Des experts, institutionnels et hommes d'affaires africains ont plaidé, vendredi à Marrakech, pour un développement durable et équitable qui bénéficie à l'ensemble de la population africaine. Lors d'une conférence débat organisée par le magazine "The Africa Report" relevant du Groupe Jeune Afrique, en partenariat avec la Fondation Mo Ibrahim, les participants ont été unanimes à reconnaître les grands progrès réalisés en Afrique, relevant la nécessité de garantir une répartition équitable de la richesse de manière à faire profiter les différentes franges de la société des fruits de la croissance. S'exprimant à l'entame de la rencontre initiée sous le thème "Le développement en Afrique, est-il une illusion ?", le président de la Fondation Mo Ibrahim a affirmé que l'Afrique constitue une terre d'espoir et de potentialités marquée par une forte dynamique de croissance. Il a aussi fait remarquer que lors des dernières décennies, le continent a pu enregistrer d'importantes avancées, en dépit de certains défis qui restent toujours à relever, soulignant la nécessité de capitaliser sur des success stories de certains pays africains. De son côté, l'envoyé Spécial de l'Union Africaine et de son Fonds pour la Paix, ex-président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, a indiqué que certaines personnes continuent de nier l'actuelle réalité de l'Afrique malgré les considérables réalisations aussi bien quantitatives que qualitatives. Il a, en outre, estimé que le contient qui a besoin d'une croissance de près de 10 pc du PIB, a fourni de considérables efforts en vue de garantir l'ouverture de son économie sur le marché international, tout en améliorant sa plateforme d'infrastructures. Pour sa part, la directrice Régionale de la Société financière internationale (SFI) pour l'Afrique de l'Ouest et Centrale, filiale de la Banque mondiale, Vera Songwe, a estimé que le continent ne pourra connaitre une réelle croissance que si cette dernière est de caractère durable et inclusif et profite, par conséquent, à l'ensemble de la population. Dans un cadre lié, la responsable camerounaise a rejeté les modèles économiques dans la région qui ne font bénéficier que la minorité, précisant que le développement doit être assuré de manière équitable dans le respect de la justice sociale. Mme Songwe a aussi mis l'accent sur l'impact significatif que pourrait avoir le secteur privé pour faire avancer les aspirations de nombreux pays du continent. S'agissant du Directeur général de Safaricom, Bob Collymore, il a indiqué que le continent a connu de profondes mutations lors des dernières années, rompant ainsi avec les différents stéréotypes véhiculés. Il a de même fait remarquer que la bonne gouvernance en Afrique a commencé à apporter ses fruits, ajoutant que le continent représente une réelle puissance émergente. Quant à l'homme d'affaires mauritanien, président de la fondation égalité des chances en Afrique, Mohamed Ould Bouamatou, il a fait savoir que l'Afrique, qui regorge de fortes potentialités et de matières premières, doit passer à la phase de l'industrialisation de manière à renforcer la résilience de son économie et gagner une sorte d'indépendance vis-à-vis du marché et des cours internationaux. Il a, de même, pointé du doigt certains défis qu'affronte toujours le continent, en relation notamment avec les volets sanitaire et sécuritaire, précisant que le pouvoir en Afrique ne doit pas servir de raccourci vers l'enrichissement, mais plutôt défendre les intérêts de la population. M. Bouamatou a aussi exprimé son rejet catégorique à toute vision qui fait de la politique et du pouvoir un tremplin vers le monde des affaires. Organisée en marge du Forum "Ibrahim Governance Week-End", qui se tient du 6 au 9 avril, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la conférence débat a été marquée également par des témoignages d'experts internationaux représentant les différents secteurs d'activité en Afrique ainsi qu'au niveau des autres continents. "Ibrahim Governance Week-End" est un événement phare de la Fondation MO Ibrahim, organisée chaque année dans une capitale africaine différente pour discuter les défis du leadership et de la gouvernance en Afrique. L'édition de cette année revêt un caractère particulier, puisque la Fondation célèbre dix années d'efforts pour placer la gouvernance et le leadership au centre des débats autour du développement. Cette manifestation vise à associer un public plus large au travers d'évènements ouverts à tous au cours du week-end et mêlant musique, art et sport avec quelques-uns des meilleurs talents d'Afrique.