Présenté par la critique comme un sérieux prétendant à "l'Etoile d'or" (compétition officielle) à Marrakech, le film australien "Animal kingdom" n'a finalement pas tenu toutes ses promesses, pêchant par une trame qui a peiné à se mettre en place et des balbutiements d'expression artistique du réalisateur David Michôd, dont la première Âœuvre donne toutefois des gages pour l'avenir. Par Jamal CHIBLI Transposant la saga d'une famille de criminels de Melbourne, "Animal kingdom", projeté lundi en présence de membres de l'équipe du tournage, a chancelé entre le documentaire avec une succession saccadée de plans parfois sans lien logique et la recherche d'une certaine vision poétique de l'univers de la mafia, qui place les intérêts du clan au-dessus de toute considération. C'est du déjà-vu dans un film comme "Le parrain", mais on est restés à des années lumière de la maestria de Francis Ford Coppola et d'Al Pacino. Le film va, dès le début, pêcher par un long récit narratif du personnage central dont le propos n'aura finalement aucun rapport avec la suite des événements. Le scénario donnait des signes d'essoufflement dès le milieu de l'histoire, alors que l'objectif de l'auteur était de tenir le public en haleine avec une série de rebondissements agaçant à cause d'un suspense tiré par les cheveux. La trame se cristallise autour de l'adolescent Joshua acculé à se réfugier chez la famille de sa mère, après la mort de celle-ci sur overdose à l'héroïne. La grand-mère Janine n'a pas hésité à répondre prestement à l'appel de détresse de son petit-fils, longtemps protégé par sa mère de l'influence négative de ses oncles, des personnes brutales, sans éducation et s'adonnant à tous sortes de drogue, notamment la drogue. En un mot, on est bien dedans de la pègre australienne. Joshua tombera, petit à petit, sous l'emprise du monde des gangsters, persuadé qu'il peut se faire une place sous le soleil du crime. L'assassinat d'un membre du clan par des flics ripoux va propulser le film dans une ambiance d'une extrême violence. Poussé par un ardent sentiment de vendetta, le chef de la famille, Andrew "Pope" Cody, va entraîner les siens dans un affrontement avec la police. Harcelé par les enquêteurs, Joshua, le novice, va craquer à l'interrogatoire. Il devait, alors, choisir entre la loi ou l'allégeance au clan. Mais, il finira par se retourner définitivement contre les siens lorsque "Pope" tue sa fiancée par injection, de peur qu'elle fasse des aveux aux flics, prêts à tout pour débusquer les "Cody boys". L'épilogue apportera une réponse à toutes les interrogations. Joshua n'a pas témoigné au tribunal contre ses oncles, mais il est revenu au bercail pour appliquer la loi du talion : il a abattu "Pope" d'une balle à bout portant. Techniquement, "Animal kingdom" pâtit de certaines lacunes au niveau de l'écriture, des cadrages malheureux et des erreurs de montage, dues invraisemblablement au manque d'expérience du réalisateur, à qui la critique promet un avenir prometteur. Pour un début, certains égarements sont tolérables. David Michôm, dont le premier film a décroché le grand prix du festival de Sundance, a étudié les arts à l'université de Melbourne. Sa carrière de réalisateur a démarré dans les courts-métrages en 2006.