Durant les années 40, de nombreux courts métrages furent réalisés au Maroc. Les plus marquants sont ceux conçus par deux cinéastes venus de France. Il s'agit de Jean Fléchet et Louis Malle, envoyés par l'IDHEC pour effectuer un stage qui consiste à réaliser des films documentaire sur les barrages et l'eau. Sitôt les films achevés Malle regagna la France pendant que Fléchet préféra rester au Maroc en vue de découvrir le pays et ses hommes. Il y séjourna de longues années. Il reçut même une commande des studios Souissi, pour la réalisation de quatre courts métrages en 1954. Les quatre films avaient pour titres "L'épreuve de Driss", "Le poulet", "Le puits" et "Le trésor caché" dont les sujets s'inspirent de légendes et contes marocains ou carrément de la littérature française comme c'est le cas du "Trésor caché" basé sur la fable de la Fontaine "Le laboureur et ses enfants". Fléchet fit appel à une pléiade d'acteur de théâtre de Casablanca et Rabat et Fès rodés sur les planches notamment Bachir El Alj, Ahmed Tayeb El Alj, Tayeb Saddiki, Salim Barrada, Larbi Doghmi, Mohamed Said Afifi et Mohamed Hammad Lazraq. Parmi eux une jeune comédienne du nom de Khadija Kanouni devenue Khadija Jamal. Les dialogues de ces films sont tellement familiers qu'ils permirent une réelle identification de la part du public marocain, féru de voir enfin son image à l'écran, venu nombreux suivre ces projections par le biais des caravanes cinématographiques. Au lendemain de l'indépendance, le Maroc va se retrouver seul à affronter les maux de toute sorte et de toute une société. Depuis, le cinéma est utilisé comme outil de vulgarisation par le Centre Cinématographique Marocain (C.C.M.), dont le principal souci est de produire des films documentaires et de fiction à caractère social et éducatif. de films destinés directement aux citoyens. En plus de la disponibilité de cinéastes marocains autodidactes, tels Larbi Benchekroun et Ahmed Mesnaoui, l'établisssement comptait encore quelques rescapés de l'époque coloniale prêts à revivre cette expérience. René Verzier, Jean Archimbaud, Michel Clarence, Jean Masson, Richard Chenay sont parmi ceux-là. Pour renforcer les cinéastes devant assurer la relève, des bourses sont accordées à de jeunes recrues désireux d'étudier le cinéma à l'IDHEC. C'est dans cette école de prestige que va être formée toute une génération de cinéaste dans diverses spécialités principalement à l'image, au montage et à la réalisation, avant de rejoindre le C.C.M., seul organisme à l'époque à accueillir de telles compétences.