Par: Jalil El Outmani 1) La transparence Le contexte de ces premières Législatives de la nouvelle constitution a été caractérisé par la discussion de la loi relative à la chambre des représentants durant plusieurs semaines avant le vote. Mis à part quelques actes de manipulation isolés, ces législatives se sont déroulées dans un climat de transparence, en présence de plus de 4.000 observateurs internationaux… Aucune intervention de l'Etat dans les résultats n'a été signalée par aucun parti ou observateur. 2) Le taux de participation Le taux de participation était la grande inconnue de ces législatives vu que tous les acteurs politiques gardent le mauvais souvenir de 2007. Le Ministère de l'Intérieur, les Partis politiques et la Société civile ont œuvré pour inciter les citoyens à voter. 13.475.435 électeurs étaient invités à aller aux urnes éparpillés sur 38.190 Bureaux de votes Le Taux annoncé par le Ministère de l'intérieur variait selon la journée : 11.5% à12h00, 22.40% à 15h00, 34.0% à 17h00 Le Scrutin a connu un taux de 45% qui reste très honorable vu 3 facteurs : Primo, Le contexte international caractérisé par la crise internationale et le printemps arabe. Le Taux de participation connait un revirement pour la 1ère fois, un taux qui n'a cessé de baisser depuis 1977 : 82.36% le 03.06.1977, 67.43% le 14.09.1984, 62.75% le 25.06.1993, 58.30% le 14.11.1997, 51.61% le 27.09.2002, (avec 15% des bulletins nuls) 37.50% le 07.09.2007, (avec 19% des bulletins nuls) Les législatives 2011 ont connu un appel au boycott de la part des partis de la Gauche radicale (Le PSU a participé aux Législatives 2007) et des mouvements contestataires qui descendent à la rue chaque dimanche. 3) Le parti Gagnant LE PJD, reste et de très loin, le grand gagnant de ces législatives, il double sa présence de 14% à 27% du nombre de sièges C'est le Premier parti marocain qui réalise un taux supérieur de 20%, cela n'est pas arrivé depuis la victoire de l'UC en 1984. Le PJD a bien préparé sa campagne : Un programme réalisé depuis 2 ans, un excellent bilan parlementaire où il s'accapare 74% des questions écrites, Un vent de changement suite au printemps arabe qui le favorise vu son passé vierge et sa bonne démocratie interne et enfin un discours qui a misé sur la corruption, le mot qui a fait sortir les contestataires… Il aurait pu faire mal si ces législatives étaient organisées en juin 2012. 4) Les gagnants Incontestablement, Abdelilah Benkirane reste le plus grand gagnant au niveau personnel. Il a travaillé sa communication depuis un certain 5 avril 2011 : Invité chez Hiwar de Mostafa Alaoui, il a clamé « Je suis déjà prêt pour le poste de Premier Ministre ? » Il a su contrecarrer le G8 grâce à son charisme et son discours sans langue de bois et qui touche le citoyen lambda … 5) Le Parti perdant Le 1er parti perdant, dans toutes les démocraties du monde, est le parti qui dirige la majorité sortante et c'est l'Istiqlal, il perd un point et il passe de 16% en 2007 à 15% en 2011. Abbas vit son 3ème mandat exceptionnel et le dernier. Il est arrivé au bout du souffle. Le 2ème parti perdant est un groupe de 8 partis qui se alliés pour contrer le PJD. Ils étaient 8 guidés par le RNI comme éclaireur et une télécommande chez le PAM pour donner une alliance pour la démocratie Le RNI briguait la 1ère place, il a été battu par le PJd et pire, il n'a même pas assuré la 2ème place. Le RNI a perdu les présidences des 2 chambres depuis l'investiture de Mezouar en tant que président du RNI en janvier 2010 à Marrakech. Mezouar survivra t-il au prochain congrès ? Le PAM, le parti qui a perdu le plus de plumes 12% de sièges pour un parti qui a pris 20% aux Municipales 2009 et qui passe du 1er Groupe parlementaire au 4ème. Biadiallah avouera-t-il son échec? Biadillah a perdu bcp de sièges, et on voit mal comment ses députés vont jouer l'opposition alors qu'ils se préparés pour gouverner ! Le PAM représente tout au point de présenter une Liste à Tinghir avec 3 membres de la même famille ! Le MP est le grand perdant des trois composantes du G8 : en plus de la transhumance dont il a souffert depuis 2007, il se dégringole de la 3ème force politique en 2007 à la 6ème place. Son SG Laenser l'a reconnu, une première dans les annales de la politique marocaine Un dernier perdant est l'USFP qui continue sa dégringolade depuis 2002 (52 sièges / 325), son histoire le hante et son passage au Gouvernement 2007 (38 sièges / 325) reste inexpliqué au point qu'il est sanctionné par ses propres militants ! Le Sac à dos vide de ElYazghi n'est pas prêt d'être oubliée. 6) Les Perdants Le 1er grand perdant au niveau personnel est Mezouar : Son parti ne s'est pas classé que 3ème au lieu de la 1ère mais il s'est classé personnellement 2ème au niveau de sa circonscription Meknes et derrière qui ? Abdellah Bouanou du PJD qui a pu décrocher 2 sièges !! à titre de comparaison : Benkirane a décroché2 sièges dans circonscription de Salé Le 2ème grand perdant est Lanser : Il avoué lui-même sa défaite et il assume sa responsabilité… Après 25 ans, il est temps de quitter le navire ! Il a déjà souffert de l'introduction du PAM dans la scène politique, son erreur d'allier au G8 Le 3ème perdant est Radi, Il dit toujours que les résultats sont bons, mais quand est-ce-qu'il dira enfin que ces résultats étaient mauvais ! Le 4ème perdant de ces législatives est un Ex-Ministre (Secrétaire d'Etat aux PME, Ex-Syndicaliste qui était obligé de quitter les circonscriptions de la mort (Rabat Chellah) pour espérer gagner à Bzou (circonscription Azilal), cela nous laisse perplexe pourquoi le choix de Bzou ? Il y a surement une pièce qui manque au puzzle… Bon il a encore perdu, Il est un porte malheur ! et le G8 n'étais pas épargné ! Le dernier perdant est Thami Khyari, le fondateur du FFD (Front des Forces Démocratiques) qui reste aux commandes depuis qu'il a quitté le PPS. Son parti a gagné un seul siège ! La petite porte et grandement ouverte pour aller à la retraite. 7) La grosse erreur La grosse erreur politique reste sans doute le G8 : dans un environnement caractérisé par le printemps arabe, des partis à référentiel religieux qui gagnent chez les voisins tunisiens et en Turquie, le RNI n'a vu comme stratégie que d'isoler le PJD. Cela a eu l'effet de Boomerang : Le PJD est devenu la cible des attaques des RNIstes, ce qui lui a valu la victime que tout le monde veut défendre. Le G8 était une alliance contre nature, une alliance pour gagner à tout prix les élections et non Comment les gagner, une alliance qui n'a pas présenté de têtes nouvelles, Une alliance qui a trop défendu un pseudo projet de modernité, une alliance qui a cherché à diaboliser le PJD et le montrer comme un épouvantail. En somme, ils se sont trompés : La grosse erreur. Une autre grosse erreur pour tous les partis : Ils n'ont pas présenté des femmes et des jeunes sur les têtes de liste locales. Résultat : 7 femmes élues des listes locales sur 305. Les résultats PJD : 107 sièges (Parti de la Justice et du Développement) 83 Listes Locales + 16 Femmes + 8 Jeunes Istiqlal : 60 sièges (Parti de l'Istiqlal) 43 Listes Locales + 9 Femmes + 4 Jeunes RNI : 52 sièges (Rassemblement National des Indépendants) 40 Listes Locales + 8 Femmes + 4 Jeunes PAM : 47 sièges (Parti Authenticité et Modernité) 35 Listes Locales + 8 Femmes + 4 Jeunes USFP : 39 sièges (Union Socialiste des Forces Populaires) 30 Listes Locales + 6 Femmes + 3 Jeunes MP : 32 sièges (Mouvement Populaire) 24 Listes Locales + 6 Femmes + 2 Jeunes UC : 23 sièges (Union Constitutionnelle) 17 Listes Locales + 4 Femmes + 2 Jeunes PPS : 18 sièges (Parti du Progrès et du Socialisme) 12 Listes Locales + 4 Femmes + 2 Jeunes PT : 4 sièges (Parti travailliste) MDS : 2 sièges (Mouvement Démocratique et Social) PRE : 2 sièges (Parti du Renouveau et de l'Equité) PEDD : 2 sièges (Parti de l'Environnement et du Développement Durable) PAD : 2 sièges (Parti Al Ahd Addimocrati) PGV : 1 siège (Parti de la Gauche Verte) PLJS : 1 siège (Parti de la Liberté et de la Justice Sociale) FFD : 1 siège (Front des Forces Démocratiques) PA : 1 siège (Parti de l'Action) PUD : 1 siège (Parti Unité et Démocratie)