Contrairement à l'idée reçue chez certains, un festival n'est pas une promenade de santé. En réalité, tout le monde est mobilisé pour faire réussir le rendez-vous. L'ambiance est certes bon enfant, mais il n'en reste pas moins que derrière les paillettes et les caftans glam' style, les "gens du festival" sont surbookés, car ça bosse vraiment durant cette dixième édition du Festival international du Film de Marrakech. Reportage réalisé par Ali Hassan Eddehbi Café chaud et SMS Dès 9 heures du matin l'hôtel Mansour Eddahbi, où sont logés la plupart des festivaliers, connaît une effervescence toute particulière. Journalistes marocains et étrangers, professionnels et invités prennent leur petit déjeuner, un oeil sur leurs portables. C'est en ce début de la journée que tombent les alertes mails et SMS. Peu de temps après, vers 11 h, a lieu la première projection des films en compétition officielle. Chaque jour ont lieu deux ou trois projections suivies de photo-call et de rencontres avec les équipes des films. Ainsi, aussitôt sortis de l'obscurité de la salle, journalistes et photographes arpentent les couloirs du Palais des congrès pour "chopper leur cibles". "Parfois on est dans une table et on nous appelle pour nous dire qu'on a une interview avec un membre du jury. Au début on était débordé mais par la suite on a vite appris à gérer cette concomitance et dresser nos priorités", confie Said, journaliste arabe accrédité pour cette édition et qui visite le Maroc pour la première fois. Les rencontres avec les équipes des films durent jusqu'à midi. Après, le Palais des congrès est momentanément déserté. Salle de presse, sonores et montages Juste après les traditionnels photo-calls, les photographes filent illico presto vers le centre de presse pour envoyer leurs "captures". "Nous sommes toujours pressés, car les photo call se déroulent les uns après les autres. Dès qu'on envoi quelques photos on retourne attendre la séance photo qui suivra", lance essoufflé un photographe. A leur tour, les journalistes radio quittent les lieux rapidement et s'en vont à leurs studios pour préparer leurs sonores. "J'ai une chronique du festivalière à midi, une autre à 20 heures et une émission dès 22 heures. Tout doit être fait en temps et en heure", confie Zineb animatrice dans une radio marocaine. Idem pour ceux des télévisions qui font le pied de grue devant les plateaux jouxtant le Palais des congrès. Eux aussi doivent être là en temps et en heure pour les directs avec les invités. Les journalistes de presse écrite ont également leurs contraintes. "Je prépare une page par jour. Un grand papier, une interview et un billet quotidien", confie Fatima Zohra journaliste dans un quotidien généraliste. Ce n'est donc pas évident de gérer toute l'activité quotidienne. Ironie : le pic de la journée coïncide souvent avec l'heure du déjeuner. Beaucoup de professionnels et journalistes sautent le repas principal. "On mange bien le matin, ca aide à tenir", ironise un caméraman. Piscine, relaxe et magnétos Vers le coup de 16 heures, l'hôtel est de nouveau animé par les festivaliers. Journalistes et cinéastes sont attablés au bord de la piscine. A première vue, on les croirait en train de lézarder sous le soleil Marrakchi un soda à la main. Erreur: ils sont là en train d'attendre les interviewés. Les rencontres avec les équipes du deuxième film ont lieu à cette heure et les journalistes sont là en train de "répéter" leurs questions. En même temps de nouveaux SMS tombent. C'est un master class, une table ronde ou encore une info sur la soirée de l'hommage. Parfois il n'y a rien et le staff en profite pour aller faire un saut à l'ancienne médina et à Jamâa El Fna. Légitime après tout ! Après la promenade, retour à la salle de presse. Les journalistes de presse écrite préparent leurs papiers pour les bouclages du lendemain. Les plus rapides ont déjà jeté un coup d'oeil sur le programme de la soirée d'hommage de 20 heures. Contre-champ Même surbookés, les journalistes arrivent à s'en sentir car il y a toute une équipe qui se charge de l'organisation. On les appelle "les gens de l'ombre". C'est eux qui envoient les SMS, les photos, font les parcours officiels, négocient les interviews et contactent les journalistes. A vrai dire la tâche est loin d'être facile. "On a quatre équipes. Une pour les alertes Mail et SMS, l'autre pour les interviews, une troisième pour les parcours officiels, photos et projection et une dernière au bureau de presse pour répondre aux questions des journalistes", confie Amine Faris, chef de département à l'agence PR Média, qui s'occupe des relations publiques. A part cet agenda chargé, les RP comme on les appelle doivent faire face à certaines montées de tension. "D'abord il y a le problème des interviews. On a 80 demandes qu'on essaie de satisfaire, mais ce n'est pas nous qui décidons. Les invités peuvent exiger un maximum de six journalistes. Il choisissent parfois les supports qu'il veulent et ça nous met dans l'embarras". "Tout comme vous on se lève à 9 heures et on termine à 20heures 30. On a un débriefing quotidien après la cérémonie d'hommage celle là pose aussi problème", se rattrape-t-il. En effet, la capacité d'accueil des salles est inférieure au grand nombre des festivaliers et visiteurs qui veulent partager l'émotion des cérémonies d'hommage. Mais une fois terminé le travail tout est oublié. After-work bien mérité Après la cérémonie d'hommage, les journalistes font le même parcours. Studios et salles de presse. Tout le monde s'éclipse pendant un moment ils bossent. Un moment après, tout le monde est tiré à quatre épingles et l'on papote un peu dans le hall de l'hôtel avant d'aller à la soirée. Chaque soir les "hommagés", invités et autres membres du jury se retrouvent dans une belle ambiance propre "très night life". Ici on est décontracté, pas de SMS pas d'alertes et pas de stress. Certains en profitent pour poser une ou deux questions à leur "cible" qu'ils auraient peut-être ratée durant la journée. Ca bosse on vous dit!