Donald Trump a demandé en février à James Comey, qui était encore directeur du FBI, de mettre un terme à l'enquête sur les contacts russes de son ex-conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, rapporte une source ayant consulté une note écrite de la main de James Comey. Le New York Times a été le premier média américain à faire état de cette note, que James Comey aurait rédigée immédiatement après la demande formulée par le président américain. Donald Trump a déclenché une tempête politique il y a une semaine à Washington en décidant de limoger le directeur du FBI. [nL8N1IB8IO] A cela sont venues s'ajouter lundi des informations selon lesquelles que le chef de la Maison blanche aurait dévoilé des informations classifiées au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. [nL8N1IH8S1] Dans sa note, que le New York Times n'a pas vue mais dont le contenu a été porté à sa connaissance par deux personnes l'ayant vue, Comey cite Trump lui déclarant: «J'espère que vous pourrez laisser passer cela.» «J'espère que vous pourrez juger bon de laisser passer cela, de laisser Flynn. C'est un bon gars», continue Trump selon ce mémo. La Maison blanche, contacté par le journal, a opposé un démenti formel en affirmant que personne n'avait jamais demandé à James Comey ou à qui que ce soit de clore l'enquête sur Michael Flynn. Dans un communiqué, elle a par la suite déclaré que la note ne constituait pas «une description juste ou honnête de la conversation entre le président et M. Comey». James Comey a écrit cette note après une rencontre avec Donald Trump dans le bureau ovale de la Maison blanche, au lendemain du limogeage de Michael Flynn, selon le NY Times. Ce dernier, désigné par Trump au poste de conseiller à la sécurité nationale, a été poussé à la démission le 13 février dernier à la suite de révélations sur une conversation qu'il avait eue avec l'ambassadeur russe à Washington, avant l'investiture de l'homme d'affaires, sur une éventuelle levée des sanctions contre Moscou. Michael Flynn, qui n'avait pas tout dit de ses discussions avec l'ambassadeur Sergueï Kisliak, apparaît comme une figure centrale dans les enquêtes sur les accusations d'ingérence de la Russie pendant la campagne électorale 2016 et sur une collusion éventuelle entre l'équipe de campagne de Donald Trump et Moscou. Stupeur au Congrès Au Congrès, ce nouveau rebondissement, au lendemain de l'histoire des informations classifiées, a créé la stupeur. «Cette note est une preuve flagrante d'entrave à la justice et mérite certainement une enquête rapide par un procureur spécial indépendant», a déclaré le sénateur démocrate Richard Blumenthal. Des élus des partis républicain et démocrate ont réclamé à voir la note. La commission de la Chambre des représentants chargée du suivi de l'action gouvernementale (Oversight Committee) «va obtenir la note de Comey, si elle existe», a déclaré son président, le républicain Jason Chaffetz. Dans une lettre adressée au directeur par intérim du FBI Andrew McCabe, Jason Chaffetz donne à la police fédérale jusqu'au 24 mai pour lui transmettre «tous les comptes rendus, notes, résumés et enregistrements faisant référence ou ayant trait à des communications entre Comey et le président». Le président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan, a soutenu cette démarche. «Nous avons besoin de tous les faits», a dit sa porte-parole, AshLee Strong. Les experts en droit jugent que les propos de Donald Trump, s'ils sont avérés, pourraient constituer une faute. «De la part du président, dire au FBI de mettre un terme à une enquête potentiellement pénale, c'est de l'obstruction à la justice», commente Erwin Chereminsky, professeur de droit constitutionnel et doyen de l'école de droit de l'Université de Californie. «C'est ce qui a poussé le président Nixon à démissionner de ses fonctions.» Mais ils soulignent également que l'intention est un facteur crucial et que les mots du président peuvent être sujets à interprétation. Le fait que le président dise «espérer» que James Comey mette fin à son enquête, sans lui ordonner, peut ainsi plaider en faveur du locataire de la Maison blanche. Un courriel de l'organisation politique de Trump diffusé après les révélations du New York Times affirme que le président est victime d'une «bureaucratie non élue». «Malheureusement, il n'y a pas seulement les fausses informations. Il y a des gens au sein de notre propre bureaucratie non élue qui veulent saboter le président Trump et l'ensemble de notre mouvement ‘America First',» peut-on lire.