Le Haut commissariat au Plan (HCP) a procédé à une simulation sur l'impact de deux mesures fiscales, qui fait ressortir que la réduction du niveau de l'impôt sur les sociétés (IS) et le réaménagement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) permettraient de relancer l'activité économique. Selon cette simulation, l'une de ces mesures porterait sur la réduction de 30 à 25 pc de l'IS, alors que la seconde consisterait en le réaménagement de la TVA à travers la baisse de son taux supérieur de 20 à 16 pc et le regroupement des autres taux (7 pc, 10 pc et 14 pc) en un seul taux autour de 10 pc. Ces mesures sont à même "de relancer l'activité économique par leurs effets sur l'offre et la demande et d'améliorer les niveaux de vie des ménages", selon le HCP, qui estime cependant qu'elles "induiraient une détérioration des équilibres macroéconomiques interne et externe". + EFFETS MACROECONOMIQUES: SURPLUS DE CROISSANCE DU PIB ET D'INVESTISSENT+ Sur le plan macroéconomique, les effets cumulés des deux mesures à moyen terme (entre 2011 et 2015), conduiraient à un surplus de croissance, de 0,36 pc en 2011, induit par les surcroîts de la consommation finale des ménages et de l'investissement qui auraient atteint respectivement 0,67 pc et 0,43 pc en 2011. Les surplus de croissance du PIB et d'investissement atteindraient leurs niveaux les plus élevés à moyen terme, soient respectivement 0,88 pc et 2,69 pc en 2015. En matière d'emploi, les nouvelles créations atteindraient 58.000 emplois supplémentaires en 2015. Pour cette même année, le nombre de chômeurs baisserait de 39.597, nombre inférieur aux créations d'emploi à cause des effets de flexion d'activité. Concernant les prix, leur baisse se stabiliserait autour de 1,06 pc vers l'année 2015 et induirait une augmentation du revenu réel des ménages qui atteindrait un surcroît de 0,67 pc par rapport à son niveau tendanciel. Par ailleurs, les deux mesures fiscales se traduiraient par un effet multiplicateur davantage en faveur des importations, estime le HCP, précisant qu'elles assureraient également des recettes fiscales supplémentaires, sous l'effet de la relance économique, mais qui resteraient limitées pour compenser la moins value fiscale due aux baisses des niveaux des taux d'impôts simulés. De leur côté, la balance commerciale et le solde budgétaire seraient ainsi en dégradation. Le déficit commercial s'accentuerait de 0,74 pc en pourcentage du PIB en 2015 et le déficit budgétaire de 0,80 pc. + EFFETS MICROECONOMIQUES: AMELIORATION DU NIVEAU DE VIE+ Concernant les aspects microéconomiques, l'étude appréhende les effets des deux mesures de politiques publiques sur les niveaux de vie des ménages, notamment la pauvreté, les inégalités et la mobilité sociale. Il se dégage une amélioration du niveau de vie de la population avec une réduction de la pauvreté qui passerait à 8,5 pc et 8,9 pc sous l'effet respectif de la réduction de la TVA et de l'IS au lieu de 9 pc dans la situation de base. La vulnérabilité connaitrait aussi une réduction de 14 pc et de 3 pc respectivement selon les deux mesures. Cependant, ces deux politiques n'auraient pas d'effets notables sur les inégalités. Les deux mesures engendreraient globalement une mobilité sociale ascendante qui induirait une nouvelle structure des dépenses de consommation. Ainsi, la part de la classe des modestes dans les dépenses totales de consommation passerait à 10,9 pc et à 12 pc au lieu de 12,3 pc dans la situation de base sous l'effet respectif de la baisse de la TVA et de l'IS. La classe moyenne, de son côté, connaitrait une augmentation de son niveau de vie. Sa part dans la consommation totale atteindrait presque 55 pc au lieu de 54 pc dans les dépenses de consommation totale. Ces évaluations, précise le HCP, ont été opérées sur la base de deux modèles élaborés par le Haut Commissariat au Plan. Le premier est un modèle macro-économétrique de nature néo-keynésienne élaboré sur les données des comptes nationaux, base 1998, et retrace l'évolution de l'économie marocaine sur toute la période 1990-2008. Le second est un modèle d'équilibre général calculable en micro-simulation élaboré sur la base des données de la matrice de comptabilité sociale de 2007, réconciliées avec celles de l'enquête nationale sur les niveaux de vie et la consommation des ménages de 2007.