Il faut imaginer l'immense lagon bleu horizon qui entre comme une langue de mer dans la terre d'Afrique, bordée de falaises de sable clair qui sont comme la cicatrice du désert. Sur cette vue magique souffle un vent régulier, puissant, comme une longue respiration continue, qui frise l'eau bleue et fait claquer les drapeaux rouges du Royaume chérifien... Et à la rencontre de l'eau et du vent, dans l'immensité du ciel, soudain une ligne de larges papillons colorés qui se bousculent et de précipitent en avant, traînant des gerbes d'écumes au bout de leurs laisses transparentes. Vision surréaliste sur l'horizon du désert. Frénésie de couleurs et de mouvement, course improbable qui a le ciel pour champ et l'océan pour enjeu. Et poursuivant la cavalerie aérienne des kitesurfers, voici que monte l'infanterie nautique des windsurfs, qui sillonne la mer de ses trajectoires élégantes et souples, en perpétuelle accélération, comme si jamais le vent ne leur laissait de répit. Pour la première fois au monde, les chevaliers du vent et les oiseaux de mer s'étaient réunis sur la même ligne de départ pour disputer une joute d'élégance et de vitesse. Ce fut l'une des courses les plus longues du monde, avec près de 45 kilomètres de parcours imposé, au coeur de la spectaculaire lagune de Dakhla. Les windsurfers les plus rapides étaient là, avec les kitesurfers les plus véloces. Alex Caizergues, recordman absolu de vitesse à la voile, avec 50,57 noeuds en kitesurf, et le précédent détenteur du titre, Antoine Albeau, windsurfer, étaient là. José Kamal, organisateur du Festival, avait de la peine à contenir son enthousiasme : réunir les dix spécialistes mondiaux de la course longue distance dans les deux disciplines ! Le résultat fut conforme aux espérances : spectaculaire. A couper le souffle. De cet élan de papillons et de poissons volants mêlés la lagune de Dakhla se souviendra longtemps.