Par Mohammed MRAIZIKA * Quatre des 180 articles du projet constitutionnel (Titre I, articles 16,17, 18 et art.163) leur sont spécialement dédiés. Ces articles posent clairement les principes de la protection de leurs droits et intérêts, du développement de leurs liens culturels avec le Maroc, de « la préservation de leur identité nationale », de l'exercice efficient et plein de la citoyenneté, de leur contribution aux progrès et au développement humain de leur pays. La nouvelle constitution innove en la matière en appelant toutes les instances de l'Etat à œuvrer pour que ces droits et ces libertés soient garantis et promus. D'autres articles, consacrés à la défense et à la promotion des libertés publiques, à la bonne gouvernance, à l'égalité économique et sociale, à la parité et à la justice destinée à l'ensemble de la communauté nationale, les concernent également et d'office. Et comme pour rattraper le temps perdu et réparer les insuffisances, le découpage administratif des circonscriptions consulaires se rationalise et se précise au grand bonheur des MRE. En Ile-de-France, le département 91 est désormais attaché au Consulat général d'Orly dont la création est une véritable aubaine et un objet de satisfaction pour des milliers de MRE. Non seulement ce consulat soulage son homologue de Villemomble de milliers de dossiers MRE qui lui incombaient, mais, en jouant la carte de la proximité, la qualité de l'accueil et de l'écoute, l'intégration dans son environnement local (municipal, préfectoral, associatif), il a su inscrire d'emblée sa mission et son action dans le sens du changement tant attendu par les MRE. Notre espoir aujourd'hui est que le futur Consulat général dont l'implantation est prévue à Mantes la Jolie, qui viendra à son tour diminuer la charge et la pression qui pèsent sur celui de Pontoise (95), suive cet exemple et permette l'avènement d'un dispositif consulaire rationnel, cohérent et efficace, qui fait honneur à notre pays et répond aux attentes et besoins des MRE. Cette évolution consulaire, qualitative, est finalement un signe tangible du vent de changement qui souffle sur notre pays. C'est l'indice le plus parlant d'une volonté politique nationale qui vise à faire de la bonne administration de nos Consulats, de la bonne gestion et de la proximité avec les citoyens-administrés MRE, quelques unes de ses priorités. Prions donc pour que ce « printemps MRE » soit éternel et bénéfique pour tous (le pays et les générations MRE futures) ; Prions pour que les « forces de résistance » et les spécialistes du dénigrement (cf. les écrits et les déclarations inopinées qui pullulent ces jours derniers) ne puissent plus contrarier la volonté du changement que connait notre pays, que ces forces ne puissent plus jamais nuire aux intérêts (notamment politiques) des MRE et que leurs prometteurs et animateurs chichement rémunérés ne puissent plus s'approcher de la gestion de leurs affaires ; Prions pour que le Conseil des MRE (CCME) qui sera constitutionalisé et dont le mandat arrive bientôt à échéance, puisse retrouver sa vraie vocation et exercer sa vraie mission (cf. article 163) pour et avec les MRE ; Prions pour que l'écart entre le DIRE (promesses) et le FAIRE (réalisations) ne soit plus, en termes de gestion des affaires des MRE, aussi grand que par le passé. Le principe de séparation des pouvoirs hautement valorisé par la nouvelle Constitution (les Titres III, IV, V, VII), qui fixe les compétences et précise les responsabilités de chaque institution, offre, à cet effet, les mécanismes techniques et juridiques les plus nécessaires pour réduire cet écart ; Prions pour que toutes ces thèses (désintérêt des MRE pour la chose politique) peu crédibles et tous ces rapports fallacieux et falsifiés qui prennent pour objet les MRE, qui se sont multipliés ces derniers temps et qui ont coûté des fortunes, révèlent au grand jour la véritable nature de leurs commanditaires (gaspillage des déniés publics et hostilités viscérales à l'égard des MRE) ; Prions pour que les motifs (logistiques, menace islamiste, découpage électoral, mode de scrutin..), jadis (juin 2006) utilisés pour entraver la participation des MRE aux élections nationales les plus essentielles (législatives) soient renvoyés à jamais aux cimetières des veilles légendes. Et si les prières, les requêtes et les appels pacifiques à la raison et à la modération ne suffisent pas alors : - Prenons notre destin en main ; - Œuvrons ensemble pour que ces belles et prometteuses avancées constitutionnelles au profit des MRE ne soient pas renvoyées sin die aux calendres grecques - Militons pour que les droits dédiés aux MRE et consignés dans le nouveau texte constitutionnel soient respectés par toutes les instances nationales et que les lois organiques censées les traduire dans les faits soient rendues dans les délais les plus raisonnables ; - Travaillons tous pour la création de réseaux associatifs, structurés, qualifiés (les compétences ne manquent pas) forts, novateurs et capables d'agir et de réagir en vue de constituer cette force « diasporique » marocaine tant attendue afin d'assurer efficacement la promotion et la défense des causes supérieures de notre pays et les intérêts légitimes de notre diaspora marocaine dans le respect des lois et traditions des pays d'accueil. Prions, agissons, réagissons, crions, militons, œuvrons, écrivons, sans concession ni compromission : pour que la contribution des MRE à la marche de notre pays vers l'Etat de droit, soit consistante et décisive ; pour que triomphe la liberté, la justice, la démocratie et le respect de la dignité humaine ; principes hautement valorisés par la nouvelle Constitution ; pour que l'essor économique de ce pays prenne son envol et profite à tous les marocains dans leur grande diversité régionale, culturelle, linguistique et sociale ; pour inscrire notre action d'une manière forte et citoyenne dans cette ère institutionnelle et politique nouvelle et dans ce Maroc nouveau que dessine la nouvelle constitution ; pour tout simplement et légitimement sauvegarder nos acquis et protéger nos droits inscrits en toute clarté dans cette même constitution. Souhaitons enfin à SM le Roi Mohamed VI, Amîr al-mù'minine, garant de la Constitution et de nos droits, un règne prospère et citoyen (cf. discours royal du 17 juin 2011). Souhaitons bon vent et plein succès à la nouvelle Constitution, produit d'un travail sérieux et respectable et d'un immense effort collectif, national et responsable. Faisons tous en sorte que ce succès soit, le 01 juillet, à l'étranger et au pays, le plus large possible. En même temps, restons vigilants et disponibles pour que les valeurs, les principes, la philosophie, l'ambition, le projet (d'un Maroc démocratique, moderne et prospère) que cette Constitution porte et promeut se concrétisent et se réalisent au profit de notre pays et de notre peuple. Ce peuple fier, courageux, sage et digne, qui reste attaché aux devises nationales et valeurs suprêmes du pays, loin du tumulte et vagues destructrices qui sévissent dans la région arabe. C'est cela la « singularité » marocaine. * Dr Mohammed MRAIZIKA (Chercheur en Sciences Sociales, Consultant en Ingénierie Culturelle et Sociale) Paris le 26 juin 2011