L'ensemble des pays du Maghreb dispose d'importants potentiels en matière d'ER, toutefois, ils sont très différents en ce qui concerne la représentation des principales économies exportatrices d'énergie (Algérie, Libye), d'une part, et importatrices d'énergie (Maroc, Tunisie), d'autre part. L'ensemble des pays du Maghreb a d'importants potentiels d'énergie solaire (photovoltaïque (PV), énergie solaire concentrée (ESC)) et d'énergie éolienne (sur terre ferme et en mer). L'énergie solaire (PV) a un grand potentiel dans la combinaison énergétique future du Maghreb, du fait de la grande disponibilité de ressources ; l'énergie solaire (ESC) a un potentiel important, en particulier si les coûts continuent de baisser ; l'énergie éolienne (sur terre ferme) a un grand potentiel, du fait de la compétitivité des coûts dans les pays du Maghreb disposant d'importantes ressources éoliennes. La production d'énergie éolienne (en mer), quant à elle, demeure coûteuse, mais renferme un potentiel futur, dès lors que les économies soutiendront une comparaison plus favorable avec les solutions technologiques alternatives disponibles, et a un potentiel d'application à large échelle sur les marchés pris individuellement. Les avantages de l'énergie solaire (PV) sont comme ci-après : grande fiabilité, pas de pièces mobiles ; installation et démantèlement rapides ; solution appropriée pour les zones reculées (Conseil mondial de l'énergie, 2013). Les avantages de l'énergie éolienne sont, quant à eux, comme ci-après : technologie simple, installation et démantèlement rapides des installations sur terre ferme ; pas de coûts de combustibles ou de coûts liés aux déchets ; solution propre pour les zones reculées. Ses désavantages sont cependant les suivants : intermittence, difficulté d'intégration des réseaux et dépendance vis-à-vis des subventions (Conseil mondial de l'énergie, 2013: 18). Le Maroc est le pays le plus avancé d›entre les pays du Maghreb en termes d'énergies renouvelables, du fait de sa forte dépendance vis-à-vis des importations d'énergie. Il bénéficie d'une situation avantageuse et stratégique au coeur d'une plaque tournante de l'énergie et du raccordement avec le réseau électrique espagnol. Le potentiel éolien est, selon les estimations, de l'ordre de 25 GW (actuellement d'environ 2 GW). Le potentiel solaire est estimé à 2600 KWh/m2/an. L›on prévoit à l'horizon 2020 la production de 2000 MW d'énergie éolienne et de 2000 MW d'énergie solaire. Dans l'état actuel de la combinaison énergétique, 30 % de l'énergie est produit par l'ensemble des technologies d'ER (y compris les technologies de production d'hydroélectricité, d'énergies éolienne, solaire et géothermique) ; seulement 4 % de la combinaison énergétique est produite par les énergies éolienne et solaire en particulier (3,6 % pour l'énergie éolienne, moins de 1 % pour l'énergie solaire). L'on s'attend à ce que la part des énergies éolienne et solaire s'accroisse jusqu'à 15 % à l'horizon 2020. Le Maroc produit actuellement environ 6135 MW par an (2012), dont environ 222 MW, grâce à des parcs d'éoliennes (3,6 %) et environ 60 MW par le biais de sites de production d'énergie solaire (moins de 1 %). La Tunisie manque également de ressources naturelles d'hydrocarbures, et est, en conséquence, tributaire des importations d'énergie. Environ 20 % de la fourniture d'énergie tunisienne totale sont importés principalement d'Algérie. Mais, la Tunisie dispose d'abondantes ressources en énergies renouvelables (éolienne, solaire, biomasse, hydroélectrique). Toutefois, le secteur des ER n'est pas encore très développé. Dans la combinaison énergétique actuelle, les énergies éolienne et solaire représentent moins de 1 %. L'objectif est d'atteindre 5 % dès 2016 et 30 % à l'horizon 2030. Ce taux de moins de 1 % des ER correspond à environ 39 GWh d'énergie éolienne, produite principalement par deux parcs d'éoliennes (Bizerte et Sidi Daoud) et environ 38 GWh d'hydroélectricité. L'ensemble des parcs d'éoliennes produisent conjointement environ 6 % des besoins d'électricité nationaux, avec environ 245 MW de capacité installée. Les cibles pour la part d'énergie éolienne dans la combinaison énergétique sont de 485 MW en 2016, 850 MW en 2020 et 1725 MW en 2030. La plupart des projets d'énergie solaire demeurent en cours de construction ou sont à la phase de planification. L'Algérie, pour sa part, est un pays riche en hydrocarbures et est le principal exportateur d'énergie fossile parmi les pays du Maghreb (98 % des exportations algériennes sont gazières et pétrolières), ce qui entraîne une forte dépendance vis-à-vis des cours du gaz et du pétrole sur le marché mondial. Mais, l'Algérie possède également d'abondantes ressources solaires, avec un potentiel d'ER économique de 170 000 Twh/an d'énergie thermique solaire. Le potentiel éolien est, à l'inverse, relativement minime. Actuellement, les énergies solaire et éolienne représentent moins de 1 % de la combinaison énergétique (contre 93 % pour le gaz naturel), ou 3,7 % d'ER, y compris les énergies solaire, éolienne et hydroélectrique. Ces données montrent que la combinaison énergétique est très déséquilibrée. L'objectif est d'accroître la capacité de production de modules photovoltaïques de 200 MW/an. La cible pour 2017 est de 5 % d'ER dans la combinaison énergétique (750 MW) et de 20 % à l'horizon 2030 (70 % d'ESC, 20 % d'énergie PV et 10 % d'énergie éolienne). L'objectif est de parvenir à 40 % d'ER (37 % d'énergie solaire et 3 % d'énergie éolienne) de la production d'électricité à l'horizon 2030. Ceci pourrait impliquer la réalisation d'environ 22 000 MW de capacité installée à l'horizon 2030. La capacité installée totale actuelle est de 8500 MW (soit 40 000 GWh), dont la capacité installée d'ER n'est que de 250 MW (principalement l'hydroélectricité). La plupart des projets solaires demeurent en cours de développement. La Libye est également un pays riche en hydrocarbures. L'essentiel des ressources pétrolières et gazières du pays est exporté et seul un petit pourcentage est utilisé aux fins du marché national. Le bilan énergétique présente un grand excédent. Les énergies renouvelables (éolienne, solaire) représentent moins de 1 % de la combinaison énergétique et ne constituent assurément pas une priorité dans la politique énergétique de la Libye. Toutefois, le pays a un potentiel considérable en matière d'énergies solaire et éolienne et pourrait même devenir un acteur régional dans ce secteur, aux côtés de l'Algérie. Le plus grand potentiel solaire de la Libye est situé dans le désert du Sahara, avec 53 000 GW (contre un potentiel de 63 000 GW en Algérie), tandis que le potentiel éolien est très élevé dans les zones côtières (6 à 7,5 m/s à une hauteur de 40 m). Actuellement, la demande d'électricité moyenne est de 6000 MW. La part des ER pourrait être d'environ 54 MW (produite par deux projets d'énergie solaire prévus). La capacité installée ciblée d'énergie éolienne est de 260 MW, mais les projets ont été interrompus. L'on s'attend à ce que la population libyenne double quasiment à l'horizon 2050 (passant de 6 millions à 10 millions d'habitants) et que la demande d'énergie soit bien plus que le double de son niveau actuel et augmente de 20 TWh/an (2005) à 50 TWh/an (2050).