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Environnement et Biodiversité: Quelle place pour l'Humain
Publié dans L'opinion le 14 - 01 - 2017

En matière de protection de l'environnement, la conservation des espaces et des espèces constitue une noble cause qui participe à l'harmonie de la Nature et a vocation à maintenir le fragile équilibre de la biodiversité. Ainsi, le Maroc s'applique à préserver plus d'une quinzaine de zones protégées d'une superficie de quelque 700 000 ha. Clairement, il faut convenir que chaque espèce végétale ou animale, du plus fort et plus imposant des mammifères jusqu'au plus
insignifiant des animalcules, se trouve à sa juste place sur la planète et, à cette place, contribue à l'ordonnancement du Monde.
Pour venir au soutien de cette affirmation, de nombreuses conventions internationales, souvent onusiennes, ont fédéré les Etats qui, par leur signature, s'engagent dans la voie de la sauvegarde des espèces. Ainsi en est-il, par exemple, de la « Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) » dite « Convention de Washington » adoptée le 3 mars 1973 et signée par le Maroc, six jours plus tard, pour entrer en vigueur le 14 janvier 1976.
Il faut saluer cette remarquable réactivité, même si, en dépit de ses efforts, notre pays semble encore exposé à certaines critiques. En effet, à l'instar de la baleine ou de l'ours polaire, qui font, avec raison, l'objet de beaucoup d'attention, le singe magot (Macaca sylvanus), dit encore « macaque berbère », inscrit à l'annexe II de la CITES, qui survit dans nos contrées, est passé de la catégorie « Vulnérable » à la catégorie « En danger d'extinction » sur la Liste Rouge des Espèces Menacées de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Pourtant, ce petit primate, victime de trafics, mérite, lui aussi, toute notre protection...
La longueur de la liste des espèces végétales ou animales menacées d'extinction dans le monde est manifestement alarmante et, nous paraissent également alarmantes les affirmations d'organismes réputés sérieux, tel « Eurostat » qui proclame que «les perturbations de l'homme sont à l'origine d'une détérioration des divers écosystèmes et exercent une pression insoutenable sur la biodiversité». Indéniablement, les activités humaines participent, notamment, à la production de gaz à effet de serre qui contribuent de facto au réchauffement climatique et à ses conséquences du type « El Niñô », mais un peu de réalisme nous fera admettre que de nombreuses espèces ont été victimes d'extinction, bien avant l'apparition de l'homme et bien d'autres encore, avant l'avènement de l'industrialisation.
L'Humanité classée
« vulnérable » ou « en danger » ?
Nous acceptons toutefois l'argument qui expose que les activités humaines ont certainement accéléré le processus de détérioration des écosystèmes pour favoriser un développement technologique et économique, sur le fondement d'une impérieuse nécessité justifiée par l'accroissement exponentiel de la démographie mondiale, assorti de la volonté légitime de toutes les populations d'accéder à la sécurité alimentaire et à toutes les technologies.
Nonobstant, l'espèce humaine nous paraît mériter mieux que ces oukases qui la stigmatisent, la culpabilisent, par ceux-là mêmes qui semblent tirer les plus forts bénéfices des activités qualifiées de destructrices et qui n'y apportent pas de solutions. Régulièrement, sous l'égide de l'ONU, est organisée une Conférence des Parties (COP) dont la 22ème édition se déroulait à Marrakech. Nul doute pour ce qui concerne la volonté des 197 participants de chercher à maîtriser les effets des activités qui contribuent aux émissions de gaz à effet de serre, mais, en méconnaissant l'existence de solutions idoines, les mesures prises pour tenter d'atteindre des objectifs moyennement satisfaisants, consistent à « appuyer simultanément sur le frein et sur l'accélérateur» pour défendre une posture écologique, tout en ménageant le développement des industriels.
Le réchauffement climatique est un fait. Ses effets se matérialisent par des conséquences désastreuses, en premier lieu, le risque de pénurie de l'eau potable, élément primordial, vital par excellence. Certes, une abondante pluviométrie récente paraît suffire à remplir les barrages et temporiser le déficit, mais les experts chargés de l'Environnement ou de l'Eau et ceux de l'Office National de l'Eau Potable aussi bien que les Entreprises chargées de délégations de services publics, ne peuvent ignorer que cette accalmie est temporaire. Dès l'apparition des mois dits « chauds », le coefficient d'évaporation, très important, fera disparaître des milliards de mètres cubes du précieux liquide.
A ce phénomène physique de l'évaporation des eaux de surface des retenues des barrages, s'ajoute la sédimentation provenant de l'érosion des bassins versants qui produit l'envasement des mêmes barrages réduisant ipso facto leur contenance. Les eaux souterraines n'échappent pas davantage à la double problématique de la concurrence des prélèvements très importants destinés à l'irrigation agricole et des risques de contamination résultant de l'utilisation intensive des intrants chimiques par une agriculture productiviste, qui expose tout autant les entreprises qui exploitent commercialement des sources d'eaux minérales,
A propos de la surexploitation de la nappe, il n'est pas indifférent de signaler, parmi une abondante littérature, « l'Étude de l'évolution de l'intrusion marine dans l'aquifère de la Chaouia côtière »(*) qui alerte sur le risque de salinisation des eaux souterraines qui, à terme, les rendraient impropres à la consommation.
Par la Loi sur l'eau n° 10-95, le législateur a introduit et confirmé la nécessité d'établir des périmètres de protection des points de captage, mais ce dispositif qui instaure trois catégories d'espaces dits « immédiat » « rapproché » ou « éloigné » aussi volontariste qu'il soit, atteint ses limites et force est de constater que certaines populations sont d'ores et déjà dans un contexte de rationnement avec un accès limité à l'eau potable.
La société civile et les abeilles : même combat !
S'appuyant sur le socle particulièrement pertinent de la Loi 99-12 du 6 mars 2014, portant « Charte pour la protection de l'environnement et du développement durable », le groupement associatif FP4S, soutenu par votre journal «L'OPINION», n'a de cesse de partager une information sur l'existence d'une solution propre à résoudre la majorité des problématiques relatives à la ressource hydrique et à solliciter toutes les autorités compétentes pour les inviter à s'intéresser à cette solution efficace, économique et pérenne qui a vocation à réduire significativement les prélèvements de la nappe et, en certaines occurrences, de favoriser la recharge artificielle de la nappe, de réduire, voire d'éradiquer le recours aux intrants chimiques (herbicides, nématicides, insecticides, fongicides, etc.) souvent très toxiques, réputés perturbateurs endocriniens pour l'Homme, et particulièrement coûteux.
En avant-propos, nous avons évoqué quelques généralités concernant la protection des espèces ; curieusement, nous n'avons pas relevé de convention qui impose la protection de l'entomofaune pollinisatrice, parmi laquelle figure, en premier lieu, l'abeille, victime emblématique des insecticides de la catégorie des néo cotinoïdes.
L'abeille est un maillon essentiel de la biodiversité et de la chaîne alimentaire, indispensable au fonctionnement des écosystèmes et agro-systèmes. La survie ou l'évolution de plus de 80% des espèces végétales dans le monde dépendent des abeilles et, pourtant comme l'Humanité, elles ne bénéficient d'aucune Convention onusienne protectrice, concernant les pesticides.
Le groupement associatif FP4S et votre journal ont, au titre de leur contribution comme membres de la société civile, lors de la COP 22, soutenu « LA » solution qui assurera à la population marocaine et à ses enfants la sécurité alimentaire et l'accès pérenne à une eau véritablement potable et, ce faisant, participeront à la résilience des écosystèmes qui favorisera la survie de nos abeilles garantes de la survie de l'Humanité.
(*) S. Najiba, A. Fadilia, K. Mehdia, J. Riss du Laboratoire Géosciences Marines et Sciences du Sol (LGMSS), Faculté des Sciences, Université Chouaïb Doukkali à El Jadida - décembre 2015 - Scientific Association for Water Information Systems - Journal of SAWIS)
*Président du Groupement Associatif FP4S


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