Une exposition intitulée "Rétrospective : vie juive au Maroc", s'est ouverte, jeudi soir à New York, marquant le coup d'envoi d'une année de festivités pour célébrer 2000 ans de présence juive dans le Royaume qui abrite l'une des communautés sépharades les plus "anciennes et les plus dynamiques". Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette manifestation organisée par la Fédération sépharade américaine (ASF) est un regard sur "2000 ans de la vie des Juifs au Maroc : dans le cadre d'un voyage épique", illustrant cette relation unique entre Musulmans et Juifs dans le Royaume. Cette relation se singularise à travers un riche patrimoine culturel et historique plusieurs fois millénaires et "ASF est honorée et heureuse de présenter cette série multidisciplinaire qui célèbre le legs de la culture judéo marocaine", a souligné à la MAP, le directeur exécutif de ASF, Stanley Urman. Cette manifestation qui s'étale sur une année abritera deux symposiums, des conférences, des concerts, un dîner de bienfaisance, un festival du film ainsi qu'un voyage au profit de 50 personnes pour visiter les villes/sites héritages et rencontrer les leaders de la communauté juive marocaine. "Notre but à la fédération est de promouvoir et renforcer l'histoire culturelle, spirituelle et les traditions sociétales des communautés sépharades ainsi que de consolider leur place", a expliqué Stanley Urman pour qui cette expérience unique a permis à cette communauté de s'épanouir et de pratiquer son culte librement et ouvertement, grâce à la protection des Souverains Alaouites et à la tolérance de la société musulmane marocaine. Il s'agira dans le cadre de ces festivités de valoriser un patrimoine commun à plus d'un égard (historique, religieux et culturel) grâce à la cohabitation entre diverses cultures et religions. "Le judaïsme dans ce pays d'Afrique du nord a été influencé par les cultures arabes, berbères, espagnols et françaises", fait observer Stanley Urman, ajoutant que ce patrimoine commun est le socle d'un dialogue interculturel et interreligieux constructif. La manifestation se veut aussi une fenêtre sur l'histoire des juifs marocains que l'on découvrira tout au long de l'exposition à travers des photos, des affiches artistiques, documents, lithographie, des gravures, et autres supports visuels qui racontent le vécu de cette communauté au quotidien. Dans la galerie du centre ASF, le visiteur découvrira des photos de juifs en deuil après la disparition du père de la Nation, feu SM Mohammed V. D'autres montrant des délégations juives reçues par le Roi défunt SM Hassan II. Ou encore une photo de SM le Roi Mohammed VI, dont la légende met en exergue la sollicitude dont le Souverain entoure Ses sujets juifs.
Plus loin, ce sont des tableaux de jeunes filles en costumes berbères. Là, un atelier de bijouterie ou encore des synagogues parmi les plus anciennes du Maroc à Oufrane (Sud) et Marrakech. Des documents mettant en exergue l'intérêt des autorités marocaines à l'égard des établissements scolaires juifs. D'autres attestant de l'arrivée des premiers juifs marocains aux Etats-Unis complètent ce retour aux origines. "Ceci est un aperçu sur la présence juive et son épanouissement dans les temps anciens et modernes du Maroc", explique le commissaire de l'exposition Shelomo Alfassa, lui-même, originaire de Fes. C'est également une occasion de sensibiliser et d'enseigner à la communauté ashkénaze, très nombreuse aux Etats-Unis, l'apport des Sépharades marocains aux communautés juives à travers le monde. Il est "intéressant de savoir que sur le plan linguistique", le dialecte judéo-arabe parlé dans la péninsule arabique, après l'avènement de l'Islam, était la langue de la créativité artistique et culturel, de la spiritualité et le moyen d'expression le plus usité dans le langage populaire et le Maroc occupe "une place importante à cet égard ", a dit le Professeur Norman Stillman, titulaire de la chaire de l'histoire du Judaïsme à l'université de l'Oklahoma. Le Maroc a également abrité la communauté juive sépharade la plus importante. Cette population n'était pas uniquement concentrée dans les centres urbains comme c'était le cas ailleurs, mais également implantée en milieu rural et dans les zones de montagne, a révélé M. Stillman, qui s'est rendu à de nombreuses reprises au Maroc dans le cadre de ses travaux de recherche. Ce qui dénote, selon lui, que la culture juive marocaine et le judaïsme sépharade sont enracinés depuis des temps immémoriaux dans la réalité marocaine. Si l'on excepte la religion et ce qui relève de la sphère privée, dit-il, il est évident que minorité juive et majorité musulmane ont toujours eu en partage les mêmes langues, la même culture, savante et surtout populaire. Même dans les temps les plus difficiles, au 12eme siècle, le Maroc est resté un foyer de grande créativité pour cette communauté, insiste-t-il.