La Chambre des Lords a adopté lundi sans l'amender le texte de loi permettant à la Première ministre britannique, Theresa May, de déclencher la procédure prévue par l'article 50 du Traité de Lisbonne, préalable aux négociations sur le Brexit. Dans la foulée, le ministre britannique au Brexit, David Davis, a annoncé que le lancement formel de la procédure de divorce interviendrait d'ici la fin du mois de mars, comme prévu. "Aujourd'hui, le Parlement a soutenu la détermination du gouvernement à faire son travail pour quitter l'Union européenne (...) Nous sommes désormais à l'aube de la négociation la plus importante pour notre pays depuis une génération", a-t-il dit dans un communiqué. "Nous allons donc déclencher l'article 50 d'ici la fin de ce mois, comme prévu, et nous obtiendrons un résultat conforme à l'intérêt de l'ensemble du Royaume-Un", a-t-il ajouté. La Chambre des Communes avait rejeté quelques heures plus tôt deux amendements qu'avaient adjoint les Lords au projet de qui doit permettre à Theresa May d'activer l'article 50, préalable aux négociations sur le Brexit. Le premier amendement prévoyait que la Première ministre ne pourrait enclencher les négociations sur un divorce avec l'UE que si elle s'engageait à protéger les droits des Européens vivant sur le sol britannique. Les députés des Communes ont voté par 335 contre 287 en faveur du rejet de cet amendement. Peu après, les députés ont rejeté un second amendement, lui aussi greffé par les Pairs du royaume, visant à accorder au Parlement le droit à un "vote significatif" sur tout accord définitif négocié entre Londres et ses partenaires européens. Ce second amendement, qui aurait donné aux parlementaires plus de latitude pour rejeter les conditions finales du Brexit, a été battu en brèche par 331 voix contre 286. Une fois invoqué l'article 50 s'ouvrira une période de deux ans maximum au cours de laquelle Londres et les Européens auront à négocier les modalités du Brexit. En précisant dans son communiqué vouloir obtenir un résultat conforme aux intérêts de l'ensemble du Royaume-Uni, David Davis vise implicitement les velléités indépendantistes exprimées par certains Écossais. Dans la matinée, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a annoncé vouloir organiser un référendum d'autodétermination d'ici deux ans, un calendrier que son homologue britannique s'apprêterait à rejeter. L'Ecosse demande un référendum d'indépendance La Première ministre du gouvernement autonome écossais, Nicola Sturgeon, s'est prononcée lundi en faveur d'un nouveau référendum sur l'indépendance. Elle a estimé que l'attitude du gouvernement britannique de Theresa May sur le Brexit ne lui laissait pas d'autre option. De son côté, la Première ministre britannique, Theresa May, s'apprêterait à rejeter ce projet d'un nouveau référendum dans les deux ans, rapporte lundi The Times, citant une source gouvernementale. "La Première ministre a dit que cela signifierait qu'un scrutin serait organisé alors même qu'elle serait en train de négocier le Brexit et je pense qu'il faut comprendre cela comme un message selon lequel ce calendrier est tout à fait inacceptable", a dit la source au quotidien. "Ce serait irresponsable de l'accepter et nous ne le ferons pas." S'exprimant devant le Parlement d'Edimbourg, la chef de file du Parti national écossais (SNP) a dit espérer que cette nouvelle consultation, si elle doit avoir lieu, serait organisée entre l'automne 2018 et le printemps 2019, lorsque les conditions d'une sortie de l'UE auront été clarifiées. "Si l'Ecosse doit avoir un choix véritable - c'est-à-dire lorsque les termes du Brexit seront connus mais avant qu'il ne soit trop tard pour choisir notre propre voie -, alors ce choix doit être proposé entre l'automne de l'année prochaine, 2018, et le printemps 2019", a-t-elle dit à la presse. Consultés en septembre 2014, les Écossais avaient rejeté à 55% la voie de la sécession, mais les nationalistes du SNP estiment que la perspective du Brexit a changé la donne. Tandis que les électeurs du Royaume-Uni votaient globalement en faveur d'une sortie de l'Union européenne lors du référendum du 23 juin dernier, les Écossais ont choisi à 62% le maintien dans l'UE et redoutent à présent les effets de ce divorce sur leur économie. Les derniers sondages sur la question montrent que le sentiment indépendantiste s'est amplifié depuis que Theresa May a annoncé que le Royaume-Uni ne quitterait pas seulement l'UE mais aussi le marché unique et peut-être l'union douanière. Une enquête publiée la semaine dernière témoignait d'une hausse du vote sécessionniste, qui frôle les 50%. Lors de sa conférence de presse, Nicola Sturgeon s'est dite "absolument" convaincue de la possibilité d'une victoire du "oui". Nicola Sturgeon, qui réclamait que l'Ecosse soit autorisée à négocier son propre accord avec les Européens, a déclaré lundi que ses efforts s'étaient heurtés à un "mur de briques" à Londres et que le gouvernement May n'avait pas "bougé d'un iota" sur la voie d'un éventuel compromis. Tout en assurant que la "porte reste ouverte" à un dialogue avec Londres, la Première ministre écossaise a ajouté ne pas s'attendre à un compromis étant donné la "réponse intransigeante" obtenue jusqu'ici par Edimbourg.