La tension persiste toujours à Melilla occupée qui est le théâtre depuis mardi dernier de violents affrontements entre forces de l'ordre et des groupes de jeunes en colère, issus de quartiers périphériques majoritairement musulmans, contre leur marginalisation et leur exclusion des programmes sociaux, notamment ceux relatifs à l'emploi. Une nouvelle journée de protestation a été enregistrée, jeudi après midi, dans le préside occupé où un important dispositif policier, dont des renforts dépêchés depuis l'Espagne, a été déployé dans les quartiers de Canada de Hidum, Montecristina et Cabrerizas. Le trafic y a été coupé, pour éviter de plus violents incidents comme ceux enregistrés mardi et mercredi derniers. Les affrontements entre la police espagnole et des jeunes de Melilla avaient débuté mardi dans certaines zones de la ville occupée avant de s'étendre mercredi à d'autres quartiers. Pour rétablir un semblant de calme, les forces de l'ordre ont usé de grenades lacrymogènes en vue de disperser les foules, qui ont réagi en dressant des barricades et en incendiant des pneus et des bennes à ordures. Plusieurs véhicules ont été également incendiés. Jeudi après midi, la tension continuait d'être vive et plus d'une centaine d'habitants de ces quartiers, dans leur majorité des jeunes, ont manifesté contre leur condition sociale et leur marginalisation par les pouvoirs publics. Plus concrètement, les jeunes manifestants protestaient contre leur exclusion de programmes sociaux de la ville notamment après l'annonce par le "gouvernement local" d'une liste de bénéficiaires d'un programme d'embauche qui ne retient aucun habitant de ces quartiers périphériques. La situation sociale dans ces quartiers dits "marginaux" est explosive. Plusieurs familles n'ont aucune source de revenu et la majorité des habitants sont au chômage. Leur exclusion d'un programme d'embauche de plus de 1.300 personnes a été la goutte qui a fait déborder le vase. Inter : Melilla occupée : Des affrontements prévisibles Selon le Réseau de lutte contre la pauvreté à Melilla (EAPN), qui se base sur des chiffres d'une enquête sur les conditions de vie menée par l'Institut Espagnol de la Statistique (INE), près de 37 pc des foyers de Melilla vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2009, affirmant que la pauvreté s'est accentuée de plus de 4 pc par rapport à 2008. Et la situation risque encore d'empirer avec la crise économique qui frappe de plein fouet l'Espagne. De plus, le préside occupé vit principalement des échanges économiques avec le Maroc et les seuls emplois disponibles sont ceux proposés par les administrations de toutes sortes et nécessitent un niveau de scolarisation ou de formation qui fait défaut à ces jeunes qui sont victimes d'un système d'enseignement défaillant. Dans le quartier de la Canada de Hidum, où vivent quelque 8.000 habitants musulmans, la totalité des foyers ou presque est au chômage. "Nous avons à peine une formation, parce que nous n'avons pas pu étudier. Nous n'avons pas de travail, encore moins une perspective de trouver un emploi. Les gens ici sont désespérés et ils le sont encore davantage après avoir constaté que personne d'entre eux ne se trouve dans le programme d'embauche de la ville", tel est le témoignage poignant de l'un des habitants du préside à un journal local de Melilla. La presse de la péninsule préfère, elle, faire la sourde oreille. "La Canada de Hidum est un quartier qui continue d'être marginalisé et qui n'est courtisé que le temps d'élections où monts et merveilles sont promis par les partis politiques qui, une fois leurs objectifs atteints, nous ignorent. Y en a marre que l'on continue de nous exploiter et de nous prendre pour des crédules", s'indigne un autre habitant de ce quartier.