Le choix a porté, cette année, dans le cadre de la préparation de la tenue de la 45ème édition de la session annuelle de l'Académie du Maroc qui se déroulera du 24 au 26 avril 2018, sur « L'Amérique Latine comme horizon de pensée ». Un thème intéressant et porteur qui devrait recadrer et renforcer les relations entre le Maroc et le Brésil d'une part et l'élargir à l'Afrique. C'est surtout une réflexion profonde sur les opportunités d'échanges, d'abord bilatéraux, puis multipartites à travers le Maroc, porte d'entrée vers l'Afrique, racines du Brésil. M. Fernando Collor de Mello, ancien Président de la République Fédérative du Brésil et président du Sénat brésilien, a inauguré le cycle de conférences sur l'Amérique Latine. La première conférence a été sous le thème : « Les pays d'Amérique Latine et la traversée de la mondialisation : de bons navigateurs ou des naufragés ». Elle a connu la présence d'imminentes personnalités, entre ambassadeurs, politiciens, académiciens, universitaires, le conseiller de Sa Majesté, président de la cour constitutionnelle... Lors du point de presse, précédant la conférence, donné par M. Fernando Collor de Mello, ancien Président du Brésil, actuellement Président du Sénat brésilien et M. Abdeljalil Lahjomri, Secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, il a été question des relations et des échanges qui lient les deux pays et des perspectives en matière d'ouverture sur l'Amérique Latine. Mais aussi de mondialisation, de technologie et de la manière de vivre ensemble dans un monde difficile. Le choix de l'Amérique latine est un message fort pour ce qui est du renforcement des liens entre les deux pays. Le Brésil est le 5ème pays du monde en matière de PIB et le 3ème acheteur du Maroc, après l'Espagne et la France. Il y a beaucoup d'échanges commerciaux à relancer et à développer mais il est question aussi de chercher d'autres pôles d'intérêt. Il y a plusieurs points d'attache et de rapprochement, autres que la culture et l'amitié entre le Maroc et le Brésil. On est en train de faire des choix de plan et de domaines d'échanges, et de réfléchir également sur l'océan atlantique pour nous rapprocher, met en exergue M. le Sénateur, rappelant que l'intérêt porté par l'Académie pour l'Amérique Latine est une préoccupation stratégique pour se découvrir mutuellement et trouver d'autres opportunités et perspectives. Le Maroc représente beaucoup et c'est une découverte à chaque visite. Le Brésil a des expériences riches au niveau du secteur agricole et l'année 2018 connaitra l'organisation d'un forum international pour discuter de la question de l'eau, un point important aussi bien pour le Maroc que pour le Brésil. Le volet industrie a cumulé quelques expériences intéressantes depuis l'industrialisation du Brésil vers les années 40 mais aussi le commerce, les fabriques des vitres... Ce sont des échanges ouverts qui n'attendent que de bons accords. La production du Brésil, pays des racines latines (portugais), atteint surtout les Etats Unis. La possibilité de booster les échanges vers le Maroc et d'atteindre aussi le marché africain. Les négociations sont en cours pour lier Mercosur avec le Maroc, un accord à finaliser l'année prochaine. Mercosur est un groupe intégré économiquement, le marché commun qui regroupe plusieurs pays de l'Amérique du sud : le Paraguay, l'Uruguay, le Venezuela, l'Argentine et le Brésil. Les échanges entre l'Amérique Latine et l'Afrique étant en deçà des attentes. Le Mercosur représente 82,3 % du PIB total de l'Amérique du Sud constituant ainsi la zone économique et la plateforme industrielle la plus dynamique et la plus compétitive de tout l'hémisphère sud. Comme indiqué par M. Fernando Collor de Mello, Sénateur de l'Etat d'Alagoas, le Brésil a des perspectives d'atteindre l'Afrique, pays où nous avons nos racines, et ce, via le Maroc. Le Brésil a de très bonnes relations avec tous les pays d'Afrique, que ce soit politiques ou culturelles. Il est temps de renforcer les échanges commerciaux, en focalisant sur le volet économique. Pour ce qui est du thème animé par le sénateur, il est sur « Les pays d'Amérique Latine et la traversée de la mondialisation : De bons navigateurs ou des naufragés ». La mondialisation via la technologie affecte de nos jours tous les pays du monde. C'est une opportunité pour l'investissement à ne pas rater. D'autant plus que la technologie avance plus rapidement que l'investissement. C'est une lacune qu'il faut combler. La mondialisation impose de plus gros efforts diplomatiques et plus de réflexion, surtout pour la jeunesse de la planète qui cherche des opportunités de travail ailleurs et la possibilité de vivre dignement. Et ce, afin de pallier aux migrations. Parmi les autres expériences réussies du Brésil, l'un des plus grands modèles est la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Entre 2012 et 2015, le pays a réduit la misère de presque de moitié, à travers des programmes sociaux très importants. L'éducation et la scolarisation, c'est aussi un bel exploit. Pour lutter contre la déperdition scolaire, le Brésil aide les familles chez eux, à partir de la 3ème année primaire. Un salaire est payé à sa mère si l'enfant assiste en classe. Un autre programme a été élaboré dans le cadre de cantines (restauration) à l'école. La nourriture et le salaire pour la famille si elle maintient ses enfants à l'école. L'Académie poursuit son exploration des grandes régions du monde, afin de créer des passerelles entre les intellectuels des deux bords, favoriser les échanges et les apprentissages. Après un cycle de conférences sur l'Afrique, il y a deux ans, lors de la 43ème session, l'Académie essaie de s'investir sur d'autres régions du monde, indique M. Abdeljalil Lahjomri, Secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc. Dans l'avenir, ce sera l'Europe, la Méditerranée, les pays d'Extrême Orient... Le lancement de la réflexion sur l'Amérique Latine se fait avec M. Fernando Collor de Mello, Sénateur et président de la Commission des relations internationales du sénat brésilien, qui a moralisé le secteur industriel et qui a à son actif plusieurs publications. Il est le premier président élu démocratiquement depuis la restauration de la démocratie au Brésil. Pour M. Lahjomri, l'analyse lucide et prospective du sénateur va nous aider à investir un itinéraire de réflexion qui faciliterait une approche clairvoyante, perspicace et subtile des problèmes, face à la mondialisation précipitée et souvent chaotique. L'académie a choisi d'inscrire son action dans une découverte renouvelée, les expériences diverses de développement, à la recherche de plus de réussite économique, de valeur sociale, de sérénité intellectuelle, de compréhension et d'entente respectueuse des disparités culturelles des différentes philosophies spirituelles et de culture. Le choix de ce thème n'est pas anodin, celui de l'Amérique latine, non plus. La singularité de cette région est sans contexte séduisante et parfois préoccupante. L'éclairage de cette partie du monde sera précieux. Ce pays connait, depuis les années 80 du siècle dernier, une dynamique positive de démocratisation, de croissance économique qui a favorisé son retour sur la scène internationale. Confrontés à la crise économique, aux catastrophes environnementales et à d'inquiétants périls sociaux, ils ont pu recentrer leur choix idéologique, économique et diplomatique pour rester un partenaire incontournable dans les enjeux de la planète. En tant que président de la commission des relations externes du sénat fédéral et en tant que membre du groupe d'amitié volontaire Maroc-Brésil, c'est le signe d'une coopération enrichissante et prometteuse. Cette coopération est marquée d'une amitié solide et d'une estime réciproque. Bouteina BENNANI