de demain. Le diplomate a, par ailleurs, fait état de projets de centre culturel et de structure d'enseignement de langue arabe dont les lieux de réalisation sont encore à définir. Des dossiers bien fournis en documents intéressant le Maroc ont été remis par la délégation marocaine à leurs interlocuteurs italiens. Outre le texte de la Constitution du Royaume et des renseignements exhaustifs sur le Maroc, ces documents concernent les grandes réformes initiées par le Royaume et les chantiers en cours. Régionalisation, Initiative nationale pour le développement humain (INDH), Instance équité et réconciliation (IER), Code de la citoyenneté, communications et médias et libéralisation du secteur audiovisuel y sont détaillés tout autant que les grandes réalisations accomplies en matière des droits de l'homme, les résultats de l'enquête parlementaire sur les événements de Gdeim Izik, la situation des droits humains dans les camps de Tindouf ou encore les relations du Maroc avec l'Union européenne Il va sans dire que l'initiative d'autonomie présentée par le Maroc comme cadre de règlement définitif du différend artificiel suscité autour du Sahara marocain a été l'objet d'un intérêt particulier dans ce dossier élaboré en langues italienne et anglaise. La délégation marocaine poursuivra, vendredi, son séjour en Toscane par une visite à Prato (à une vingtaine de Km au nord de Florence) et à Pistoia (à une quarantaine de km au nord-ouest de la même ville) où elle aura des entretiens similaires avec des responsables et élus locaux avant de tenir une rencontre avec la communauté marocaine résidant dans la région.