Quatre mois après le commencement des cours, les enseignants du Conservatoire de musique et de danse de Casablanca n'ont pas encore perçu leurs salaires. Une situation difficile compte tenu de l'approche de la Fête du Sacrifice. Un climat de tension règne du côté du boulevard de Paris, à Casablanca. Quatre mois se sont écoulés depuis le commencement des cours, les enseignants du Conservatoire n'ont encore touché aucun sou ! Une situation devenue presque «banale», sachant bien qu'elle se reproduit chaque an. Mais en 2006, elle risque de prendre une autre tournure. Contactés par «ALM», les enseignants du Conservatoire de Casablanca nous ont fait part de leur décision de manifester devant le siège de la wilaya du Grand Casablanca pour faire valoir leurs revendications. Du côté du Conseil de la ville, des promesses leur auront été faites de verser les salaires de deux mois avant la Fête du Sacrifice. « Une manoeuvre de diversion », proteste un enseignant, qui ne voulait voir dans ce « geste» qu'une tentative pour calmer la situation. Ce qui reste très hypothétique, étant donné que le versement régulier des salaires n'est qu'une goutte dans un océan de revendications. En premier lieu, il y a le montant très modique des salaires. Pour les enseignants de première catégorie, c'est-à-dire ceux qui sont titulaires de diplômes d'études supérieures, fût-ce un doctorat en musicologie, le « salaire » est réduit ni plus ni moins à 1320,00 dirhams (!). «Comparé à la durée des cours, 100 heures par mois, ce salaire reste très dérisoire », s'indigne un enseignant. Preuve de la sous-valorisation du métier d'enseignement artistique, les salaires, au lieu d'être augmentés, ont été revus à la baisse ces dernières années. Après avoir atteint le montant de 2800,00 DH, ils ont régressé à 1575,00 DH, avant de chuter définitivement à 1300,00 Dh. Pour les enseignants de 2ème catégorie, c'est pis que pire. Le salaire ne dépasse généralement pas les 700,00 DH en contrepartie de 100 heures d'enseignement par mois. Pour le reste, on vous fait «grâce» des prélèvements de l'Impot général sur le revenu (IGR). A se demander de quel « revenu » on parle, sachant que le salaire de ces enseignants ne vaut même pas un Smig ( !). Et ce n'est pas tout… En plus de la modicité des salaires, une « misère » comme l'a si bien qualifié un enseignant, il faut aussi faire face à l'absence de couverture sociale et à la privation du droit de cotiser pour sa retraite. Une privation qui, pour certains, a duré trop longtemps, sachant que parmi les enseignants il y en a qui ont enseigné plus de trente ans. Toute une vie pour un salaire de misère, ajouté à la non-couverture sociale et à la privation de l'un des droits vitaux, celui de « survivre » à sa retraite ! Bien sûr, les enseignants ne sont pas les seules victimes de cette situation. Il y a également et surtout les élèves des Conservatoires de musique, qui se retrouvent à chaque fois face à l'éventualité de la grève des enseignants, si ce n'est carrément la menace d'« année blanche ». Mais passons, cette situation garde du moins le « mérite » de nous édifier sur une certaine manière avec laquelle les autorités traitent la « chose artistique » dans notre pays. L'art, et l'enseignement artistique, est considéré comme étant « superflu ». « Un luxe », comme nous le prouve l'attitude de ceux qui ont la responsabilité de gérer la vie publique.