Nuit de castagne pour les enseignants contractuels qui manifestaient dans la capitale. Ils étaient, en effet, des milliers à venir de différentes régions du pays et se regrouper dans le centre de Rabat, dans l'après-midi du samedi 23 mars, pour exprimer leur refus de la contractualisation et réclamer l'accès au fonctionnariat. Un mouvement de protestation qui s'est prolongé dans la nuit de samedi à dimanche, les enseignants contractuels s'étant installés devant la Chambre des Représentants, avant de s'en faire dégager par les forces de l'ordre, à coup de matraques et de jets de canons d'eau. Selon une source au sein des manifestants, les forces de l'ordre les ont assiégés et tentés de les dissuader de passer la nuit devant le parlement et face à leur refus de vider les lieux, ils ont eu droit à une douche d'eau froide qui les a fait grelotter tout le reste de la nuit. C'est la « méthode Othmani » de négocier avec ces concitoyens chargés de former les générations futures, faute d'avoir su les convaincre de la pertinence de leur recrutement par les académies régionales de l'éducation et de la formation (AREF). Les 55.000 enseignants contractuels, qui expriment depuis plusieurs mois leur rejet de la contractualisation et du recrutement par les AREF, revendiquant le statut de fonctionnaire au département de l'Education nationale, sont entrés en grève depuis le 3 mars, manifestant d'abord à l'échelle locale, devant les académies régionales, avant de débarquer dans la capitale crier au gouvernement leur attachement à l'intégration dans la Fonction publique. Le chef de l'Exécutif a, pour sa part, affiché haut et fort son intransigeance, décidé de ne pas aller au-delà de l'intégration des enseignants contractuels dans les AREF. A salaire égal avec les enseignants titularisés dans la Fonction publique, les enseignants contractuels dénoncent des différences de traitement, notamment en ce qui concerne la retraite. Chaque partie campant fermement sur sa position, l'on est en droit de s'interroger sur l'aboutissement de ce bras de fer. Jusqu'à présent, personne ne semble se soucier du sort des principaux perdants, à savoir les élèves ainsi privés de leurs cours. Une autre manifestation contre la loi-cadre sur l'enseignement et contre la privatisation de l'enseignement public était prévue hier, dimanche 24 mars, organisée par des partis politiques et des syndicats et à laquelle devaient prendre part les enseignants contractuels. La capacité de la vision stratégique de la réforme de l'Education à l'horizon 2030, concoctée par le gouvernement, à venir à bout des défaillances du système éducatif national, est loin de faire l'unanimité. « Le gouvernement fuit ses responsabilités envers les enseignants contractuels », a déclaré le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, M. Nizar Baraka, lors d'un meeting à Larache organisé samedi 23 mars. Insistant sur le caractère illégal de la démarche du gouvernement, M. Baraka a rappelé que la contractualisation imposée aux enseignants ne cadre ni avec la loi sur la Fonction publique, ni avec son décret d'application, ni avec le code du travail. Et de souligner que l'article 6 bis de la loi sur la Fonction publique stipule clairement que le recrutement contractuel est réservé uniquement aux experts, et ce, pour l'exécution de tâches de nature temporaire. Mieux encore, ces contrats ne peuvent déborder sur un laps de temps limité à quatre ans. Et au-delà de six mois dans un poste, le contrat de travail devient de durée indéterminée, selon les dispositions du Code du travail. M. Baraka a rappelé que l'introduction du recrutement contractuel dans le projet de loi-cadre relatif à l'éducation, la formation et la recherche scientifique a été vivement dénoncée par le groupe istiqlalien « Pour l'Unité et l'Egalitarisme » à la Chambre des Représentants, qui a proposé sa suppression, essuyant le refus du gouvernement à ce sujet. Il a proposé d'élaborer un cadre unifié de contractualisation spécifique à la Fonction publique, afin de mettre un terme définitif à ce problème.