Le Pr. Charles Saint-Prot, Directeur de l'Observatoire d'Etudes géopolitiques (OEG- basé en France), s'est dit persuadé, lundi soir à Paris, que le Maroc est déterminé à "s'engager sur la voie d'une véritable régionalisation", après l'installation par SM le Roi Mohammed VI de la Commission consultative de la régionalisation. "Cette volonté d'assouplir les rapports entre le centre et la périphérie ne relève pas de l'effet d'annonce", a affirmé M. Saint-Prot, lors d'une conférence de presse, soulignant que "le parachèvement de l'Etat de droit est l'une des préoccupations de SM le Roi". L'universitaire français a, par ailleurs, rappelé l'ouvrage collectif "Le Maroc en marche" réunissant les travaux d'un colloque organisé, en juin dernier au Sénat français, sur le thème "Le développement politique, social et économique du Maroc: réalisations (1999-2009) et perspectives". Lors de ce colloque, initié par l'OEG et la faculté de droit Paris Descartes, une quinzaine d'universitaires de plusieurs disciplines ont démontré que "le Maroc a un projet global ayant pour objectif un plus grand développement politique, social et économique", a-t-il ajouté, précisant que "la création de la Commission consultative de la régionalisation s'inscrit exactement dans ce projet global de développement". "Le 03 janvier, une nouvelle étape dans le processus a été franchie, une étape décisive avec l'installation de cette commission, chargée de remettre un rapport à SM le Roi fin juin 2010", a estimé le géo-politologue français. "En même temps, a-t-il poursuivi, le Souverain a fixé une +feuille de route+ où l'on voit se dessiner ce que sera sans doute la future réforme". Le Pr. Saint-Prot a ensuite livré des réflexions sur le projet marocain de régionalisation aux niveaux de la méthode, des principes et des objectifs. S'agissant de la méthode, la démarche est "imprégnée de pragmatisme", a-t-il dit, estimant que si le Maroc "veut réussir sa restructuration, il doit échapper au double écueil de l'improvisation et du mimétisme". Il s'est dit, toutefois, confiant que "la réforme sera faite sur mesure", en tenant compte des spécificités politiques et socio-économiques du Maroc. Evoquant les principes appelés à gouverner cette +régionalisation avancée+, le géo-politologue français a estimé qu'ils doivent se traduire par "une solidarité entre les régions", sans "remettre en cause l'unité de l'Etat, de la nation et du territoire dont le Roi est le garant". En d'autres termes, a-t-il expliqué, "la décentralisation ne doit pas conduire à une dislocation", car elle est conçue pour favoriser un renforcement de l'ensemble national, en suscitant une unité plus vivante et plus ouverte qu'auparavant". Concernant les objectifs, M. Saint-Prot a indiqué que d'une façon générale, cette réforme vise à "rénover les structures" et que la régionalisation avancée constitue "une étape essentielle dans le processus de mise en place de la démocratie locale" qui est "le socle de l'Etat moderne de droit". Il a relevé également que le projet de régionalisation se présente comme "un complément de l'initiative d'autonomie, présentée par le Maroc de manière à régler une fois pour toutes le conflit sur le Sahara marocain". Cette initiative, "considérée par les Nations Unies comme crédible et sérieuse", a recueilli "le soutien de nombreuses puissances, dont la France, les Etats Unis et la Grande Bretagne", a-t-il conclu. Initiée par l'Association des Femmes arabes de la presse et de la Communication, en collaboration avec l'OEG, cette conférence a été marquée par l'intervention du Pr. Abdelhamid El Ouali, membre de la Commission consultative de la régionalisation. La rencontre, tenue au Centre d'Accueil de la Presse étrangère à Paris, a donné lieu à un débat riche et franc avec un parterre de journalistes français et étrangers, ainsi qu'à des témoignages d'universitaires et intellectuels français, dont l'économiste Henri-Louis Védie. Les intervenants ont souligné l'effort de développement "gigantesque" déployé par le Maroc dans ses provinces sahariennes.