Plus de 9,6 millions d'électeurs portugais sont appelés dimanche à se rendre aux urnes pour élire leur futur président de la République parmi six candidats, dont le président sortant Anibal Cavaco Silva, donné favori par les sondages. -Par Nadia El Rhzaoui- Le conservateur Cavaco Silva, 71 ans, membre du Parti social-démocrate (PSD) de centre droit, fait figure de favori dans les sondages, devant son principal rival, le socialiste Manuel Alegre, 74 ans, soutenu par le Parti Socialiste et par le Bloc de Gauche (BE, extrême gauche). Le président sortant est crédité de 57 à 60 pc des voix par les sondages et pourrait donc être élu, comme en 2006, dès le premier tour, devant le poète Manuel Alegre qui recueille entre 20 et 27 pc des intentions de vote. Dans la course à la présidence, figurent également Francisco Lopes, 55 ans, candidat du Parti communiste (PCP), soutenu par le parti écologiste "les verts", Fernando Nobre, 59 ans, candidat indépendant, fondateur du Groupe d'assistance médicale internationale (AMI), Defensor de Moura, 65 ans, député socialiste qui se présente en candidat indépendant et José Manuel Coelho, 58 ans, conseiller régional de Madère et membre du Parti de la nouvelle démocratie. Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue, les deux candidats arrivés en tête s'affronteront lors d'un second tour qui sera organisé deux semaines plus tard, soit le 6 février prochain. En 2006, Cavaco Silva, un économiste de formation, qui fut 10 ans Premier ministre (1985-1995), avait été élu au premier tour avec 50,5 pc des suffrages devant Manuel Alegre (20,7 pc) qui avait devancé l'ancien président Mario Soares (14,3 pc). Au Portugal, le président de la République dont la fonction est honorifique, est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Il a une autorité morale importante mais des pouvoirs exécutifs limités même s'il dispose du droit de dissolution du parlement. Depuis la révolution des oeillets en 1974, sept élections présidentielles ont eu lieu au Portugal et seule l'élection de 1986 s'est jouée au second tour entre le socialiste Mario Soares, qui l'a finalement remporté, et le chrétien-démocrate, Diogo Freitas do Amaral.
Soumis depuis début janvier à leur 3ème plan d'austérité en un an, les Portugais qui n'ont jamais eu à se serrer autant la ceinture et qui semblent peu intéressés par ce scrutin, votent dimanche sur fond de crise économique et de pressions des marchés. La campagne électorale s'est notamment focalisée sur la question d'une éventuelle intervention extérieure, et notamment du Fonds Monétaire International (FMI) pour soutenir les finances du pays. Pénalisé par le poids de sa dette et de faibles perspectives de croissance, le Portugal est confronté aux rumeurs d'un prochain recours au plan européen d'aide financière en dépit des dénégations répétées du gouvernement et de la mise en place d'un programme de rigueur visant à ramener le déficit public à 4,6 pc fin 2011. Pour atteindre ses objectifs de consolidation budgétaire et regagner la confiance des marchés, Lisbonne a adopté pour 2011 un budget d'austérité drastique, cumulant baisse de salaires, suppression de prestations sociales et nouvelles hausses d'impôts. En dépit des pressions et des "rumeurs", le gouvernement portugais a réaffirmé à maintes reprises qu'il ne solliciterait pas l'aide internationale, estimant avoir les moyens de se financer sur les marchés après avoir dépassé ses objectifs budgétaires pour 2010. Le Premier ministre portugais, José Socrates, a affirmé la semaine dernière que le déficit public pour 2010 serait "clairement en dessous des prévisions" de 7,3 pc du PIB, assurant que les données préliminaires permettaient de prévoir une économie budgétaire de l'ordre de 800 millions d'euros, soit 0,5 pc du PIB. L'objectif risque toutefois d'être encore plus difficile à atteindre cette année, en raison de la contraction attendue de l'économie. Selon les prévisions de la Banque du Portugal, le PIB pourrait enregistrer un recul de 1,3 pc, alors que le gouvernement table sur une croissance de 0,2 pc. Pour 2011, le Portugal a chiffré ses besoins de financement à 20 milliards d'euros, sans compter les 26,5 milliards d'euros de dette arrivant à échéance cette année.