"Mirages", première œuvre du jeune réalisateur Talal Selhami (28 ans), a dignement représenté le Maroc, mardi, en compétition officielle du 10è festival international du Film de Marrakech (FIFM). Ali Hassan Eddehbi, envoyé spécial Encensé par la critique pour sa maîtrise technique et bien accueilli par le public, le film pourrait voler haut le jour de la remise des prix. Un film d'aventure fantastique, un thriller à la croisée des genres, comme on n'en voit pas souvent dans le cinéma marocain. Il raconte l'histoire d'un groupe de cinq jeunes aux profils très différents qui se retrouvent en compétition pour décrocher un emploi prestigieux à la Matsuika, une multinationale basée au Maroc. Pour les départager, le PDG de la société leur propose de passer un test "peu orthodoxe". Ils sont embarqués dans un minibus et partent pour une destination inconnue. Ils font alors un accident et se retrouvent en plein milieu du désert, sans vivres. Tout juste quatre bouteilles d'eau à partager entre cinq personnes. Ils réussissent à s'en sortir en unissant leurs forces mais découvrent qu'ils sont en plein milieu du désert et que le chauffeur a disparu, ne sachant si l'accident est réel ou si l'épreuve a commencé. Le héros du film devient alors le désert. Au fil des minutes, les masques commencent à tomber les cinq candidats se dévoilent. L'union ne fait plus force et chacun y va de son côté pour trouver la solution. Sous un soleil de plomb, la peur de s'égarer, le stress de l'examen, les plonge dans une sorte de délire, voire de folie intermittente. Ils ne voient que des mirages où ils projettent leurs peurs et angoisses les plus profondes. La psychose collective s'installe alors et donne au film les allures d'un délicieux thriller tourné presque en temps réel. Certains n'ont pas apprécié les scènes de violence où le sang coulait à flot, mais, une chose est sûre, elles ont été superbement filmées et font même partie intégrante de l'histoire. "Ces scènes sont parmi les piliers de l'histoire", confie Talal. Autre point fort : le casting qui n'a pas trahi l'histoire. Aissam Bouali, Mustapha El Houari, Omar Lotfi, Karim Saïdi et Meriem Raoui ont été convaincants. "A l'image des cinq candidats du film, il me fallait un casting hétéroclite, de vraies gueules. Le projet étant particulièrement physique ces cinq comédiens m'ont tout donné sur le tournage", explique-t-il. Résultat : Un film totalement libéré des contraintes généralement liées aux premières Âœuvres. La maîtrise technique est bien là, tout comme le scénario ou encore le jeu des acteurs. Certaines critiques vont dans le sens où le genre n'est pas suffisamment travaillé. On lui reproche également sa violence et même la "faiblesse du scénario". A ceux là, Talal répond humblement mais sûrement: "Certes, tuer pour un poste d'emploi semble irréaliste. Mais moi, je voulais plonger au plus profond de l'être humain. L'Homme est bipolaire, il n'est ni tout blanc ni tout noir. Je voulais jouer sur ce côté". "J'espère que ce sont des critiques constructives. Aujourd'hui je vois le film pour la première fois sur grand écran et je n'ai donc pas le recul nécessaire pour évaluer tous ces éléments", conclut le jeune cinéaste.