L'émergence de nouveaux modes de diffusion audiovisuelle, à la faveur d'une révolution numérique sans limite, incite les instances de régulation à explorer de nouvelles voies afin de continuer de s'acquitter de leur mission avec sérieux et efficacité pour protéger notamment les enfants, un public jeune et vulnérable. - Mohammed Réda Braim - Pour débattre et examiner des réponses urgentes et efficaces à apporter à cette nouvelle réalité, qui s'invite avec force dans le paysage audiovisuel des pays du bassin méditerranéen, les présidents du Réseau des instances de régulation méditerranéens (RIRM) se sont réunis, jeudi et vendredi derniers à Istanbul, dans le cadre de leur 12-ème Assemblée plénière. Cette conférence a été une opportunité pour débattre de "questions qui intéressent la pratique de la régulation de l'audiovisuel dans le bassin méditerranéen", a déclaré à MAP-Istanbul M. Ahmed Ghazali, président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA). "La télévision et la radio diffuées via Internet et d'autres nouveaux modes de diffusion de l'audiovisuel posent de nouveaux problèmes pour nous en tant que régulateurs pour continuer à réguler de façon sérieuse", a-t-il dit. Dans ce cadre, la HACA, par la voix de Mme Naim El Mcherqui, membre du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA), a appelé pour une "régulation adaptée" et pour le renforcement de la co-régulation entre les pays membres du RIRM pour faire face à un secteur audiovisuel qui devient un paysage multimédias de plus en plus mondialisé présentant de nombreux facteurs de risque pour le jeune public. L'IMAGE DE LA FEMME UN AUTRE SUJET QUI INTERESSE LE RIRM Les présidents du RIRM se sont penchés également sur la question de l'image de la femme dans les médias audiovisuels, relevant que cette image continue d'être véhiculée avec des stéréotypes et une atteinte ostentatoire à la dignité de la gent féminine. A cet égard, M. Ghazali n'est pas allé par quatre chemins pour critiquer "les médias audiovisuels qui ne mettent pas suffisamment en valeur les nouveaux rôles de la femme" au Maroc, un pays animé pourtant d'une forte volonté politique pour inscrire la question de la femme dans sa dynamique de développement. Les médias audiovisuels continuent d'entériner des perceptions stéréotypées et dévalorisantes sur la femme marocaine, contribuant ainsi à entretenir le hiatus entre la valeur réelle de la femme marocaine et l'image que l'on se fait d'elle, a-t-il souligné. Les femmes ne représentent que 11 pc de l'ensemble des interventions politiques dans les médias audiovisuels marocain, une part qui n'a cessé de régresser passant de 12,8 pc en 2007 à 7,65 pc seulement en 2010. L'image de la femme dans l'audiovisuel est une question qui interpelle tout le monde, a souligné M. Ghazali, qui a mis l'accent sur l'incapacité de l'audiovisuel à suivre l'évolution du statut de la femme notamment dans l'économie, la société, le politique et le culturel et "continue donc à restituer une image qui est en décalage par rapport à la réalité de la femme dans nos sociétés". LE MAROC, UN MEMBRE "AUDIBLE ET VISIBLE" AU SEIN DU RIRM La conférence d'Istanbul a été donc une occasion pour échanger sur ces deux sujets majeurs qui intéressent les pays membres du RIRM, un réseau qui a acquis au fils des années l'expérience et la maturité nécessaires pour devenir une structure "professionnelle et opérationnelle qui apporte de la valeur ajoutée à chacun des membres", a tenu à préciser le président de la HACA. "Les instances membres du Réseau ont appris à anticiper et à travailler à l'amont à travers un secrétariat permanent et une commission technique, dont le Marco a été l'initiateur", a-t-il indiqué. En effet, le Maroc, devenu en 2005 le premier membre permanent du Réseau du sud de la Méditerranée, s'est imposé très vite comme un acteur actif et un membre "audible et visible". Cette place au sein du RIRM, le Maroc la doit essentiellement à l'intérêt que représente la libéralisation de son secteur audiovisuel et à ses articulations avec le Conseil de l'Europe, l'UE et ses pays membres. L'expérience de la régulation audiovisuelle au Maroc suscite beaucoup d'intérêt au sein du RIRM parce qu'elle restitue "une régulation attentive à inscrire le Maroc dans une démarche d'évolution positive dans le sillage de ce qui se passe en Europe, mais aussi avec des particularités qui sont les nôtres dans le sud de la Méditerranée", a estimé le président de la HACA. Le Maroc avait abrité l'Assemblée plénière du RIRM en 2008, une réunion qui a été sanctionnée par la déclaration de Marrakech, adoptée lors de l'Assemblée de Reggio de Calabri (Italie), dont la présidence a été assurée par le Maroc. La réunion d'Istanbul a adopté l'amendement du statut du Réseau pour permettre à des réseaux régionaux de devenir membres à côté de régulateurs nationaux, comme proposé par le Maroc, la désignation de Malte comme vice-président et la création d'un siège permanent du Réseau à Barcelone dans le sillage de l'Union pour la Méditerranée (UPM). La 12ème Assemblée plénière des présidents du RIRM a clôturé vendredi ses travaux avec l'attribution de la présidence au Conseil suprême de la radio-télévision de Turquie. Créé en 1997 à l'initiative du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) français et du Conseil de l'Audiovisuel catalan (CAC), le RIRM vise à renforcer les liens culturels et historiques qui existent entre les deux rives de la Méditerranée et permettre aux instances de régulation indépendantes du Bassin méditerranéen, dans le contexte de la mondialisation, d'identifier les enjeux communs auxquels elles sont confrontées.