Les films de vulgarisation vont marquer une période des activités du cinéma du Maroc. Commandités par les départements vitaux tels que la santé, le tourisme, la pêche, les mines, l'éducation, l'agriculture, ces films étaient réalisés par les techniciens du C.C.M. qui, parcourant toutes les régions du Maroc, finissaient par acquérir une véritable expérience sur le terrain. Le rôle assigné au cinéma sera transféré à la télévision au cours de la décennie 70 quand cette dernière finit par gagner amplement le champ audiovisuel marocain. La fonction qui incombait au C.C.M. en matière de vulgarisation est sitôt reprise par la télévision jugée rapide, efficace et bon marché. En même temps, on assista à l'émergence d'un cinéma portant des visions de plus en plus personnelles portées par des cinéastes fraichement formés à l'étranger, un cinéma qui va progressivement rompre avec "la vulgarisation". Ainsi furent "Tarfaya ou la marche d'un poète", groupant Tazi, Rechiche et Bouanani, de même que "Foret", "Al Boraq","Six et douze" et "Mémoire 14", où les mêmes cinéastes précités conjuguent à nouveau leurs efforts, suivis dans l'élan par Abdellah Bayahia, auteur dans un esprit similaire de "Sentiers perdus". Tous ces films, à défaut de prix, reçurent un accueil favorable dans les festivals internationaux. Quant aux années 80, elles vont connaitre un certain déclin par rapport aux deux décennies précédentes, tant au niveau quantitatif que qualitatif. Très peu de films sont produits à cette période. La création entre en crise. Certes par manque d'imagination, les cinéastes se réfugient dans le cinéma ethnographique. Les films tels que "Agrégats", "Sadati Aissawa", "Corps et âmes", "Trithérapia", appartiennent à cette tendance. Conscients de ce cette léthargie que subit le court métrage, une nouvelle loi est promulguée visant la promotion de cette catégorie de films. Désormais, la réalisation de trois courts métrages est une voie obligée pour l'obtention de cartes professionnelles. Du coup, le court métrage est réhabilité dans son estime. Il retrouve le nombre et la qualité. La nouvelle génération de cinéastes va en faire sa pierre de lance en réalisant des films à la base de thèmes originaux où technique, création et imaginaire s'emmêlent au profit du coup métrage marocain.