A l'occasion de la 11ème édition de la nuit des galeries initiée par le ministère de la culture, la Galerie Alif- Ba abrite une exposition collective des œuvres picturales d'une grande valeur créative. Cette exposition met à l'honneur l'univers artistique au pluriel et invite les férus d'art à la découverte d'une série de toiles impressionnantes, tous thèmes et styles confondus. Dans ce contexte, Hossein Tallal, artiste de renom, nous a confié : «Dans le cadre de la Galerie Alif Ba créée par Chaïbia en 1982, on a œuvré pour l'ouverture sur des sommités artistiques à l'échelle internationale dans le but de mener à bien une synergie entre les créateurs d'ici et d'ailleurs. Loin de toute ressemblance ou répétition stéréotypée, ma peinture, comme écrivait Denise Divrone, critique d'art, est une peinture d'évasion aux frontières de l'art figuratif, une interprétation subjective de la réalité objective. L'art ne peut être réalisé s'il n y a pas de création au sens plein du terme. J'estime que cette création se nourrit de l'esprit de liberté et de sincérité. L'art également est le rapprochement entre les peuples. Dans cette optique, je voudrais bien citer ce que disait SM le Roi Mohammed VI dans son discours adressé à la Nation à l'occasion du 59ème anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple, lundi 20 août 2012 : «La culture constitue de nos jours un levier fondamental pour la création, l'innovation, le ressourcement spirituel et l'affirmation de la personnalité nationale. Elle est le catalyseur qui dynamise notre société, une société aussi fière de ses affluents pluriels et de sa civilisation séculaire, qu'elle est attachée à sa diversité et à son ouverture sur le monde. ». Et d'ajouter : « On a une très bonne école, parce qu'elle est diversifiée : il y a les naïfs, les abstraits, les figuratifs, les installateurs, les photographes ...etc. Cette diversité relève de la lumière fascinante du Maroc qui a beaucoup inspiré les maîtres de la peinture, en l'occurrence Delacroix, Matisse et Majorelle. C'est une école vivante. Maintenant, nous sommes très heureux que les gens commencent à s'intéresser à la peinture et aux artistes. Je pense que c'est grâce à SM le Roi Mohammed VI qui a donné une impulsion et une vie à l'art au Maroc. A mon sens, on ne peut pas parler d'une peinture proprement marocaine. Il s'agit d'art contemporain qui se veut universel. De par sa position historique et géographique, le Maroc a été et sera toujours un carrefour où foisonnent différentes tendances et expériences, ce qui représente un grand moment de partage et d'enrichissement. ». Amie de tous les artistes et commissaire des expositions de la Galerie Alif-Ba, Rabia Aroussi donne le bon exemple de la gestion rationnelle des affaires artistiques menées avec sensibilité et professionnalisme. Humble et réaliste, elle a été engagée en 1982 par la grande artiste Chaibia en tant que manager culturel de cet espace pilote au Maroc. C'est une force tranquille qui cherche la fraternité dans l'art de vivre et de partager. Elle a été parmi les acteurs qui ont contribué avec humilité au grand succès rencontré par les expositions – événement des œuvres passionnantes d'un parterre distingué d'artistes d'ici et d'ailleurs : Cabot, Bertholo, Osa Sherdin, Natasha Pavel, Brach, Bozzolini, Bonalumi, Daleffe, Pierbo, Trousselle, Bertholo, Polak, Michel Gills, Arango, Cordero, Hadad, Taillandier, Teyssier, Dacher, Hajeri, Eli Heil, Kiropol, Larus, Macreau, Bernard Leijs, Mao, Nitkowski, Picciotto, Serrano, Taillandier, Wata, Murua et bien d'autres encore. Cartographie des styles et tendances, ces expositions révèlent la diversité des thèmes et la qualité des œuvres qui reflètent les préoccupations esthétiques majeures de la galerie. Il s'agit d'un grand moment de découverte et de consécration qui nous incite à encourager la singularité créative en mettant le public en contact avec les formes diversifiées de l'art contemporain. En tant que commissaire, Rabia Aroussi a marqué aussi par son sens d'organisation et de relations publiques toutes ces expositions y compris celle initiée par l'Association Azouhour pour l'Art et le Patrimoine en collaboration avec le Forum Régional de la Culture et du Développement : Une première initiative civile au Maroc en termes de reconnaissance et de gratitude dont la demeure allégorique est la galerie Chaïbia à El –Jadida. Cet acte symbolique a été marqué par une grande exposition illustrant le parcours de la défunte à l'échelle internationale via des documents d'appui :70 affiches des expositions à l'étranger et coupure de presse dans des journaux et magazines de renom et épisodes d'une série biographique publié en arabe par l'écrivain journaliste Mohamed Fansaoui au journal « Assahrae Almaghribia ». Cet événement phare au Maroc a été marqué également par un colloque mettant l'accent sur le parcours de Chaïbia ( 1929-2004) animé par un parterre distingué de grands chercheurs et personnalités éminentes : Ahmed Jaridi, Benyounes Amiriouch et Ahmed Fassi. Le programme a été ponctué aussi par des ateliers artistiques au profit des enfants encadrés par des artistes professionnels dont la source d'inspiration est les œuvres singulières de Chaïbia, soirées poétiques avec la participation des poètes et paroliers qui ont écrits avec passion des poèmes dédiés à la mémoire tatouée de Chaïbia, femme et figure artistique de proue. Un consistant livret artistique bilingue ( français et arabe)a été distribué à cette occasion comportant le texte de référence de l'historienne d'art de renom Osire Glasier (« Dictionary of African Biography » publié par la prestigieuse Oxford University Press- New York), des extraits des textes critiques de Luis Marcel ( fondateur et conservateur du musée « Art en marche »), Cérès Franco( critique d'art), Corneille ( artiste, mouvement COBRA), André Laude (poète et écrivain). L'expression symbolique de l'ouverture de cet espace en 1982 (46, rue Omar Slaoui, Casablanca) repose sur la programmation d'un cycle varié d'expositions temporaires et permanentes valorisant une pléiade d'artistes, connus et reconnus pour leurs parcours originaux et leurs sensibilités créatives. A titre de rappel, le nom de Rabia Aroussi demeure indissociable de la Galerie Alif-Ba qui a été créée en 3 mars 1982 par Hossein Tallal et feu Chaibia. Cette galerie exemplaire a mené à bien depuis de nombreuses années des activités artistiques (expositions dont le nombre est plus que 40 ) avec une évidente volonté d'originalité, de diversification et d'ouverture au-delà des frontières et des genres. Son espace a exposé une pléiade de peintres nationaux et internationaux Le cadre de la galerie tranche par son caractère baroque et Tallal qui est un expert en meubles anciens l'a décoré comme un lieu davantage privé que public, lui conservant une configuration en petites pièces plutôt qu'en un espace vaste et unique, d'où une plus grande possibilité d'exposition et de mise en valeur de nombreux formats.