La Corée du Nord a procédé mardi à d'importants exercices d'artillerie à munitions réelles, tandis qu'un sous-marin américain venait mouiller dans le grand port de Busan en Corée du Sud, dans le cadre de la démonstration de force de Washington face au discours belliciste de Pyongyang. L'armée du Nord, rapporte l'agence sud-coréenne Yonhap, semble avoir déployé mardi un grand nombre de batteries d'artillerie dans la région de Wonsan, sur la côte est, et avoir procédé à un exercice de tir. L'état-major interarmes sud-coréen a confirmé mardi dans un communiqué laconique les exercices d'artillerie du Nord. «Notre armée suit de près les mouvements de l'armée nord-coréenne», a indiqué l'état-major. De son côté, dans une tribune que publient les médias officiels à l'occasion du 85e anniversaire de la fondation de l'armée populaire du Nord, le régime de Pyongyang déclare que son armée est prête à «en finir avec les manigances et le chantage nucléaire des Américains». «La force de frappe de l'Armée populaire, équipée de notre matériel militaire de pointe, dont des armes nucléaires miniaturisées et de précision et des missiles balistiques à bord de sous-marins, est sans limite», écrit le Rodong Sinmun, quotidien du Parti des travailleurs (au pouvoir) dans un éditorial de première page. La marine sud-coréenne a déclaré qu'elle menait mardi des manoeuvres à munitions réelles avec des contre-torpilleurs américains dans les eaux à l'ouest de la péninsule, et qu'elle rejoindrait prochainement le groupe aéronaval du porte-avions américain Carl Vinson, dépêché par Donald Trump dans le Pacifique ouest. En attendant l'arrivée du Carl Vinson, un sous-marin à propulsion nucléaire américain, l'USS Michigan, a fait son entrée mardi dans le port de Busan, sur la côte méridionale de la Corée du Sud, a déclaré la marine américaine. Ce submersible a été conçu pour emporter et lancer des missiles balistiques ainsi que des missiles de croisière Tomahawk. L'escale du sous-marin a coïncidé avec une réunion prévue à Tokyo d'experts nucléaires américains, japonais et sud-coréens, consacrée à la manière de faire face au refus de Pyongyang d'abandonner son programme nucléaire. Risque de «conflit généralisé» ? L'émissaire japonais sur la Corée du Nord, Kenji Kanasugi, a déclaré à l'issue de ses discussions avec ses homologues américain et sud-coréen qu'ils s'accordaient tous pour dire que Pékin devait jouer un rôle concret dans la résolution de la crise et pourrait user d'un embargo pétrolier pour faire pression sur Pyongyang. «Nous pensons que la Chine a un rôle très très important à jouer», a déclaré l'émissaire américain sur la Corée du Nord, Joseph Yun. L'émissaire chinois sur les questions nucléaires, Wu Dawei, devait avoir mardi des discussions avec des fonctionnaires du ministère japonais des Affaires étrangères, a déclaré le secrétaire général du gouvernement nippon, Yoshihide Suga. Et Wu Dawei, dit-on au ministère japonais des Affaires étrangères, devrait voir mercredi son homologue nippon chargé du nucléaire. A Washington, le département d'Etat a annoncé lundi que le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, présiderait vendredi une réunion ministérielle spéciale du Conseil de sécurité de l'Onu consacrée à la Corée du Nord. Rex Tillerson, ainsi que le chef du Pentagone James Mattis, le directeur du Renseignement national Dan Coats et le président de l'état-major interarmes Joseph Dunford, tiendront en outre mercredi à la Maison blanche un point exceptionnel sur la Corée du Nord en présence des cent élus du Sénat américain. Pour le ministère nord-coréen des Affaires étrangères, ces réunions convoquées par les autorités américaines reflètent clairement les pressions de Washington, qui risquent de déclencher un «conflit généralisé» dans la péninsule coréenne. Lundi, le président américain, Donald Trump, a estimé que Le Conseil de sécurité des Nations unies devait se préparer à adopter de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord. «Le statu quo en Corée du Nord est inacceptable et le Conseil doit être prêt à imposer des sanctions supplémentaires, plus musclées, contre les programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord», avait-il dit aux journalistes. Dans un éditorial, le journal chinois en langue anglaise China Daily écrit mardi qu'il est temps que Pyongyang et Washington marquent une pause dans l'escalade des tensions, appelant de ses voeux une solution pacifique. Lors d'une conversation qu'a eue lundi Xi Jinping avec Donald Trump, le président chinois a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue.