Grâce à la force de son consensus national et à la mobilisation derrière la Monarchie, le Maroc se distingue par sa stabilité socio-économique dans une région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord en proie à des soulèvements populaires, affirme le professeur et expert américain, Yonah Alexander. "Les énormes progrès réalisés au cours des dernières années font du Maroc une exception dans la région et empêchent de faire le parallèle avec les situations qui prévalent actuellement dans les autres pays de la région arabe", a dit M. Alexander dans un entretien à la MAP, en marge d'une rencontre-débat organisée mardi par le Potomac Institute sous le thème :"The new Middle East : Quo Vadis ?" (Le nouveau Moyen Orient : Où vas-tu ?). L'expert américain a, à cet égard, rejeté l'hypothèse d'un "effet domino", se disant "optimiste" que le Maroc restera bien à l'abri de ce genre d'instabilité grâce notamment aux réformes et aux chantiers socio-économiques lancés dans le Royaume et l'implication effective de la société civile dans l'ensemble des secteurs d'activité. M. Alexander souligne avoir constaté de visu lors d'un récent déplacement au Maroc les réformes et les chantiers initiés dans le Royaume, se félicitant dans ce sens du rôle joué par les acteurs de la société civile marocaine dans la promotion du développement économique et social. "Je pense que l'implication de la société civile dans ce processus constitue clairement l'un des avantages qui distinguent le Maroc des autres pays de la région", a-t-il noté. Le professeur Alexander a souligné, par ailleurs, la nécessité de la résolution de la question du Sahara, qui continue d'empoisonner les relations entre le Maroc et l'Algérie, afin de permettre l'intégration maghrébine et la réalisation de la prospérité socio-économique à laquelle aspirent les peuples du Maghreb. Il a en outre mis l'accent sur l'urgence de trouver une solution politique à ce conflit sous l'égide des Nations Unies, mettant en garde que la perpétuation de ce différend régional risque d'avoir des répercussions négatives sur la région, aussi bien sur le plan économique que sécuritaire. M. Yonah Alexander, par ailleurs Directeur du Centre international pour les études sur le terrorisme relevant du Potomac Institute, avertit à cet égard qu'Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) ne peut que mettre à son profit la non-résolution de ce conflit pour s'atteler à mettre en oeuvre ses visées déstabilisatrices pour la région. Dans un rapport publié la semaine dernière à Washington, le Potomac Institute souligne en effet que l'impasse que connait la question du Sahara crée un environnement propice à la prolifération des activités terroristes d'Al-Qaida dans le Maghreb Islamique et procure un sanctuaire pour ses militants. "Le conflit du Sahara, qui dure depuis plus de trois décennies crée une ouverture à la prolifération des activités d'AQMI qui se trouve ainsi en mesure de recruter des radicaux dans les camps de Tindouf, en Algérie, compliquant davantage la viabilité d'une solution diplomatique à cette question", soutient ce centre international dans un rapport intitulé "Les conséquences du terrorisme : mise à jour des menaces d'Al-Qaeda au Sahel et dans le Maghreb". Le document appelle, dans ce contexte, à intensifier la coopération et la coordination entre les pays de la région, notamment en matière d'échange de renseignements dans le but de sevrer les lignes de ravitaillement des groupes terroristes, soulignant que la sécurité et la coopération économique dans la région du Maghreb et le Sahel seront sans aucun doute améliorées et consolidées à travers la résolution du conflit du Sahara.