Ecrire, c'est se noyer sans mourir, se laisser bercer sans dormir, se baigner pour resurgir, vivant sans être moribond. C'est peut être s'engager sans risquer, nager sans se mouiller et planer au dessus d'altitudes inhabituelles sans s'envoler, errer dans une orbite d'idées, voyager dans le temps et l'espace à la conquête d'autres mondes. Ecrire, c'est rêver pour un moment afin de renaître différemment, vivre tout un enchantement, s'endormir à moitié pour revivre l'élan de la rêverie et l'alchimie de la transposition littéraire, c'est plaider une et plusieurs causes à la fois, en s'enivrant de poésie ou de prose, en voyant miroité mille choses tantôt grises, tantôt moroses, voire fantastique. Connaître aussi de multiples états, des vibrations extra-internes, des sensations, des impulsions spontanées auxquelles aucune signification précise ne peut être appliquée, impression fugitives; décodées et converties à une forme ou une représentation écrite, elles peuvent prendre la forme d'un poème; d'une nouvelle, d'un roman ou d'autres genres littéraires. Ecrire, c'est à la fois une nécessité et une satisfaction, pour certains a priori. Cet acte demeure un besoin urgent de s'extérioriser, de se mettre en contact avec autrui, en narrant d'étranges choses sans être interrompu, ni arrêter l'élan des autres, ni freiner leur curiosité, cela introduit une possibilité de substitution, résurrection des moments d'impulsivité, de véhémence, vécue par l'auteur lors de sa veine créatrice; créant pour le lecteur l'occasion de s'intégrer à sa profondeur. C'est de même un plaisir ineffable ressenti dès l'achèvement de l'écrit, le fruit d'une intense réflexion résultant d'une forte concentration. - L'acte d'écrire mûrit dans le temps inégal, dans un espace clos, attrayant, à l'abri de toute morosité ou nocivité externe habituelle et quotidienne. Ce sont là les considérations raisonnées d'un autodidacte qui se voit entraîner par une force invisible, inexplicable vers un ardent désir, l'écriture. Après avoir pratiqué, l'art plastique, cette forme d'expression qui suscite l'intérêt et réclame à son tour une profonde imprégnation de l'art pictural, des formes et des couleurs. - Ecrire c'est beaucoup dire, car long à expliquer. Maints spécialistes se sont penchés sérieusement sur le phénomène de la création littéraire, et le dernier mot leur revient puisqu'il s'agira d'inventer un monde en concurrence avec le réel. Que devons nous faire, autodidactes passionnés de l'écriture de ce désire ardent, d'emploi du mot qui communique avec l'autre, et ouvre un dialogue. Nous esquissons l'horizon des littérateurs. Toute fois, nous demeurons partisans de cette générosité du mot, sans que nous soyons illuminés, nous ne pourrons échapper au tourbillon du monde littéraire. De ce fait notre choc nous oriente vers ce destin, d'assurer la placidité d'intérêt ou l'indifférence des autres, méconnaissant peut être leurs considérations ou leur dédain, leurs extases ou le degré de leurs jouissances. Selon un adage marocain, le regard n'apaise point les transports de l'âme et les paroles ne cicatrisent guère une blessure. Devant cet état de fait, devons nous rester passifs, mordus d'écriture, d'exprimer nos pensées ? ... Un seul choix, semble t-il, s'impose; celui de suivre notre passion et en osant nous aurions essayé puis espéré. Avec cette attitude nous aurions simplifié la démarche et de cette hypothèse à la fois simple et rude, naît un modeste recueil de nouvelles: le fruit de longues réflexions et méditations, d'une large communion avec une société faite d'attraits, de contrariétés, d'effroi et de paradoxe.