Le climat social dans le pays ne prête nullement à l'optimisme. Les déceptions se multiplient face à l'absence de réponses adéquates aux attentes et aux revendications légitimes des différentes catégories professionnelles et sociales. Dans presque tous les secteurs, la tension monte et les hésitations qui marquent le dialogue social, autrefois institutionnalisé mais aujourd'hui livré aux vicissitudes d'une gestion approximative, n'arrangent pas les choses. L'autisme du gouvernement, désormais marque de fabrique, débouche irrémédiablement sur la dilapidation du temps et des opportunités d'amélioration de la situation et de satisfaction des revendications. Criarde dans ce sens est la crise des enseignants contractuels. La grève de ces derniers est une expression de révolte contre le manque d'interaction du gouvernement avec les principales revendications de cette catégorie du corps enseignant, alors que le règlement de la crise doit absolument se faire selon une démarche prenant en considération les intérêts des enseignants et ceux des élèves afin de garantir la continuité de l'enseignement dans ses diverses branches. Jusque-là, le caractère stérile de l'approche adoptée par l'Exécutif dans la gestion de ce dossier n'augure pas d'une solution qui puisse consacrer la paix sociale dans le secteur de l'Enseignement, appelé pourtant à s'approprier la future loi-cadre pour la réforme du système d'éducation, de formation et de recherche scientifique, en discussion en ce moment au parlement. La crise des enseignants contractuels n'est cependant qu'un échantillon d'une crispation sociale globale, résultat de l'absence d'une vision sociale intégrée et d'une réactivité conséquente du gouvernement face aux alertes sociales répétitives. Une crispation qu'alimente le recours à la logique punitive envers les citoyens et qu'on retrouve dans l'abandon de nombreuses promesses, telle l'augmentation des salaires, promesse passée à la trappe au même titre que le relèvement des allocations familiales. De la même façon, la quatrième tranche de la contribution des fonctionnaires à la réforme de la caisse de retraites, qui devait être prise en charge par le gouvernement, a fait l'objet d'un prélèvement surprise sur les salaires en janvier 2019, s'ajoutant à d'autres prélèvements destinés au financement du déficit de la CNOPS. Ces exemples dénotent d'une immaturité politique et d'un mépris inacceptable envers les citoyens. Ils s'ajoutent aux nombreux dysfonctionnements qui empêchent le pays d'aller de l'avant en matière de gouvernance sociale et aggravent le sentiment chez le citoyen d'être pris pour cible ou, tout au moins, d'être délaissé et livré à l'inconnu. Le constat aujourd'hui est que nous sommes face à un gouvernement en total déphasage avec les réalités du pays et les intérêts des citoyens. Sa caractéristique principale est l'improvisation et la non-mise en œuvre de ses engagements, outre son inertie et son manque d'imagination, ce qui n'est pas pour rassurer dans un contexte économique et social particulièrement fragile. Jamal HAJJAM