ALORS que la tendance mondiale est au rajeunissement des effectifs de clubs de football tout en incluant des éléments formés à l'intérieur, au Maroc les joueurs Espoirs trouvent de moins en moins preneurs. En effet, les clubs rechignent à faire confiance aux jeunes à même d'intégrer l'effectif professionnel des équipes respectives. Hormis quelques exceptions, les grands clubs, sous la contrainte du résultat, font du mércato la principale occasion pour recruter, abstraction faite des résultats produits par leurs équipes Espoirs, pourtant engagées au championnat. Quant aux clubs aux ambitions réduites, recruter un jeune espoir sous forme de prêt, parfaire sa formation et le voir repartir, lorsque celui-ci commence à devenir une valeur sûre de la formation, affecte le rendement du club et la continuité de ses résultats. Et qui dit joueur, dit automatiquement les présidents des clubs qui ont délaissé la formation pour le recrutement tous azimuts. Tant que les clubs non pas compris que seule la formation ouvre la voie de la réussite, on continuera de faire de la figuration. Les résultats de nos clubs dans les différentes compétitions continentales le confirment. Il fallait remonter à 1999 pour retrouver la trace d'un sacre marocain en ligue des champions d'Afrique. Depuis c'est le désert. Les quelques résultats enregistrés en 2000 étaient en coupe de la CAF. Dans cet esprit, il est difficile de trouver des jeunes qui percutent, faute d'une politique d'intégration des jeunes qui se retrouvent aujourd'hui, pour la plupart, perdus et incapables d'entrevoir leur avenir, préférant les prêter pour parfaire leur formation, chez d'autres clubs. Or, sous la pression des résultats, certains clubs de destination sont peu enclins à engager des joueurs inexpérimentés, laissant souvent ces derniers livrés à leur sort. Certains ont même abandonné leurs études, en faisant confiance à leur talent, qui pourrait leur garantir un avenir dans le football. Ils se retrouvent aujourd'hui perdus et incapables d'entrevoir leur avenir. Outre les effets sur la motivation et le rendement de cette catégorie de joueurs, l'exclusion des Espoirs se répercute négativement sur le niveau général du championnat national. Un malaise qui risque, à terme de condamner l'Elite 1 à devenir un championnat « vieillot » et pousserait les sélectionneurs des équipes nationales respectives (les U17, U19 et U20) à s'en aller en Europe, quérir les joueurs d'origine marocaine, en essayant de les convaincre de jouer sous les couleurs nationales. Beaucoup font du Maroc un choix de coeur, d'autres non, mais toujours est-il que les sélections juvéniles se composent de plus en plus de joueurs formés intégralement en Europe à la question pourquoi, le plus grand chantier sur le quel doit travailler davantage la Direction technique nationale est la formation des jeunes, mais aussi à inciter les clubs à y participer sur le terrain tout en les incorporant dans notre championnat. Conscient du danger de ce très fort taux de recrutement des joueurs étrangers et à en juguler la fluidité, en limitant les transferts qui font flamber le marché. Cette option conduit les clubs à condamner irrémédiablement la politique de la formation des jeunes et à leur faire confiance, le cas échéant, pour porter le maillot du club. Il serait regrettable d'en arriver à une obligation envers les clubs. Le pari sur les jeunes doit être dans la culture du club. Simples remarques au sujet de certains clubs formateurs tels le FUS, l'AS FAR, le RCA, le WAC ou le MAT... et qui ont également succombé à la tentation, d'aller chercher ailleurs des oiseaux... rares pour suppléer à leur défaillance. Et il suffit de relever le nombre d'éléments venus de l'extérieur pour comprendre qu'il y a trop de déperdition dans le système mis en place. Ce qui étonne par contre, c'est le parcours emprunté par certains clubs approvisionnant le football des pays du Golfe pour aller chercher des attaquants par ci par là. Est-ce un changement de cap dans la politique sportive de nos clubs ou la résultante d'une situation conflictuelle. C'est le moment pour les préposés à la gestion de la chose sportive de se poser les bonnes questions et d'y trouver les réponses. Des réponses qui ne sont pas de simples voeux pieux ou d'énumérations d'espoirs. Tout un chacun connait le diagnostic que l'on ne cesse de refaire, alors même qu'il est établi et ne fait que se confirmer d'échéance en échéance, et il est temps de passer aux vraies résolutions qui doivent être traduites en actes et en plans d'action rigoureux, réalistes et réalisables pour redonner à la formation des jeunes la place quelle méritait et aux centres de formations une dynamique réelle et efficiente. Remettre en valeur le chantier qui fait que le sport national, le football en particulier, souffre d'un mauvais rendement. Désormais, le législateur avait offert une plate-forme juridique qui devrait permettre d'accélérer le processus. Cet arsenal juridique relatif à la loi 30-09 relatif à l'Education physique et au Sport (voir notre édition du 21 avril 2017) trainait malheureusement toujours. Le pari sur la formation des jeunes doit être dans la culture du club. Le championnat espoir doit reprendre la place qui lui sied. Ainsi, les jeunes joueurs seront habitués à la réalité de la compétition.