Au moment où la région du Maghreb progresse dans la démocratie, la consolidation de l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, l'Algérie régresse et utilise le Maroc comme exutoire à ses propres problèmes internes et ses atteintes aux droits de l'homme, a affirmé, vendredi à Genève, l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations Unies, M. Omar Hilale. Répondant au délégué algérien, qui a évoqué la situation des droits de l'homme dans les provinces du sud du Maroc, lors du débat sur les "situations qui requièrent l'attention du Conseil", dans le cadre de la 15ème session du Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU, M. Hilale a souligné que l'Algérie n'est pas bien placée pour donner des leçons au Maroc en matière des droits de l'homme et que l'instrumentalisation par Alger de ces droits au Sahara marocain n'est que la continuation, par d'autres moyens, de sa politique hostile à l'égard de l'intégrité territoriale du Maroc. "Que la délégation algérienne jette un regard sur le registre de son propre pays sur les droits de l'Homme. Cela l'incitera à plus de modestie et de responsabilité", a lancé le diplomate marocain, signalant que depuis plusieurs années, l'Algérie fait la Une des rapports annuels et spéciaux des ONG et des mécanismes onusiens des droits de l'Homme. Ces derniers, a-t-il précisé, dénoncent unanimement les violations systématiques et continues des droits de l'Homme en Algérie et interpellent la communauté internationale pour l'inciter à assumer ses obligations tant nationales qu'internationales, en matière de respect des droits de l'homme et des libertés individuelles et publiques. Il a fait savoir que l'année 2010 est celle de tous les records de dénonciations de ces violations, invitant la délégation algérienne à répondre aux rapports accablants des ONG et mécanismes onusiens pour la seule année 2010, au lieu de faire une fixation sur le Maroc. L'ambassadeur marocain a cité, à cet égard, le communiqué conjoint de quatre ONG du 13 août 2010, Amnesty International, l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme (un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme et de l'Organisation mondiale contre la torture) et le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme (REMDH), qui déplorent les démarches entreprises par les autorités algériennes en vue de réduire au silence les familles des victimes des disparitions forcées en ayant recours à la violence pour disperser leurs deux dernières manifestations pacifiques hebdomadaires. Il a aussi cité le Rapport de Human Rights Watch de 2010 qui précise que l'Algérie a continué de connaître des violations généralisées des droits de l'Homme, et celui d'Amnesty International de la même année, qui a révélé que "des défenseurs des droits humains, des journalistes et d'autres personnes ont fait l'objet de poursuites, notamment pour diffamation, pour avoir dénoncé la situation des droits humains dans le pays". Le diplomate marocain s'est également référé au rapport du département d'Etat américain de 2009 sur la situation des droits de l'Homme en Algérie, qui indique que "la torture continue dans les centres de détention", ainsi qu'au rapport de la FIDH et de l'OMCT de l'année en cours, qui confirment les conclusions de ces rapports sur l'état de fébrilité et de grande précarité de la situation des droits de l'Homme en Algérie. "S'il y a un territoire qui devrait requérir l'attention du conseil c'est bien celui de l'Algérie en général, et des camps de Tindouf en particulier", a relevé M. Hilale, expliquant que ces deux zones demeurent fermées aux ONG internationales, aux délégations officielles et à la presse internationale. Bien plus, a-t-il ajouté, les ONG internationales et les mécanismes onusiens des droits de l'Homme sont toujours frappés d'interdiction d'accès en Algérie. Il a ajouté que ces violations des droits humains persistent dans les camps de Tindouf, où des milliers de Marocains sont maintenus dans la séquestration depuis des décennies afin de servir l'agenda politique interne et régional de l'Algérie.