L'éviction des MRE des élections législatives de novembre 2011 est bel et bien actée. Le sort est jeté et rien ne va plus. C'est la grande embrouille. 1- Circulez, il n'y a plus rien à voir L'image qui vient à l'esprit, pour expliquer cette situation ubuesque que vivent les MRE en ces temps électoraux, est celle d'un boxeur valeureux mais sonné qui tente de se relever pour poursuivre le combat et peine à comprendre ce qui lui arrive. Le plus triste dans l'histoire, c'est qu'il est KO non pas que son adversaire est meilleur, mais que celui-ci a mis un morceau de ferraille dans son gant et l'arbitre dans sa poche. Ce boxeur méritant, respectueux des règles du noble art, qui quitte le ring vaincu, a deux options possibles : ranger les gants au placard ou préparer sa revanche pour sauver son honneur et rétablir sa dignité, bafouée par un adversaire, tricheur avéré. Le MRE, tel ce boxeur vaillant, s'est fait éjecté manu militari du champ politique et électoral national par défaut ; sans même combattre. Il s'est vu dépouillé de ses droits constitutionnels et proposé en lieu et place une «procuration-provocation », bien au-deçà de toute attente et espérance. Sonné, il cherche à savoir d'où est venu le coup fatal; celui du KO, celui qui l'a mis électoralement hors jeu pour les législatives de novembre 2011. Est-ce le fait de la mollesse et de l'inconsistance des partis politiques qui n'ont pas su assumer leur rôle devant l'histoire pour que vive et prospère l'égalité devant la citoyenneté, en défendant les droits civiques des MRE ? Est-ce que ce terrible KO, incombe à ce fabuleux Conseil, le CCME, censé être proche d'eux, fait pour eux, à l'écoute de leurs doléances, qui s'est évertué durant quatre années à les humilier ? Est-ce la faute à un gouvernement qui, embourbé dans ses difficultés et contradictions, obsédé par sa propre survie, les a tout bêtement rayés de son agenda politique ? Les MRE sont-ils, tout compte fait, les victimes expiatoires de la jonction de tous ces facteurs, ces manquements au devoir, ces faiblesses et ces lâchetés ? 2- Cherchez l'erreur Comprendre les raisons de cette exclusion systématique, généralisée et orchestrée qui s'est abattue sur les MRE, relève de la haute voltige. C'est véritablement un mystère et une énigme politique. Il y a à la fois du machiavélisme, du surréalisme et de l'absurde. Près de 5 millions de marocains sont dépouillés de leurs droits civiques avec une légèreté et une facilité déconcertantes, dans l'indifférence générale. Comment est ce possible ? Cherchez donc l'erreur !!! En ces temps un peu bizarres, un peu particuliers, tout fonctionne à l'envers. On marche sur la tête. Aujourd'hui, les partis dits « progressistes », rasent les murs après avoir tourné le dos aux plus élémentaires des principes qui fondent leurs doctrines et ont fait leur histoire : l'égalité, la justice, la dignité… Les exclus et les bannis d'hier se transformèrent du jour au lendemain en maîtres à exclure et à bannir. Les « pestiférés » d'hier devinrent les gardiens de temples sacrés où les liseurs de cartes et diseurs d'oracles font légion. Pauvres temples !!! Pauvres partis !!! En ces temps bizarroïdes prêcher pour les droits civiques des MRE c'est comme prêcher dans le désert. Evoquer leur participation politique, c'est provoquer la colère d'un diable, langue fourchue, plume dégoulinant de haine, tapi dans l'ombre. Dire qu'ils sont victimes d'un déni de droit ou que leurs droits constitutionnels sont bafoués, c'est comme souffler sur des braises ou tirer sur une ambulance. Dire tout cela de nos jours, c'est commettre un délit, c'est être taxé de « démagogue ». Quelles crédibilité et confiance peut-on donc après tout cela et dans de telles circonstances, accorder à ces partis politiques qualifiés de « Grands » qui ont claironné il y a peu à la gloire de la nouvelle Constitution, mais qui cautionnent aujourd'hui une atteinte caractérisée à quatre de ses articles ? Que peut-on espérer de meilleur d'un Conseil, mal aimé, produit d'un processus décrié, qui a passé 4 années à faire la généalogie de l'aiguille et de la roue, à gloser sur le « sexe des anges » et à explorer des zones marécageuses à coup de millions de MRE-euros (ou de MRE-dirhams) à la recherche de miraculeuses réponses aux besoins (déjà bien identifiés) des MRE ? 3- Osons et agissons maintenant Nonobstant, la cause MRE est aujourd'hui orpheline et l'issue de ce processus d'exclusion et d'humiliation des MRE est peu réjouissante. Osons donc dire, tous ensemble, haut et fort, afin que nos cris puissent traverser les mers et les océans et percer les murs des cabinets et des antichambres, afin qu'ils arrivent là haut, là où tout est possible, là où tout est clairvoyance et sagesse et sollicitude pour ce pays, que la tasse est pleine et que le chaudron bouille dangereusement. Osons dire que pour sauvegarder l'essentiel (liens des jeunes MRE avec leur pays), il faut absolument tordre le cou à cette pensée systématique et rancunière, alimentée par une clique sans légitimité ni vision, qui fait de l'idée même de l'accès du MRE à une citoyenneté effective, sa bête noire. Osons dire que cela suffit et qu'il est grand temps de mettre un terme à cette supercherie qui dénature les causes MRE et dont la vocation première se limite au sabordage de leurs droits politiques et électoraux. Agissons vite et bien pour que les MRE, qui ont perdu l'espoir, puissent retrouver l'espérance. L'espérance que de cette dure épreuve, que de ce nouvel épisode (législatives de 2011), peut sortir un bien. L'espérance qu'un jour les ennemis de la démocratie, ceux qui à coup de subterfuges et de rapports fallacieux sabordent les droits civiques des MRE, soient à découvert et nus devant la Nation et devant l'histoire. C'est inévitable ; la roue de l'histoire tourne. Agissons donc, proposons, écrivons, dénonçons, gardons l'espoir et l'espérance à la fois, manifestons dans l'ordre et la discipline, continuons à défendre bec et ongle, partout, les intérêts vitaux et les causes légitimes de notre pays, le Maroc, mais, surtout, je vous en conjure, ne jetons pas l'éponge. Ne leur faisons pas ce plaisir … Par : Mohammed Mraizika (Chercheur en Sciences Sociales et en Ingénierie Culturelle)