L'une des crises sociales majeures de ces dernières semaines semble avoir trouvé son épilogue, du moins pour le moment, grâce à l'intermédiation du Parti de l'Istiqlal. Les enseignants contractuels ont en effet suspendu depuis lundi leur mouvement de protestation pour regagner leurs classes, suite à une intervention réussie de la part du groupe parlementaire istiqlalien. Après des semaines de grèves, cadencées de sit-in et de marches de protestations qui avaient atteint leur paroxysme à deux reprises, à la mi-mars et fin avril, avec de graves troubles devant le siège du Parlement où les enseignants grévistes ont été dispersés sans ménagement par les forces de l'ordre, un calme relatif semble être revenu dans la capitale. Et il était temps ! Principales victimes collatérales de ce contentieux social où le Ministère de l'Education Nationale (MEN) et son actuel pensionnaire, M. Saïd Amzazi, se sont distingués par leur entêtement démesuré, les élèves marocains semblaient en effet de plus en plus menacés par le spectre d'une année blanche. Ceci malgré les déclarations se voulant rassurantes de M. Amzazi qui a affirmé à deux reprises sous la coupole de la Chambre des conseillers qu'il n' y aurait pas d'année blanche, et que les préparatifs pour les examens de fin d'année allaient bon train. Le dénouement enregistré après le 13 avril, date de la première réunion lors de laquelle le ministre de l'Education a daigné rencontrer des membres de la Coordination nationale des enseignants contractuels, avait été suivi d'une grande déception lorsque ces derniers s'étaient rétractés de leur accord de reprise de service. Ledit accord prévoyait de mettre fin à cette série de grèves et la reprise des cours, parallèlement à la poursuite d'un nouveau round de dialogue le 23 avril. Tandis qu'en contrepartie, le ministère s'était engagé à annuler les sanctions déjà prononcées contre les grévistes. Une fois cet accord tombé à l'eau, les grèves ont repris de plus belle avec le retour massif des «contractuels» dans le centre-ville de Rabat. L'apogée sera atteinte les mercredi 23 et jeudi 24 avril avec des troubles graves où seront utilisées les matraques et les canons à eau. Il n'en fallait pas plus pour que le groupe parlementaire istiqlalien qui avait déjà proposé ses bons offices, intervienne avec comme ligne de mire la continuité du service public en vue d'évacuer le risque d'année blanche. M. Abdeslam Lebbar, président du groupe parlementaire istiqlalien à la deuxième Chambre, qui a mené cette médiation dans la nuit de jeudi à vendredi 26 avril, a tenu à souligner qu'il était «primordial de trouver un terrain d'entente et de réduire le gap des divergences entre les deux parties». Cette initiative a été hautement saluée par le ministère de tutelle qui a réitéré sa disposition à reprendre les termes et les engagements contenus dans l'accord du 13 avril. De leur côté, les enseignants ont insisté sur la nécessaire annulation des décisions de révocation prononcées à leur encontre, ainsi que sur la suspension des tests d'aptitude professionnelle qui leur ont été imposés et sur le versement des salaires qui leurs sont dus. Mais fait révélateur de la persistance d'un sentiment d'humiliation, d'injustice et de manque de confiance envers le MEN parmi leurs rangs, les « contractuels » ont annoncé dans un communiqué parvenu à «L'Opinion » leur volonté de continuer à porter un brassard noir en guise de « deuil pour la dignité de l'enseignant ». Le même communiqué exprime le refus de tout plan de contractualisation et de recrutement public régional, rappelant la revendication originelle et non négociable d'une intégration pure et simple des «contractuels » au statut de fonctionnaires du ministère de l'Education nationale. Rappelons que durant les grèves et par souci d'assurer la continuité de la scolarité, le ministère avait appelé en renfort des diplômés universitaires, des enseignants du secteur privé ainsi que des enseignants retraités afin d'enseigner les élèves des classes diplômantes, en l'occurrence le Baccalauréat. Mais aujourd'hui, après l'intermédiation de l'Istiqlal, les enseignants contractuels ont repris leurs classes tout en assurant être disposés à reprendre leur mouvement, au moindre «coups bas» du ministère. Ce n'est pas la première fois, faut-il le rappeler, que le Parti de l'Istiqlal intervient dans cette crise afin d'apaiser les esprits et trouver un climat d'entente entre les diverses parties. En effet, le groupe parlementaire istiqlalien à la Chambre des Représentants avait réussi à convaincre les autres groupes d'apporter un important amendement au projet de loi-cadre pour la réforme de l'éducation, et qui concerne la suppression de toute référence à la contractualisation de l'article 38 dudit texte. Samir ZERRADI