L'ouvrage "Arts et coutumes des Maures" d'Odette du Puigaudeau qui vient d'être publié récemment aux éditions "Le Fennec", constitue une mine d'informations sur les aspects saillants caractérisant l'univers du désert aux prises avec la modernité. "Odette du Puigaudeau voulut fixer, par l'écrit et par le dessin, les traits d'une société nomade prise dans la tourmente de la modernité industrielle", note le prof Brahim Boutaleb dans sa préface du livre, qualifiant le travail de cette "aventurière" de "précieux témoignage", eu égard, fait-il remarquer, aux "observations qu'elle a faites au cours de ses pérégrinations, les croquis qu'elle a établis des tentes, des qsours, des mosquées, des médersas, des outils, des techniques et des décors de la société sahraouie". Ce pavé de 360 pages est accompagné d'une note introductive rédigée par Pierre Bonte, grand spécialiste du monde maure au collège de France (laboratoire d'anthropologie sociale). "Le nom d'Odette du Puigaudeau est indissociablement associé à celui de sa compagne de vie et d'aventures, Marion Sénones. Deux voyages au long cours dans l'ouest saharien, effectués aux pas lents des caravanes, et pendant lesquels elles avaient partagé la rude vie des grands nomades, leur avaient valu avant la seconde guerre mondiale, une certaine notoriété parisienne qui s'appuyait sur la publication de plusieurs ouvrages", rappelle, Bonte, également directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France. De grand format, cette dernière publication, qui est en effet une réédition à titre posthume d'un corpus d'articles parus entre 1968 et 1980 dans la revue Hespéris-Tamuda de la faculté des lettres de Rabat relatif au monde maure, renferme, en outre, des dessins inédits représentant le travail du cuir, les cadenas, les coffres, les outils et les jouets, outre des repères biographiques, des index-glossaire et des noms de lieux et des mots en langue hasaniya. Du Puigaudeaud décline la démarche de son travail, au début de la première livraison de cette revue où elle précise : "le but que j'ai poursuivi est de tracer le portait physique et moral des Maures, de décrire leurs mŒurs et leurs coutumes considérées dans leur pureté, c'est à dire avant les modifications évolutives, de dresser un inventaire aussi complet que possible des objets nécessaires à leur existence - mobilier, outils, armes, harnachements, etc - avec leurs variantes régionales, en cherchant à dégager le style caractéristique de leur ornementations". L'ouvrage comprend cinq (5) chapitres dans lesquels l'auteur retrace le vécu des Maures dans les moindres et subtils détails dans leur espace géographique, décrivant notamment leur vie matérielle - dans le campement, le village, la paillote, la mosquée- leur habillement - masculin et ses accessoires et féminin et ses parures - leur vie familiale et les événements essentiels qui la ponctuent tels le mariage et les naissances, outre les activités culturelles (enseignement) et artisanales (le harnachement du chameau). "Une étude complète de l'ethnie maure ne saurait être arrêtée par des frontières politiques modernes, incompatibles avec les nécessités de la vie pastorale, des échanges commerciaux, des liens familiaux, religieux et culturels", tenait à préciser du Puigaudeau.