Le chercheur marocain Younès Messaddeq, titulaire de la chaire d'excellence en recherche du Canada (CERC) sur l'innovation en photonique dans le domaine de l'information et des communications, a dévoilé, vendredi après-midi, les grandes lignes de son ambitieux programme de recherche à l'Université Laval, au Québec. Cet événement s'est déroulé en présence notamment de l'Ambassadeur du Royaume du Maroc au Canada, Mme Nouzha Chekrouni, du recteur de l'Université Laval, Denis Brière, du vice-recteur à la recherche et à la création, Paul Fortier, des professeurs chercheurs et étudiants ainsi que des partenaires de la Chaire dont l'Institut national d'optique (INO) et l'entreprise CorActive. L'objectif de la Chaire est de concevoir de nouveaux matériaux vitreux et des fibres optiques de nouvelle génération afin de soutenir le développement des technologies dans des domaines comme la santé, l'environnement, l'agriculture et la sécurité, indique-t-on auprès de la Direction des communications de l'Université de Laval. Depuis le printemps dernier, l'équipe du professeur Messaddeq s'est affairée à mettre sur pied son laboratoire au pavillon d'Optique-photonique, sur le campus de l'Université Laval. Le laboratoire contient, entre autres, une tour de fibrage, laquelle permet de fabriquer de la fibre optique. La Chaire prévoit l'embauche d'une trentaine de personnes d'ici le printemps 2011 et comptera une cinquantaine d'étudiants aux cycles supérieurs, de chercheurs postdoctoraux et de professionnels de recherche lorsque tous les projets seront en selle. M. Messaddeq, expert reconnu dans le domaine des matériaux vitreux, a fait savoir qu'il planifie déjà l'organisation d'un premier colloque à la fin de l'été prochain en vue de rassembler ses nombreux collaborateurs des trois Amériques. La CERC de Younès Messaddeq mènera de front quatre projets majeurs. Les chercheurs travailleront dans les prochains mois à la création de dispositifs optiques qui permettront d'augmenter considérablement la transmission d'informations (données, sons et images). La combinaison actuelle de fibres optiques et de systèmes électroniques limite la quantité et la qualité de l'information qui alimente les ordinateurs, les appareils sans fil ou encore les décodeurs de télévision. L'objectif des chercheurs est de réaliser un réseau 100 pc optique dans lequel seuls les photons transmettraient l'information. Par ailleurs, l'équipe de la Chaire, en collaboration avec l'INO, travaillera à créer des capteurs optiques chimiques destinés à l'amélioration de l'agriculture. Selon le titulaire de la Chaire, "ces capteurs pourront contrôler très précisément en temps réel le taux des nutriments dans le sol (azote, phosphore et potassium). Ce processus permettra aux agriculteurs d'utiliser le bon dosage d'engrais au bon endroit et selon le type de culture". Une telle approche, qui s'inscrit tout à fait dans la politique de développement durable de l'Université Laval, ajoute-t-on, permettra de donner au sol juste ce dont il a besoin et de minimiser ainsi le risque de contamination des cours d'eau et des nappes phréatiques. Dans le domaine de la santé, les chercheurs entendent développer des fibres optiques complètement différentes qui serviront à améliorer les diagnostics et les interventions chirurgicales en dentisterie et en neurologie, par exemple. En parallèle, d'autres chercheurs de l'équipe Younès Messaddeq, en partenariat avec la firme CorActive, entreprise issue de la recherche en photonique au Québec, se consacreront au domaine de la sécurité et de la défense. Là aussi, la photonique de pointe permet le développement des matériaux à l'infrarouge qui viendront améliorer les systèmes d'imagerie, de télédétection et de téléguidage. On envisage des applications, par exemple, en matière de sécurité dans les aéroports, aux postes frontaliers et pour les systèmes satellites. Le professeur Messaddeq a développé un vaste réseau de collaborateurs à l'étranger qui viendront s'ajouter aux partenaires québécois et canadiens et permettront de donner un rayonnement international aux projets de la Chaire. Parmi ces collaborations, Younès Messaddeq inclut l'Institut national de photonique du Brésil, les universités de Bourgogne et de Rennes en France, et le réseau International Materials Institute for New Functionality in Glass, aux Etats-Unis. La CERC, sur l'innovation en photonique dans le domaine de l'information et des communications, bénéficie d'un budget de 28,1 millions de dollars pour les sept prochaines années. De cette somme, 10 millions de dollars proviennent du Programme des chaires d'excellence en recherche du Canada. L'Université Laval injecte, pour sa part, 7,4 millions de dollars pour soutenir directement le chercheur, son équipe et les étudiants, ainsi que pour embaucher du personnel et acheter de l'équipement. Divers partenaires fédéraux, provinciaux et privés contribuent financièrement à hauteur de 7,9 millions de dollars et ajoutent 2,8 millions de dollars en biens et services, selon la Direction des communications de l'Université de Laval.