La pédagogie de l'intégration (PI) vise à améliorer l'efficacité du système éducatif et son équité et à mettre en adéquation la commande sociale et l'école, a souligné l'universitaire-chercheur belge, Xavier Roegiers. La PI fournit des pistes concrètes pour favoriser l'insertion de l'élève dans la société à travers la scolarité de base, a estimé M. Xavier, expert international en curriculums d'études et de formation, ainsi qu'en évaluation, lors d'une conférence donnée, lundi à Oujda, sous le thème "la pédagogie de l'intégration, une approche à dimension humaine". "Le défi relevé aujourd'hui par la PI est de combiner le complexe (le sens) et le concret (l'évaluable)", a-t-il ajouté, notant qu'en termes d'orientations pédagogiques cette approche affirme la nécessité de se préoccuper des processus pédagogiques, des difficultés rencontrées par les élèves, et pas seulement des résultats obtenus. Dans cette vision, a fait remarquer M. Xavier, qui est également professeur à l'université de Louvain-la-Neuve en Belgique, "la PI ne rejette aucune méthode ou approche didactique, à condition que le souci principal soit de mettre l'élève au centre des apprentissages et que les méthodes choisies se révèlent efficaces". Mettant l'accent sur les enjeux de l'éducation aujourd'hui, il a indiqué qu'à l'échelle mondiale, les systèmes éducatifs sont "de plus en plus uniformisants et de plus en plus inéquitables". Le modèle dominant est celui de l'approche par les standards (dérivé de la pédagogie par objectifs) qui est basé essentiellement sur le principe de l'employabilité, a-t-il expliqué, estimant que ce modèle "retire à l'individu sa propre disposition de lui-même et vise à ne former qu'une élite hautement qualifiée, et à rendre les autres dépendants de cette élite". Notant que les études se multiplient pour mettre en évidence l'impact de la PI (efficacité et équité), M. Xavier a relevé que ladite pédagogie reconnaît la nécessité de développer différents types de contenus. "A côté des savoirs et des savoir-faire, la PI considère comme important de développer des savoir-être, des life-skills (compétences de vie), et des capacités transversales", a-t-il dit, précisant que ces contenus ne sont pas une fin en soi, mais des ressources que l'élève sera invité à réinvestir dans des situations complexes. Il a, dans ce sens, souligné la nécessité de veiller à outiller l'élève de trois manières différentes et complémentaires, mettant l'accent sur l'outillage commun (connaissances et savoir-faire), l'outillage de profondeur (outils d'analyse et d'argumentation) et l'outillage agissant (stratégies et démarches de résolution de problèmes). De son côté, Mohamed Abou Damir, directeur de l'Aref (Académie régionale de l'éducation et de la formation) de l'Oriental, qui a organisé cette conférence en partenariat avec le Centre national d'innovation pédagogique et d'expérimentation (CNIPE), a souligné que le ministère de l'Education nationale a eu recours à la pédagogie de l'intégration en tant que cadre méthodologique de mise en Âœuvre pratique de l'approche par compétences. "L'intérêt de cette approche pédagogique réside dans la capitalisation sur l'existant dans la mesure où elle s'appuie dans un premier temps sur les programmes actuels, permettant ainsi une mise en Âœuvre efficace et facilitée de cette approche", a-t-il relevé, rappelant que le programme d'urgence (2009-2012) lui a réservé un projet spécifique (projet E1P8 relatif à la rénovation du modèle pédagogique). Et de poursuivre que cette conférence coïncide avec la phase de mise en place de cette pédagogie à l'échelle d'établissements pilotes du secondaire collégial dépendant de l'Aref de l'Oriental, précisant que cette deuxième phase a été précédée par la première qui consistait en la généralisation de cette pédagogie à tous les établissements du primaire dans la région.