L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appelé, jeudi à Genève, les pays à davantage de vigilance en matière de surveillance de l'efficacité des antipaludéens afin de permettre la détection précoce d'une résistance à l'artémisinine. C'est l'une des conclusions du rapport mondial sur l'efficacité des antipaludéens et la pharmacorésistance (Global report on antimalarial drug efficacy and drug resistance: 2000-2010). Il se fonde sur 1.100 études conduites par les programmes nationaux de lutte antipaludique et des instituts de recherche au cours des 10 dernières années. Le rapport estime que seuls 34 pc des pays d'endémie palustre se conforment aux recommandations de l'OMS préconisant de surveiller systématiquement l'efficacité des antipaludéens de première et deuxième intentions. "Un engagement politique accru pour soutenir la surveillance nationale de l'efficacité des antipaludéens est essentiel pour prévenir l'émergence accrue de la résistance à l'artémisinine", selon l'OMS. En 2009, l'OMS a confirmé qu'une résistance à l'artémisinine était apparue à la frontière thaïlando-cambodgienne, mais bien que les sujets infectés aient été guéris suite à un traitement par une association médicamenteuse comportant de l'artémisinine (ACT), leur guérison a demandé davantage de temps. Dans les zones de résistance à l'artémisinine, les taux de guérison élevés observés dépendent en grande partie de l'efficacité de la composante autre que l'artémisinine de l'association. Néanmoins, il est constaté dans le rapport que les ACT actuellement recommandées par les programmes nationaux de lutte antipaludique restent efficaces pour le traitement du paludisme, avec des taux de guérison généralement supérieurs à 90 pc. L'Organisation s'inquiète également d'une éventuelle propagation de la résistance depuis la frontière thaïlando-cambodgienne jusqu'en Afrique, comme cela a été le cas avec des antipaludiques tels que la chloroquine et la lfadoxine/pyriméthamine dans les années 1960 et 1970.